La pensée discursive et logicienne qui fut une des grandes conquêtes de la Grèce a été longtemps tenue pour seule rationnelle, et la réflexion sur le langage occupe aujourd'hui encore la première place dans notre philosophie. Celle de Wang Fuzhi est à l'opposé. Elle récuse le langage comme artificiel et vise au contraire à une appréhension immédiates de rapports et de combinaisons fondés sur le visible et le concret.
Toute traduction en français d'un texte chinois oblige à une transposition d'expressions et de termes qui, dans l'une et l'autre langue, sont souvent riches d'un long passé et indissociables d'un ensemble de traditions historiques, littéraires et philosophiques. (...) Il faut toujours craindre que les traductions n'entraînent le lecteur sur de fausses pistes. Notes et explications sont à tout moment indispensables ou insuffisantes.
La réticence de certains à reconnaître à la pensée chinoise une valeur philosophique vient de ce qu'ils n'y retrouvent pas notre logique et nos raisonnements, c'est-à-dire d'abord les catégories de nos langues, celles du grec et du latin qui ont servi de fondement à notre discours philosophique.
Que l'homme se soit de plus en plus dégagé du milieu naturel et se sente de moins en moins enchaîné à la nature n'empêche pas qu'il lui reste soumis dans son corps et sa destinée, et la destruction chaque jour plus rapide du milieu naturel nous rappelle aujourd'hui que notre survie même en est indissociable.
Les anciens nous ont transmis un enseignement qui allait au plus profond et scrutait les impondérables. Mais, n'y ayant gouté que de façon superficielle et l'appliquant à la hâte, nous emprisonnons les sentiments de tous les hommes de l'univers dans des mots où nous les forçons à entrer ...
Les 7 caractéristiques du Monde Chinois.