Les 7 caractéristiques du Monde Chinois.
L'image de la Chine qui s'est longtemps imposée est issue d'une tradition nationale qui, mettant l'accent sur les grandes dynasties chinoises, donne l'impression d'une continuité et d'une pureté ethnique que tout dément. Ici comme ailleurs, un nationalisme naïf a déformé les réalités de l'histoire. Comme nous gens d'Europe, les populations de langue et de culture chinoises ont été le produit d’incessants brassages avec des populations voisines et parfois lointaines.
La pensée discursive et logicienne qui fut une des grandes conquêtes de la Grèce a été longtemps tenue pour seule rationnelle, et la réflexion sur le langage occupe aujourd'hui encore la première place dans notre philosophie. Celle de Wang Fuzhi est à l'opposé. Elle récuse le langage comme artificiel et vise au contraire à une appréhension immédiates de rapports et de combinaisons fondés sur le visible et le concret.
La réticence de certains à reconnaître à la pensée chinoise une valeur philosophique vient de ce qu'ils n'y retrouvent pas notre logique et nos raisonnements, c'est-à-dire d'abord les catégories de nos langues, celles du grec et du latin qui ont servi de fondement à notre discours philosophique.
Toute traduction en français d'un texte chinois oblige à une transposition d'expressions et de termes qui, dans l'une et l'autre langue, sont souvent riches d'un long passé et indissociables d'un ensemble de traditions historiques, littéraires et philosophiques. (...) Il faut toujours craindre que les traductions n'entraînent le lecteur sur de fausses pistes. Notes et explications sont à tout moment indispensables ou insuffisantes.
Ainsi, du IVe au VIe siècle de notre ère, la Chine traverse une période dont elle sortira méconnaissable : l’installation des nomades des steppes dans les provinces du Nord et le triomphe général du bouddhisme y laisseront de profondes empreintes. Mais chaque époque a ses caractères originaux et comme une atmosphère qui lui est propre. En outre, l’immensité géographique de la Chine implique des variations assez sensibles dans le climat, les paysages, les genres de vie, les mœurs et les dialectes. Chaque région a sa physionomie particulière. Ainsi, on ne peut rien affirmer à propos de ce pays vaste comme l’Europe et dont l’histoire connue s’étend sur près de trois mille ans, qui ne soit daté et localisé avec précision. Il n’est plus permis de parler de la Chine éternelle.
De toutes les philosophies occidentales, le marxisme est sans doute la moins éloignée des orientations générales de la pensée chinoise. De son côté, le communisme laisse entrevoir une possibilité d’action et fournit un modèle d’organisation révolutionnaire analogue à celui des sociétés secrètes de la Chine.
Toutes les sociétés jugent des autres avec d'autant plus d'assurance qu'elles les ignorent.
P.393 : A Hangzhou, on se garderait bien de prononcer le mot « canard ». Pourquoi? En arrivant dans cette ville les réfugiés du Nord crurent que ce terme était interdit pour cette étrange raison : si chaud qu’il soit, le bouillon de canard passe pour ne pas émettre de fumée. Mais ils apprirent bientôt le vrai motif de cet usage : les canes ne peuvent avoir d’œufs ’avec un seul mâle, et il leur en faut au moins deux ou trois. Parler de canard à son vis-à-vis, ce serait faire une allusion désobligeante à sa vie conjugale.
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Comment définir la Chine? Est-ce des cités palais de l'âge du bronze et la multitude des petites seigneuries disséminées dans le bassin inférieur du fleuve Jaune au II° millénaire, ou celle des sept.s grands royaumes de la fin de l'Antiquité qu'unifia le roi Qin en -221 et qui, vers le sud, ne dépassaient guère la vallée du Yangzi? celle des royaumes fondés en Chine du Nord par des populations de la steppe aux IV° et V° siècles de notre ère, ou la Chine lettrée, commerçante et maritime, amputée de ses provinces du Nord, aux XII°-XIII° siècles?, ou encore le seul véritable empire de l'histoire que créa la dynastie sino-mandchoue avec ses immenses protectorats d'Asie centrale, du Tibet et de Mongolie? La diaspora chinoise d'aujourd'hui dans tous les continents ne ferait elle pas aussi partie de la Chine? A cette réalité protéiforme qui n'a cessé de se transformer au cours des millénaires ne fallait-il donc pas plutôt donner le nom de monde chinois?
Que l'homme se soit de plus en plus dégagé du milieu naturel et se sente de moins en moins enchaîné à la nature n'empêche pas qu'il lui reste soumis dans son corps et sa destinée, et la destruction chaque jour plus rapide du milieu naturel nous rappelle aujourd'hui que notre survie même en est indissociable.