Un coup de feu a déchiré le silence et un homme accroupi s'est écroulé au bord de sa vigne !
Une moto s'éloigne ...
C'est le début de la grande affaire, d'une partie d'échecs déroutante entre le tueur à la moto bleue marine et la société du Lozange.
"
Sept cartouches" est un roman de
Gébé, paru en novembre 1982 aux éditions "Hachette".
C'est étrange et déconcertant !
C'est normal, c'est
Gébé.
Ce roman est à la lisière de la science-fiction et du policier.
Et pourtant, ce n'est pas ce qui le caractérise principalement.
Car il en émane d'abord une atmosphère à la fois conservatrice et révolutionnaire, un récit écrit au cordeau de manière presque cinématographique et un propos aussi subversif que rassurant.
En un paragraphe,
Gébé a situé son récit aussi bien que s'il l'avait dessiné.
D'ailleurs il y a également intercalé des dessins, tirés d'un film qui n'existe pas, "Le tueur du Lozange", lui-même inspiré du seul livre, "
Sept cartouches", dans lequel on parle de lui.
Étonnant non !
Aloys Bertin du hameau n°4 a été touché au poumon par une arme qui aurait échappé au grand ramassage.
Un révolver ?
Non, un pistolet automatique Walther P.P.K de calibre 7,65 mm.
Le tueur à la moto a frappé un monde qui ne s'y attendait pas.
Le Lozange !
10 millions d'habitants sur 93.000 Km2 d'une nouvelle société qui a banni l'argent, la hiérarchie, l'idéologie et les religions, le folklore, l'armée et les armes, ainsi que quelques autres petites broutilles qui font aujourd'hui encore la joie de nos contemporains.
Depuis quatre générations, le Lozange a entrepris de modifier le monde par l'exemple sans violences ni agitations ...
C'est la méthode
Gébé ... peut-être la meilleure qui soit :
"On arrête tout, on réfléchit" !
Quoi qu'il en soit, un deuxième crime a été commis.
Et une commission d'urgence a été convoquée.
Six membres parmi lesquels Jean l'instituteur.
Après la quatrième victime, il a demandé par vote l'obtention des pleins pouvoirs ...
Qui est l'assassin ?
A qui ressemble-t-il ?
Tant qu'il lui restera une cartouche, aura-t-il encore envie de tuer ?
Ce roman, où le récit n'est finalement qu'accessoire, est écrit de manière splendide et quelque peu poétique.
Une arme est venue perturber ce monde qui a été voulu presque parfait.
Le crime est encore possible.
Pourquoi ? Comment ?
Est-il vraiment détestable et comment le punir ?
Il n'est pas sûr que toutes les réponses soient dans le roman, pas sûr non plus que les questions y soient même toutes posées.
Pourtant il va ici s'insinuer entre la lecture et la lectrice ou le lecteur une sorte de réflexion vague et irraisonnée, une trouble envie de remise en question :
"On arrête tout, on réfléchit" ?