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EAN : 9782070708680
152 pages
Gallimard (11/02/1987)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Aborder le partage par cette question : "Qu'est-ce qui m'appartient ?"
Bilan d'une vie, entérinée par la mort.
Tout ce qui est n'a d'autre existence que celle que lui octroie le partage.
Un bien scellé est un bien perdu.
Donner, s'offrir pour, en retour, recevoir, d'autrui, un don d'égale importance serait, à première vue, le partage idéal.
Mais le Tout est-il partageable ?
Un sentiment, un livre, une vie peuvent-ils se part... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Incipit : « Très tôt, je me suis trouvé face à l'incompréhensible, à l'impensable, à la mort.
Depuis cet instant, j'ai su que rien, ici-bas, n'était partageable parce que rien ne nous appartient...
Il y a, en nous, une parole plus forte que toutes les autres – plus personnelle aussi. Parole de solitude et de certitude, si enfouie dans sa nuit, qu'elle est à peine audible à soi-même. Parole du refus mais, également, de l'engagement absolu, forgeant ses liens de silence dans l'abyssale silence du lien.
Cette parole ne se partage pas. Elle s'immole. »

Excipit : « "Le livre du partage, disait-il, n'est peut-être que le livre d'une espérance partagée des mots dont l'aube et le crépuscule – ô clarté de toute clé – furent l'éveil et le terme."
De l'ardeur d'un premier feu au défigurement d'un feu agonisant, nous aurons, avec des mots luisants, borné l'abîme. »


De cette seconde rencontre avec un ouvrage de Jabès, je ressors avec le sentiment de mieux saisir l'architecture complexe de son expression – ici, le thème de l'impossibilité du partage, après avoir été annoncé dans l'incipit, n'est explicité que dans un long texte en italiques de l'avant-dernier chapitre, intitulé « Pages brûlées », puis dans quelques fragments dont celui de l'excipit –, d'être donc moins surpris par sa prose poétique si singulière où se succèdent et s'alternent l'aphorisme, le dialogue et la citation imaginaires, quelques courtes narrations, des récits bibliques et des esquisses d'exégèse sur la judaïté et son Dieu (ou l'inverse) ; j'ai le sentiment de retrouver des thèmes de prédilection qui constituent l'une des formes des répétitions présentes dans l'oeuvre, l'autre servant sans doute pour simplement marquer des bornes provisoires autour d'une idée ; la poétique de l'auteur, c'est-à-dire la dialectique entre le poète et le penseur, me paraît aussi plus claire – peut-être parce qu'explicitée par moments.
En contrepartie, ou peut-être par conséquent, ce début de familiarité m'a provoqué une plus grande désinvolture à ne m'attarder que sur les fragments qui résonnaient instantanément avec mes propres préoccupations, en survolant sans scrupules les autres. Au fil des pages, sans surprise, je me suis reconnu dans l'attirance pour ce qui a trait à la Parole, à l'Expression, à l'Acte d'écrire, et repoussé par tout ce qui convoquait, de près ou de loin, la Mort, le Feu destructeur, les Limites, les Seuils, et Dieu, naturellement.

Parmi les nombreuses cit. que je ne vais pouvoir m'abstenir de recopier pour mémoire, il y a le cas curieux que voici : « Parenté entre deux langues. La part entée. » (p. 61). J'aime beaucoup « la part entée », mais, bien que ce soit peut-être plus banal, j'ai longtemps eu envie de lire aussi « la part hantée »...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Il disait enfin : "On ne peut se servir que de mots connus ; c'est pourquoi tout livre que l'on écrit est un livre déjà lu."
Et il ajoutait : "Écrire est, peut-être, désespérément détruire le même ouvrage, obsédé par le livre que l'on ne fera jamais." » (p. 137)
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« Nous sommes pour la vérité ; mais si ce pour, afin de nous conforter dans nos pensées et dans nos actes, s'adressait moins à la vérité qu'à nous-mêmes, détenteurs présumés de cette vérité ?
Il vaudrait mieux, alors, dire : Nous sommes aux côtés de la vérité, comme on est tout près de ce à quoi l'on croit, sachant pertinemment que toute croyance n'est jamais que reconnaissance de soi, à travers ce qui donne un sens à la vie.
Une vérité comme justification d'une vie, en somme. » (p. 28)
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« La langue écrite est-elle une langue, à la fois, hors et dans la langue ; qui, d'une langue commune, dégage une langue à soi et porte celle-ci au-delà de la langue où elle se retrouve seule, face à l'infini mais toujours au cœur du langage dont elle a exploré toutes les possibilités ?
On parle à ceux qui vous parlent ; on écrit dans la solitude où le mot vous a rejoint.
C'est, sans doute, à cette confrontation de deux solitudes que la parole écrite doit sa singularité. » (p. 50)
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« Le fini : tout ce qui n'est plus.
L'infini : tout ce qui est plus. » (p. 44)
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« Arguments à l'appui, chaque page d'écriture s'efforce de persuader la suivante de la nécessité de la prolonger. Un livre n'est qu'une série d'acquiescements réciproques. Mais à quoi attribuer le pouvoir de persuasion d'un mot ?
- Peut-être à l'intensité de son silence. » (p. 94)
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Videos de Edmond Jabès (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edmond Jabès
La BIS est heureuse de pouvoir mettre en ligne et de rendre ainsi accessible au public le film documentaire "Edmond Jabès" réalisé par Michelle Porte (https://film-documentaire.fr/4DACTION/w_liste_generique/C_1278_F), grâce à l'autorisation qu'elle nous a généreusement fournie.
Cette diffusion intervient dans le cadre de la série "Le livre en question" (https://www.bis-sorbonne.fr/biu/spip.php?rubrique252), ces interventions libres confiées à des écrivains ou des artistes que la BIS invite à créer à partir des collections de la bibliothèque. La série se place sous le patronage spirituel d'Edmond Jabès en voulant faire jouer les renvois multiples d'intertextualité que forme et suscite une bibliothèque, lieu des livres, réservoir des auteurs, et assemblée mouvante de lecteurs revisitant perpétuellement les textes.
Ce film de 56 mn réalisé en 1989 donne à voir une série d'entretiens entre Edmond Jabès et la réalisatrice dans lesquels s'insèrent des extraits du "Livre des questions", le grand oeuvre de Jabès. le film est à la fois une initiation à l'oeuvre et un portrait d'écrivain et d'homme, comme la quasi-totalité des réalisations de Michelle Porte qui a consacré son oeuvre à ces portraits de créateurs : Marguerite Duras, Virginia Woolf, Christian Boltanski, Françoise Sagan, Annie Ernaux...
À cette occasion, Michelle Porte a également remis à la bibliothèque le texte du film.
+ Lire la suite
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