Citations sur Dans la mer il y a des crocodiles (47)
Ça se passe comme ça chez nous.
Les talibans ont un dicton: aux Tadjiks le Tadjikistan, aux Ouzbeks l'Ouzbekistan, aux Hazaras le Goristan.
Gor signifie tombe.
Afghanistan
En fait,voilà, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'en aille vraiment.A dix ans ,quand on s'endort le soir,un soir comme tant d'autres,ni plus sombre ,ni plus étoilé,ni plus silencieux ni plus puant qu'un autre,avec le chant du muezzin,toujours le même, partout le même pour appeler à la prière du haut de son minaret,on ne peut pas s'y attendre.(Page11).
Voilà.
Le matin, en me réveillant, j’ai tendu le bras pour chasser le sommeil, j’ai tâté à droite pour me rassurer dans la chaleur du corps de maman, l’odeur réconfortante de sa peau qui pour moi signifiait : Debout, réveille-toi ! Mais sous ma main je n’ai trouvé que le drap de coton blanc. Je l’ai tiré à moi. Je me suis retourné, les yeux grands ouverts. Puis je me suis appuyé sur les coudes et j’ai appelé : Maman ! Mais elle n’a pas répondu et personne n’a répondu à sa place. Elle n’était ni sur le matelas, ni dans la pièce où nous avions dormi, encore chaude des corps qui se retournaient dans la pénombre, ni à la porte, ni à la fenêtre pour regarder la rue encombrée de voitures, de charrettes et de vélos, ni occupée à parler avec quelqu’un comme elle l’avait souvent fait ces trois derniers jours, ni à proximité des cruches d’eau, ni dans le coin fumeur.
De l’extérieur parvenait le tumulte de Quetta, bien plus bruyant que mon petit village, cette bande de terre, de maisons et de torrents d’où je viens, le plus bel endroit du monde
Il faisait nuit quand je suis arrivé à Ostiense.
Autour de mois, il y avait beaucoup de monde, de ceux que vous appelez des clochards et que j'appelle des malheureux.
Beaucoup de gens pensent que les talibans sont afghans, mais ce n'est pas vrai. Bien sûr, il y a aussi des Afghans parmi eux, mais pas seulement. Ce sont des ignorants du monde entier qui empêchent les enfants d'apprendre : ils ont peur que nous comprenions qu'ils n'agissent pas pour Dieu mais pour leur propre compte.
Un jour de vent et de sable, le propriétaire de l'un de ces magasins, cet osta sahib dont j'ai déjà parlé qui vendait des sandales, un chaplai comme je l'appelais, à qui j'étais sympathique, m'a fait signe de m'asseoir un instant avec lui et de boire un peu de chay, chose que je n'étais pas absolument certain d'avoir le droit de faire, mais vu que c'était lui qui me le proposait, j'ai pensé qu'il serait impoli de refuser. Je me suis assis par terre sur un tapis, les jambes croisées.
Un jour, j'ai lu que le choix d'émigrer naît du besoin de respirer.
Quand tu t'adresses directement aux gens, tu transmets une émotion plus intense, même si les mots sont incertains, que la cadence est différente. Dans tous les cas, le message qui arrive ressemble plus à celui que tu as en tête, comparé à ce que pourrait répéter un interprète - non ?, parce que de sa bouche ne sortent que des mots, pas des émotions.Les mots ne sont qu'une coquille.
"Khasta kofta" signifie fatigué comme une boulette parce que chez nous, quand les femmes préparent les boulettes de viande, elles les battent encore et encore et encore, très longtemps dans le creux de la main. Je me sentais dans cet état-là, comme si un géant s'était emparé de moi pour me transformer en boulette: j'avais mal à la tête, aux bras et à un endroit que je ne saurais pas identifier, entre les poumons et l'estomac.
Quand le premier m'a dit qu'il était français, j'ai dit : Zidane. Puis quand le deuxième m'a dit qu'il était brésilien, j'ai dit : Ronaldinho. C'est tout ce que je connaissais de leurs pays, je voulais leur faire comprendre que je les appréciais. Ils m'ont demandé d'où je venais. J'ai répondu ; Afghanistan. Ils ont dit : Taleban, taleban. C'est tout ce qu'ils connaissaient de mon pays.