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EAN : 9782072794674
128 pages
Gallimard (18/10/2018)
3.79/5   14 notes
Résumé :
"Ô France, France ! relève ton front altier, et n'inspire point à tes voisins le sentiment de la pitié. Que le peuple, les parlements et le roi ne forment qu'une même famille, et la Nation reprendra bientôt sa première splendeur". Olympe de Gouges (1748-1793) dénonce les inégalités et les barrières, tant économiques que sociales et politiques, à la veille de la Révolution française. Consciente du pouvoir des mots, elle livre - à travers brochures et affiches placard... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ces textes publiés par Olympe de Gouges entre 1788 et 1789, juste avant la Révolution française, n'ont pourtant rien de révolutionnaire, à plusieurs titres.

Tout d'abord, même si Olympe de Gouges est surtout connue pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, on ne retrouvera ici rien de féministe. D'ailleurs, quand elle imagine les premières sociétés dans le Bonheur primitif et présente ces débuts de l'humanité comme un âge d'or, c'est une organisation patriarcale qu'elle décrit, où les femmes ne jouent qu'un rôle très secondaire.

De plus, Olympe de Gouges se montre sensible à l'atmosphère prérévolutionnaire de son époque, mais pour s'en inquiéter. Elle déplore la misère du peuple, reproche aux nobles leur obstruction, mais présente une éventuelle révolution comme une catastrophe épouvantable et purement destructrice, ne tarit pas d'éloges sur Louis XVI et ne cesse de rappeler qu'il ne faut pas que le peuple ait des aspirations qui ne conviennent pas à sa condition. Ainsi, toujours dans le Bonheur primitif, elle affirme qu'une éducation trop soignée est préjudiciable aux élèves d'origine modeste, qu'elle n'en fait que des mauvais sujets, et qu'il vaudrait bien mieux qu'ils se contentent d'apprendre le métier de leur père ! (J'y vois aussi quelque chose de symptomatique de la psychologie de l'autrice, qui est la fille naturelle de l'écrivain Pompignan : si les talents sont en quelque sorte héréditaires, sa naissance illégitime lui confère une légitimité à appartenir au monde des lettres, alors qu'elle peine à se faire reconnaître comme autrice)
On peut considérer qu'elle n'a pas tout à fait tort de redouter les excès d'une révolution, mais on est loin de l'image de la pasionaria qu'on a parfois construite. Et les solutions qu'elles proposent frisent le ridicule : elle appelle les Français à un impôt volontaire ! Et elle explique que cela peut paraître étonnant mais correspond finalement bien à l'esprit français. On se pince… Et on a l'impression alors que tournent à vide tous les clichés de la rhétorique du XVIIIe siècle, mêlant enthousiasme démesuré et mièvre naïveté.

Enfin, quand elle s'essaie à la philosophie, là non plus, Olympe de Gouges n'offre rien de révolutionnaire. En effet, quand elle imagine les origines de la société dans le Bonheur primitif, il s'agit clairement d'une variation sur la pensée rousseauiste. Mais alors que l'on sent chez Rousseau une profonde réflexion théorique derrière cette reconstitution des premiers temps de l'humanité, Olympe de Gouges semble développer une pensée assez superficielle et contradictoire. Cela se voit notamment dans la façon dont elle imagine comment la société a très rapidement dégénéré et perdu ce « bonheur primitif », sans pour autant renoncer totalement à sa confiance dans le progrès. On a donc une fantaisie rousseauiste, mais qui se refuse à admettre les conséquences des raisonnements de Rousseau.
Et il faut admettre que l'argumentation développée par l'autrice est souvent faible : la composition est lâche, et le raisonnement souvent confus, difficile à suivre, passant sans cesse du coq à l'âne. Ainsi en quelque lignes, on passe de la description de la société primitive à un règlement de compte personnel contre les comédiens du Français qui refusent de jouer ses pièces !
Cependant, et ce que montre bien cette querelle que je viens de mentionner, Olympe de Gouges écrit moins en théoricienne qu'en femme de théâtre : les reconstitutions philosophiques de Rousseau se transforment en scènes spectaculaires avec grands tableaux, coups de théâtre, effets scéniques impressionnants (elle décrit ainsi la panique des premiers hommes confrontés au spectacle de la première éclipse de soleil !), et tirades solennelles. C'est ce qui m'a intéressé dans ce livre : autrice très inégale, piètre esprit politique, médiocre théoricienne, Olympe de Gouges sait parfois déployer une certaine force d'évocation, et faire rêver à ces débuts de l'humanité.
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Des textes écrits par Olympe de Gouges entre novembre 1788 et mai 1789.

Dans "Lettre au peuple" , elle propose que chaque citoyen donne de l'argent à l'état pour effacer sa dette.

Dans "Le bonheur primitif de l'homme, ou les rêveries patriotiques" , on voit ses contradictions. Elle ne veut pas que le tiers-état se cultive parce qu'elle pense que cela empêcherait l'équilibre de la sociéte.

Des textes intéressants pour connaitre Olympe de Gouges.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un ouvrier qui aura gagné une fortune honnête, aura la sottise de ne point élever ses enfants dans le métier que lui auront donné ses pères : c’est dans un collège ou dans une pension qu'on trouve, à côté d'un marquis, d'un comte, le fils d'un tailleur, d'un cordonnier, d'un menuisier. Tous ces jeunes gens réussissent-ils ? Non... Les réserves que leurs pères ont épuisées pour fournir à leur éducation, n’ont servi qu à les rendre de mauvais sujets : excepté ceux qui sont doués d'un mérite transcendant, tout le reste est montré au doigt. Quelquefois le fils d'un cordonnier peut devenir un grand Homme et très utile à la patrie ; mais la plupart n'ont que l'esprit de leur père, sans avoir celui de leur métier. Propres à rien, ils ne font jamais rien. Cette éducation déplacée ne fait qu'arracher des hommes à leur véritable vocation ; et si cela continue à l'avenir, on ne trouvera point d'ouvriers. Aussi combien la main-d'œuvre est devenue exorbitante !
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Et, quelque jour, je rapporterai un fait qui prouvera que l'instruction ne peut rien sur ces individus stupides et bouchés ; qu'elle en peut faire des pédants insoutenables, qui ne vous parlent que par citation, qui ne pensent que par autrui, et qui sont incapables d'avoir une idée ingénieuse.
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Tout est arrêté, le riche impitoyable cache son argent ; vil instrument de sa cupidité, peut-il prolonger ses jours, peut-il les rendre plus heureux ? Ces trésors dans l’inaction, quel bien peuvent-ils faire à personne ? C’est à l’Etat qu’il faut les offrir, et les offrir sans aucun intérêt […]
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Si les solutions qu'elle propose (...) elles présentent parfois un manque de réalismes, voir quelques contradictions.
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Ma Lettre au peuple, ou le Projet d'une caisse patriotique, a ému les belles âmes.
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Videos de Olympe de Gouges (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olympe de Gouges
A l'occasion des 6 ans du mouvement #MeToo et pour la sortie du livre #MeToo l le combat continue aux éditions du Seuil, Mediapart a organisé une soirée spéciale le 19 octobre 2023 à la salle Olympe de Gouges dans le 11ème arrondissement de Paris.
#MeToo : À quoi servent les médias ?
- Rose Lamy, autrice de « Défaire le discours sexiste dans les médias » - Valence Borgia, avocate et membre de la force juridique de la Fondation des femmes - Alexis Levrier, historien des médias et maître de conférences à l'Université de Reims - Laure Heinich, avocate - Camille Aumont Carnel, autrice et animatrice de @Jemenbatsleclito
00:00:00 - 00:09:35 : Introduction par Lénaïg Bredoux co-directrice éditoriale de Mediapart, et présentation des invités par Marine Turchi journaliste au pôle Enquêtes de Mediapart.
00:09:35 - 00:17:53 : A quel moment la presse a-t-elle commencé à s'intéresser aux questions de violences sexuelles et sexistes ? avec Alexis Levrier.
00:17:53 - 00:27:31 : Comment percevez-vous le mouvement Metoo ? avec Rose Lamy.
00:27:31 - 00:37:15 : Quel est le rôle des médias et des réseaux sociaux dans ces affaires de violences sexuelles et sexistes ? avec Camille Aumont Carnel.
00:37:15 - 00:43:45 : Les médias accompagnent-ils le mouvement de libération de la parole et de l'écoute ? avec Valence Borgia.
00:43:45 - 00:50:15 : L'utilisation par les médias du langage judiciaire dans ces affaires, et la question de la présomption d'innocence, avec Valence Borgia.
00:50:15 - 01:00:25 : Comment voyez-vous le rôle des médias ? Quelle place pour que chacun et chacune puisse raconter son récit ? avec Laure Heinich.
01:00:25 - 01:08:15 : Présomption de culpabilité et tribunal médiatique, avec Laure Heinich.
01:08:15 - 01:15:50 : Quand est-ce qu'apparaît l'expression de "tribunal médiatique" ? Pourquoi cette expression est-elle un piège ? avec Alexis Lévrier
01:15:50 - 01:19:08 : Quid des "carrières brisées" ? Est-ce que les médias ne se trompent-ils pas d'analyse lorsque de nombreux mis en cause sont toujours invités sur les plateaux et les victimes mises au ban ?
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