Aujourd'hui je vais évoquer
L'homme de trop, 2 le dernier roman de
Dominique Fernandez. Il s'agit du deuxième tome d'un diptyque sous-titré La liberté trahie. Les mêmes personnages sont présents quelques années après le premier volume. le contexte politique français dominant de cet opus est constitué par la période de la légalisation du mariage pour tous et des différentes manifestations des deux clans.
L'homme de trop, 2 est la suite du précédent roman dans lequel le lecteur faisait connaissance avec un groupe d'une dizaine de protagonistes parmi lesquels Lucas et Gaël. Alors que la France est en plein débat autour de l'ouverture du droit au mariage pour les gays, les personnages se disputent et s'écharpent sur les luttes à continuer à mener, sur le droit à l'indifférence face à celui de la différence. Ce sont toujours les mêmes interrogations qui clivent selon les générations d'appartenance. Les protagonistes de ce portrait de groupe sont hétéroclites certains sont de jeunes adultes, d'autres en milieu de vie et certains ont derrière eux toute une histoire et notamment celle de luttes pour la reconnaissance des orientations sexuelles et la liberté. Lucas, le doyen du groupe, malgré sa relation amoureuse avec Romain (qui a dû s'exiler en Italie pour cause de soupçon de pédophilie) continue à se penser en paria. Malgré les avancées déjà incarnées par le pacs, malgré la banalisation du sida et la diminution drastique de ses ravages, il demeure persuadé qu'une inscription dans le modèle hétéro-normé n'est pas une vraie victoire. Il mène les combats pour l'égalité des droits mais l'aboutissement sonne pour lui comme une fin. Son ami Gaël, professeur de lettres est désormais en couple avec Morgan, l'infirmier avec lequel il s'installe. Les deux hommes vont se marier et inviter Lucas à la cérémonie. Il est jaloux de leur bonheur et de leur réussite, ils sont acceptés par la société sans condition, ils n'ont plus de raison de revendiquer de nouveaux droits. Les gays de 2020 ne sont plus ceux des décennies précédentes, les codes de la drague, des relations sexuelles et amoureuses ont changé, tout est régi par des applications dont la violence est parfois pire que les injures et stigmatisations antérieures. le roman de
Dominique Fernandez est fluide malgré des digressions avec des citations littéraires nombreuses et des tacles par exemple à l'égard de Jean d'Ormesson, comme si une rivalité latente entre les deux académiciens se réglait dans les pages du roman. Concernant les politiques, la couardise de
François Hollande est dénoncée tandis que le courage de
Christiane Taubira est loué. L'auteur s'exprime à travers ses personnages, il est beaucoup questions de la Russie et de l'Italie avec moult clichés. L'approche entomologiste pour dresser le portrait de ces gays contemporains est parfois caricaturale et pourrait desservir la légitime cause du roman. Fernandez prétend écrire une histoire archétypique de cette population qui n'a plus trop de raison de se considérer encore de trop.
L'homme de trop, 2 m'a comme le tome précédent laissé une impression mitigée. Ce récit est loin des fresques historiques dans lesquelles
Dominique Fernandez a excellé. Les dialogues sont plats, les propos souvent simplificateurs. Certes l'intention est louable (romancer la vie des homosexuels au début du vingt et unième siècle) mais le résultat est inabouti. La volonté de cumuler dans ce roman un maximum de notations d'actualité en mêlant la fiction à la réalité est insatisfaisante.
Voilà, je vous ai donc parlé de
L'homme de trop, 2 de
Dominique Fernandez paru aux éditions Grasset.
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