Bon, cette fois, et c'est assez rare pour le signaler, Jarbinet ne m'a pas complètement convaincu.
Ce n'est pas pendant l'ultime offensive nazie dans les Ardennes, du côté de Bastogne et de la 101e aéroportée que l'essentiel de cet album se joue, mais dans un immense flask back, quelques années en arrière, dans le Midwest, en pleine Grande dépression, entre deux amis immigrés de seconde génération mis sur la paille par ces tempêtes de sable provoquées par l'effet conjugué de la sécheresse et de l'activité humaine, le dust bowl, dont j'ai appris l'existence à cette occasion. Et après, il y en a encore qui osent dire que l'homme n'est pour rien dans le réchauffement climatique. Bref !
Donc Jarbinet nous fait du Steinbeck et après tout pourquoi pas, ce n'est pas tant ça qui m'a dérangé que certains détails techniques qui m'ont un peu décontenancé.
D'abord, les deux amis d'enfance, Sebastian Leder et de Witte, se ressemblent beaucoup, beaucoup trop, ce qui nuit à la compréhension et incite au quiproquo. Au bout d'un moment, l'auteur a la bonne idée de mettre un stetson sur la tête de l'un, et un chapeau caractéristique à petits rebords sur la tête de l'autre, cela sauve un peu les meubles, mais bien tard à mon goût.
Pareil pour le frère pro-nazi de Sebastian, qui, heureusement, se barre assez tôt dans l'histoire pour aller jouer avec ses petits copains à croix gammée, ce qui nous promet une guerre fratricide dans le deuxième tome.
Il y a aussi des changements de lieu et d'action en milieu de page qui m'ont désorienté, et des passages un peu brumeux, comme le suicide à la carabine dans la station service : qui, pourquoi ? J'ai pas tout compris.
Bon, évidemment, en valeur absolue, ça reste très bien dessiné et les rapports entre personnages sont fouillés, comme toujours avec Jarbinet – encore que, là aussi, peut-être un peu moins que d'habitude.
Et pour introduire le second tome, ça finit par un magnifique... deus ex machina. Les deux amis d'enfance se font parachuter pile poil sur la ferme où leur copine l'aviatrice s'est réfugiée derrière les lignes ennemies après son crash (ça tombe bien, c'est elle qu'ils recherchaient, mais quel morceau de chance !), et sont accueillis par les tirs des nazis qui avaient repéré ladite aviatrice, commandés par... le frangin de Seb Leder. Youplaboum. le monde est petit, quand même !
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On démarre à Bastogne, comme toujours, pendant l'offensive américaine. C'est l'hiver en Ardenne belge, dont Jarbinet déroule le grand manteau blanc comme une fourrure de zibeline... Je m'égare...
On va d'abord suivre Tessa (Teresa), une pilote de chasse qui se fait descendre et commence à être poursuivie par les Allemands. On devine très vite qu'il y a quelque chose de personnel. Hasard des hasards... Jarbinet nous glisse qu'il y a 2 frères, Sebastian dans le camp US, Stefan dans le camp allemand. Et puis Thomas de Witte... le 4è de la bande. Soldat américain, il est connu pour être réfractaire, forte tête ou tête brûlée, indiscipliné. D'ailleurs, il a un sacré dossier militaire avec pas mal de visites chez le psy...
Une bande... oui... profond flashback de quelques années dans l'Amérique des perdants. L'Amérique des huissiers qui saisissent les fermes lors des mauvaises cultures. On voit Sebastian, Thomas, Stefan... puis Tessa arrive et c'est le coup de foudre pour Thomas. La dèche, les boulots de merde, et hop! c'est l'enrôlement, 50$ par mois, nourri, blanchi, logé.
Retour en Belgique... Sebastian et Thomas vont être parachutés, pendant que Stefan traque Tessa et se rapproche. Car malgré le dossier psy qui pend aux basques de Thomas, tout le monde sait à quel point il tient à Tessa. Si quelqu'un peut la sauver... c'est Thomas. Clap. Suite dans le second tome du récit.
J'aime bien Jarbinet. Ces histoires nous touchent au plus profond de nous car elles sont profondément humaines. On le savait à l'aise sur la guerre, les engins, les uniformes. On le découvre à l'aise et empathique sur le récit social, sur les laissés pour compte d'une société qui avance sans regarder derrière elle.
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Chaque tome d'Airborne 44 est une incroyable histoire humaine malgré cette sale guerre. C'est donc avec plaisir que je découvre le nouveau dyptique de cette série de Jarbinet qui comporte autant d'émotion aussi bien exprimée par un dessin sensible aux douces couleurs aquarelles.
Tessa, Tom et Seb sont trois américains qui se sont engagés dans l'aviation et dans la guerre. Ce tome s'attache surtout au chemin qui les amené là, dans ses cockpits bien loin de leur californie. Une rencontre et une amitié émouvante entre trois jeunes gens.
Jarbinet a ce talent incroyable pour faire passer ces émotions et nous faire participer à de petites aventures humaines qui deviennent de grandes histoires de guerre. Presque des petites anecdoctes en ces temps durs de 1944, où les tous les sentiments du genre humain semblent exacerbés.
Le dessin est toujours aussi beau et empreint d'une sensibilité qui concourt à faire de cette série une oeuvre pleine d'émotions. Je ne regrette qu'une chose, que nos deux héros soient si semblables graphiquement parlant. Tant qu'ils ont leur chapeaux différents ça va, mais dès qu'ils l'enlèvent je suis incapable de dire qui est qui.
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Un épisode de la série Airborne 44 qui introduit les relations entre Tessa, jeune aviatrice intrépide, et Tom et Seb, deux copains qu'elle a connu au pire de la grande dépression, lorsque, suite à la mort de son père, elle a fini comme eux à migrer vers la Californie y chercher un avenir meilleur.
En cet hiver 1944, alors que la contre attaque allemande dans les Ardennes est en cours, Tessa se fait abattre et atterrit de l'autre côté des lignes ennemies. Seb, et la tête brûlée qu'est Tom, vont être largués en parachute sur la région. L'occasion de tenter de la retrouver...
Mais en fait, l'essentiel de la BD est consacré à la crise de 1929, à ces fermiers jetés hors de leurs propriétés, car ne pouvant plus rembourser leurs prêts aux banques, à la misère qui touche les saisonniers, exploités en Californie comme ailleurs. Jarbinet revisite les Raisins de la colère.
L'album est toujours graphiquement réussi, mais toute cette histoire de relation à trois est un peu confuse et manque de souffle. La partie flash back s'étend trop sur le récit et du coup le retour en 1944 est abrupt. Peut être que cette présentation était nécessaire pour expliquer les relations entre les personnages. A voir dans le tome suivant de cette série.
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Avec Airborne, Philippe Jarbinet fait maintenant partie des auteurs qui comptent... Au dessin, il se lâche complètement et nous livre autant de partitions sur la guerre que de morceaux de bravoure.
Lire la critique sur le site : Auracan
Chaque album d'Airborne 44 est l’occasion d’une belle histoire, des plus joliment dessinées. Que souhaiter de plus ?
Lire la critique sur le site : BDGest
-L'idée d'envoyer des jeunes gens à la mort ne me plait pas du tout.
-Tu as survécu rn 1918. C'est peut être pour qu'ils aient une chance de survivre qu'oncle Vince te propose de partager ton expérience.
-Mon expérience? J'ai eu de la chance... c'est tout. Tu ne sais rien de la guerre, ma fille. On y meurt très vite et très mal.
Une mauvaise récolte, un emprunt pour faire face, une autre mauvaise récolte et la banque qui saisit nos terres. On est en Amérique, patrie de la propriété et du marche ou crève.
Sans compter que la guerre est un moyen très simple pour remettre tout le monde au boulot. La moitié des chômeurs va fabriquer les armes que l’autre moitié va utiliser…
Tu ne sais rien de la guerre, ma fille. On y meurt très vite et très mal.
Philippe Jarbinet nous présente sa série emblématique « Airborne 44 » ! Elle sera présentée à l'occasion du Parcours BD du Cabaret vert qui aura lieu du 15 au 18 août !
Le double volume des tomes 3 et 4 de la série est en librairie !