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EAN : 9782919186143
56 pages
WOMBAT EDITIONS (23/02/2012)
4.1/5   5 notes
Résumé :
« Tout s'allume, une bande dessinée dangereuse, parce qu'elle peut donner des idées. » (WOLINSKI)

Entre 1970 et 1972, dans les pages de Politique hebdo puis de Charlie, Gébé publia L'An 01 (« On arrête tout, on réfléchit, et c est pas triste »), l'utopie la plus marquante (et la plus marrante) apparue en France au cours de cette décennie. Née des espoirs soulevés par mai 1968, elle donnera lieu à un film culte coréalisé par Jacques Doillon, Jean Rouch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vingt camions sillonnent la France.
Ils appartiennent à la "Fondation pour l'Accession à la Conscience Supérieure et Universelle".
Chaque camion comporte un point d'information, un stand d'exposition, un sas de préparation, un module d'épanouissement et une cabine réservée à l'équipage.
Le but de la fondation est de faire éclore un parterre, immense comme l'humanité, d'esprits épanouis et de se fondre, un jour, dans une multitude éclairée ...
"Tout s'allume", à mi-chemin entre la bande-dessinée et le scénario, est un feuilleton, en noir et blanc, de onze épisodes.
C'est de la science-fiction ? de la poésie ? de la politique ? de l'humour ?
C'est un peu tout cela à la fois.
Comme dans "l'an 01", dont il est un prolongement sans être une suite, le style est déroutant.
C'est celui de Georges Blondeaux que l'on connaît mieux sous le surnom de Gébé.
Le propos est intelligent, original, novateur et semble intemporel.
Mais il est de parti-pris. Il ne laisse pas indifférent.
Il agace parfois l'esprit chagrin et l'esprit de l'homme en cravate !
Le propos est engagé, souvent aigu dans ses angles.
"Tout s'allume" est une politique-fiction mais le mot "politique" n'y est pas décliné dans le sens qu'on lui connaît.
Il est utilisé, remodelé, de manière nouvelle et ironique, pour illustrer l'utopie d'un monde clair, intelligent et égalitaire.
J'ai adoré, par contre, je n'ai pas été convaincu ni par la préface, ni par la postface.
La première ressemblait trop à un tract électoral.
La seconde m'a paru une pompeuse "intellectualisation".
Sait-il le professeur Choron que tous "ses jeux de con et ses conseils de bricolage sont autant de gestes qui tiennent à la fois du coup de sabre et de la fleur tendue, détruisant un monde de faux-semblants ..."
S'il l'apprend, il n'a pas fini de se marrer !
Je remercie les éditions "Wombat" de ce beau cadeau.
Il va rejoindre, dans ma bibliothèque, quelques exemplaires de la série bête et méchante, le magnifique album "une plume pour Clovis" et de nombreux vieux numéros de "Pilote" où j'ai fait, il y a bien des années, mes premières rencontres avec Gébé.
Cela dit, je remercie, aussi, l'équipe de la "masse critique" qui, jour après jour, participe au rêve de "Tout s'allume" car "si on décidait librement de se connecter tous, quelle force ! On ne peut s'empêcher d'y rêver" ...



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Ça commençait bien…
« Fiction encéphalo-politique », confiait la quatrième de couverture, proposition corroborée par la couverture proprement dite : une découpe du cerveau présentée à la manière des encres du test de Rorschach, des planches laissées à la libre interprétation de chacun et analysées ensuite. Ce que sont, à bien y réfléchir, la politique et la société.
Tout ça fleurait bon l’utopie des années 1970, pleine de fleurs, de paix, d’amour et…de possibles ! C’était signé Gébé, dont le dessin est si léger qu’on croirait qu’il n’ose pas toucher le papier : ça promettait, en effet.
Puis il y eut cette préface de Raul Vaneigem, agglomérat militant borné – son rejet du capitalisme sauvage excepté –, convoquant la Commune de Paris –fossoyeuse sauvage à laquelle on doit des destructions irréversibles dans la capitale, dont le Palais des Tuileries – ; la révolution espagnole, qui ne se priva pas d’exactions qu’on voudrait glisser sous le tapis mais qui n’en sont pas moins réelles. Comme si les tyrannies pétries de bonnes intentions sociales valaient mieux que les autres !
A ce stade, j’optai pour un retour à l’envoyeur afin de m’éviter, si le contenu de Tout s’allume ressemblait à cette préface, de pénibles déboires. Trop de livres attendaient ma lecture, qui n’exhibaient pas ces éternelles et simplistes litanies trotskistes. Je me fis violence, heureusement…
La bienveillance du propos de Gébé, la douceur de son dessin, la pertinence ironique de son propos libertaire et pas encarté, tout m’enchanta.
Cette « Fondation pour l’accession à la conscience supérieure et universelle » me replongeait dans l’enchantement de mon enfance où l’on rêvait encore à la rondeur de l’existence, pensée comme une femme de Renoir.
« Relier tout avec tout », idée impossible à matérialiser mais combien séduisante ! Internet, quelques décennies plus tard ne l’a pas pu. Les utopies sont faites pour ne pas se réaliser, ce qui les rend si attractive puisqu’elles communiquent directement avec notre imaginaire.
Il n’y a, malheureusement, rien à relier : les différences sont incompatibles, c’est un fait humain ; la conscience collective n’est pas pour demain.
Il n’empêche, comme d’autres à l’époque de Casimir – mon cher dinosaure orange ! – et du Sud de Nino Ferrer, Gébé avait conscience que la frénésie consommatrice était, à moyen terme, une impasse. L’ouverture de l’esprit, la recherche d’autres voies, il fallait bien s’y coller pour ne pas devenir dingue face à toutes ces invitations à l’abrutissement : « Le passage de la conscience minimale à la conscience illimitée », ou : « la conquête interne d’un pouvoir nouveau » pour contrer « la peur de trop voir ». Dans ce monde ceinturé, c’était jouer à Icare ! Et seuls les Icare osent braver le danger et l’interdit, même s’ils y laissent des plumes.
Tout s’allume soudain pour nous aussi, lecteurs, c’est là le talent de l’auteur. Ses poses explicatives feraient trompeusement croire à un story-board – le format de l’album s’y prêtant parfaitement. Il n’en est rien : nous vivons directement l’expérience de la conscience illimitée, pourvu que nous voulions ouvrir notre esprit. Gébé ne nous parle pas : il nous convie à ce festin neuronal.
On appréciera aussi la dimension reportage – pour faire illusion de réel –, qui n’est pas sans rappeler ces joutes verbales d’un autre âge.
Dans sa défense du progrès technologique et libérateur, Gébé revêt même l’allure d’un Auguste Comte dont la foi dans ce dernier fut, quelque temps plus tard, sérieusement démentie par la Première Guerre mondiale, summum dudit progrès. Comte postulait aussi « l’Ordre pour base », ce qui ne colle pas avec Gébé !
Oui, Wolinski – victime de cette impossibilité collective, dans les conditions que l’on sait – avait raison d’écrire que la bande dessinée de Gébé était dangereuse parce qu’elle pouvait donner des idées. Hélas, les idées ne sont pas toutes réalisables et souvent mortelles. Et je ne suis pas loin de croire que les réactionnaires de Tout s’allume, refusant la conscience ouverte si critique quant aux limites de la société, seraient aujourd’hui plus à regarder du côté des fanatique religieux qui ont décidé, un matin de janvier 2015, d’interrompre la liberté de conscience.
Enfin, Tout s’allume, pour Pacôme Thiellement, c’est : « une œuvre qui fonctionne comme une continuité constituée de mille et un points de déraillement », un joyeux bordel, une source de débats, cette arme qui ne tue ni les idées, ni les Hommes…

(PS : Merci à Babelio et, pour cet album, aux Nouvelles éditions Wombat)
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oeuvre charnière entre "L'An 01: on s'arrête, on réfléchit et c'est pas triste" et "Lettres aux survivants", ce livre illustre d'une certaine manière la perte de l'innocence.
L'An 01, c'était l'utopie poétique de quelque chose à faire ensemble: un livre, un film, une révolution... Dans le sillage des espoirs soulevés par mai 68,; Gébé rêvait qu'un autre monde était naturellement possible
Lettres aux Survivants, c'est le constat amer qu'il faudrait un cataclysme pour espérer que les choses, les gens puissent peut-être changer.
Le titre "Tout s'allume" laisse présager un livre positif, celui d'une prise de conscience. C'est bien de cela qu'il est question. Sur un mode de narration mixte, entre bande dessinée classique, collages "multi-sensoriel", textes et illustrations, Gébé signe un feuilleton dans lequel des camions sillonnent la France pour proposer une prise de conscience à qui le veut. Qui contrôle ces camions et dans quel but ? Une étrange association, la FACSU, dont on ne sait ce qu'elle représente ni qui la finance, intrigue et inquiète les autorités, qui ne reculent devant rien pour les arrêter.
"Tout s'allume" est un livre étrange et presque dérangeant parce qu'il cultive une ambiguïté très désabusée. En décrivant l'avènement d'un groupe de cerveaux évolués (ceux qui ont reçu cette "prise de conscience") qui revendique ouvertement une émancipation de la société des cerveaux primitifs, Gébé semble poser un constat d'échec.
Cette illumination n'est plus une prise de conscience collective, née d'un simple pas de côté et qui fait boule de neige au sein d'une population qui aspire qu'au changement. Au contraire, elle relève d'une procédure pseudo-scientifique qui peut évoquer un lavage de cerveau, délivrée dans des camions bardés d'électronique et affrétés par une association obscure. On pourrait penser à certaines méthodes de la scientologie.
Si les arguments avancés par les "évolués" pour se démarquer semble positifs, il est difficile de ne pas y déceler une nouvelle élite désireuse de faire cessetion. La belle utopie de la pleine conscience prend un arrière-goût un peu rance.
Et pourtant, la prise de conscience est séduisante. L'idée des "évolués" qui disséminent des cassettes dans les villes pour expliquer et convaincre les "primitifs" est belle. Certaines revendications sont très avant-gardistes.
EN fait, "Tout s'allume" me semble être le livre d'un équilibre instable.
Gébé se rend compte que les idéaux de l'An 01 ne se concrétiseront jamais. Il observe certaines tendances de la société et se demande vers quoi cela pourrait évoluer. En refermant le livre, on ne sait pas franchement si cette révolution "scientifique" (par opposition à celle,naturelle, de l'An 01) est positive ou négative. Gébé continue de fustiger le système en place, qu'il juge sclérosé et obsolète. Mais il ne semble plus convaincu que l'alternative sera meilleure.
Lettres aux Survivants semble apporter une réponse claire. Gébé perd ses illusions, jusqu'à finalement imaginer un monde totalement déshumanisé: un âge de fer, à la fois rétrograde et résolument moderne.
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Une masse critique avec une réédition de Gébé.
Un titre "Tout s'allume" qui ne me rappelle rien.
Un petit tour dans mes étagères, Gébé, voyons voir ce qu'il y a :
"L'an 01", 4 eme trimestre 1972, mythe incontournable des années 70, on arrête tout, on réfléchit ...
"Reportages", 4 eme trimestre 1973, du texte où on réfléchit ...
"Il est trop intellectuel", 2 eme trimestre 1979, des croquis où on réfléchit toujours ...
Alors "Tout s'allume", de la même époque, des textes et des croquis où on réfléchit ... Pourquoi pas !
Voilà comment on se retrouve, un bon matin à l'aube, à cocher une petite case.
Merci à Babelio et aux nouvelles éditions Wombat d'avoir comblé mon souhait.
Si vous n'avez pas envie d'en savoir plus, je vais commencer par résumer :
Qu'est-ce que je me suis fait ch.....!
Pour ceux qui ont envie d'en savoir plus, je vais développer un minimum.
La magie de ma jeunesse n'est plus là, les années ont passé et ont jeté un voile d'incompréhension sur cette démonstration laborieuse du pourquoi et surtout du comment changer la société !
Je crois que la théorisation des idées de Gébé supporte difficilement les propositions de mise en pratique de recettes soit disant miraculeuses pour "changer la vie".
Ce beau slogan de mai 68, dont je partage encore le souhait, reste pour moi, une prise de conscience individuelle de nos possibilités individuelles de revoir nos rapports à ce qui nous entoure. Mais il ne s'agit certes pas d'être le maître de penser des masses laborieuses !
Alors non à la récupération d'une belle pensée, de belles idées.
Aidons simplement Monsieur et Madame tout le monde à ouvrir les yeux !
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critiques presse (2)
Bibliobs
06 mars 2012
Gébé se marre, le lecteur avec lui, mais il donne à penser, c'est le grand Gébé de «l'Age du fer» et de «l'An 01».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
ActuaBD
05 mars 2012
Notre époque est en recherche de sens. Gébé peut encore faire œuvre utile...
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Fiche technique - Genre : Fiction encéphalo-politique - Lieux de l'action : à l'extérieur des gens et à l'intérieur de leur tête (région des hémisphères cérébraux) - Moyen d'expression : la bande-dessinée, conçue comme un film à faire - Objet : montrer comment l'élargissement de la Conscience Provoquée, peut modifier le comportement individuel et social et conduire irréversiblement au changement de consensus politique d'une nation.
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Il y a eu l'âge de pierre,
L'âge du fer,
L'âge du plastique.
Nous entrons dans l'âge du cerveau.
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Video de Gébé (21) Voir plusAjouter une vidéo

Merci Bernard : émission du 22 mai 1983
Au programme de l'émission les sketches suivant : "Reconstitution"; "Fridax"; "Connaissez vos droits"; "Tourtereaux"; "Nouvelles brèves"; "Torture"; "Message personnel"; "Le cadeau de Merci Bernard"; "Insultes sur terre battue ";Et la une du journal "Merci Bernard " : "Le Ministre des WC renvoie son chef de cabinet" (auteur TOPOR, RIBES, GEBE).
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