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sur 4734 notes
Né en 1950 de mère française et de père américain, Jim Fergus, auteur américain, se passionne dès l'enfance pour la culture Cheyenne. Son premier roman, « One Thousand White Women: The Journals of May Dodd », est l'histoire de femmes blanches livrées aux indiens par le gouvernement américain afin qu'elles partagent leur vie et qu'elles favorisent ainsi l'intégration progressive de ce peuple de sauvages. En fait d'intégration, le gouvernement américain poursuivait un but moins noble : parquer les indiens dans des réserves en leur faisant miroiter les bienfaits de la civilisation blanche américaine et mettre main basse sur des territoires (les Black Hills) que les géologues et prospecteurs de tous poils avaient identifiés comme recélant d'abondantes réserves d'or et autres métaux précieux.

Publié aux États-Unis en 1998, le livre a rencontré un succès assez moyen (250 000 exemplaires vendus) alors qu'il faisait un tabac en France (en tête des best-sellers pendant 57 semaines, plus de 400 000 exemplaires vendus). Curieusement, les notes sur Babelio s'échelonnent de 1 à 5/5 : comment expliquer que cet ouvrage, qui a valu à Jim Fergus, le prix du Premier roman étranger, ait été si diversement apprécié ?

Premier point, Jim Fergus nous aurait trompé : il ne s'agirait pas d'un roman historique mais d'une fiction, l'auteur ayant utilisé un vrai-faux journal intime rédigé par son héroïne, May Dodd, pour nous conter une histoire complètement bidon ! Nuançons s'il vous plait. Chez l'éditeur américain, le côté fictionnel de l'ouvrage ne fait aucun doute : « The novel is written as a series of journals chronicling the fictitious adventures of an "J. Will Dodd's" ostensibly real ancestor in an imagined "Brides for Indians" program of the United States government. An introduction by "J. Will Dodd" places the journals in a contemporary context, and lends an air of realism ». de plus, l'ouvrage a reçu en 1999 le « Fiction of the Year Award » décerné par « the Mountains & Plains Booksellers Association ».

Deuxième point, le côté trop contemporain des réflexions et des propos tenus par les femmes blanches de l'ouvrage, femmes incroyablement libérées, tant dans leurs corps que dans leurs esprits, serait peu crédible, pour ne pas dire inconcevable, à une époque (en 1875) où les citoyens des Etats-Unis étaient extrêmement puritains. Une précision s'impose : en juillet 1848 (soit près de 30 ans avant les faits qui sont relatés), la Convention de Seneca Falls réunissait près de 200 femmes blanches dont des figures marquantes du mouvement féministe américain. Nous ne savons évidemment rien de la nature des propos qu'elles pouvaient échanger et notamment de leur liberté de ton, mais il n'est pas impossible que ces féministes aient été moins coincées que nous ne pourrions le supposer.

Troisième point, l'ouvrage serait bourré de stéréotypes (du genre, « l'indien est forcément bon sauf quand il a bu l'eau de feu que lui a vendue l'homme blanc » ou « le militaire blanc est très méchant ») et tournerait à la caricature tant il est vrai que Jim Fergus se plait à opposer les bons (qui sont très bons) et les méchants (qui sont forcément très méchants). Je reconnais que ça n'est pas faux, et si on y ajoute le côté surréaliste de quelques scènes (comme celle où une des blanches, hyper-raciste, devient follement amoureuse de son indien de mari), l'étoile de « Mille femmes blanches » s'en trouve comme ternie.

Bon, reconnaissons-le, l'ouvrage est un peu long (495 pages) et d'un rythme lent (mais n'est-ce pas le rythme de la nature?). Les dialogues sont parfois surprenants. Les états d'âme de May Dodd peuvent devenir lassants. Bref, ça manque de souffle ! Par contre, ça ne manque pas de violence. Mais est-ce si important ? Quel était au final le but recherché par Jim Fergus ? Nous faire toucher du doigt la réalité et la vérité du génocide indien. Il lui fallait un prétexte : nous montrer la galère d'une femme libre de corps et d'esprit dans une société ou ça suffisait à vous faire interner, puis il nous présente des portraits de femmes attachantes, des femmes confrontées au choc des cultures, nous envoyant du même coup un message de tolérance et d'ouverture à l'autre. En prime, vous parcourez les grands espaces nord-américains et vous vivez l'aventure, comme si vous y étiez, avec émotion et humour. Je souhaiterais mettre 3 étoiles ½ mais ça n'est pas possible : je mets donc quatre étoiles.
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Washington - 1874
L'idée de départ de ce livre, et plus précisément de Little Wolf, chef de tribu Cheyenne de son état, à défaut d'être mauvaise est quand même désespérément tragique : Si les Indiens se mélangent avec des femmes blanches, il finira par ne plus y avoir d'Indiens 100% certifiés, voire plus d'Indiens du tout dans les générations futures, ainsi finies les discriminations, ségrégations et autres mises en réserves "pour votre confort"... D'accord, c'est une façon de sortir de cette ségrégation de merde mais je vous l'avais dit, c'est quand même vachement triste d'en arriver là.
Donc pour commencer, des femmes blanches, ce serait bien que le président Ulysses Grant en envoie un petit millier. Ça donnerait déjà une idée de comment ce plan qui tient pas mal la route sur papier se concrétisera dans l'Ouest sauvage.
Après propositions d'échange, atermoiements, indignations, refus et tout ce qu'on peut imaginer comme réactions à cette insolente suggestion indienne, un premier convoi d'une vingtaine de femmes part expérimenter la vie au grand air dans le but d'enseigner les rudiments de la civilisation éclairée (wasp donc) à des Indiens curieux et rigolards, mais surtout et comme prévu, de donner naissance à des papooses plus tout à fait rouges.

Dans cette petite vingtaine de dames recrutées dans des prisons, hôpitaux psychiatriques et autres endroits de villégiatures riants, se trouve May Dodd, et heureusement qu'elle était là vu que c'est elle qui va nous raconter son histoire et par extension, celle de toutes ces femmes ainsi que de la tribu-hôte.


Si on se laisse facilement entraîner dans ces carnets fictifs, il faut reconnaître une impatience qui va grandissante avec les 100 premières pages, parce que les préparations, le voyage, les petites histoires en parallèle, c'est bien beau mais ce qu'on attend, ce qu'on veut, ce qu'on nous doit – on a acheté le livre pour ça quand même – c'est la rencontre avec les Indiens et le début de la vie en tipi !
Quand enfin on y arrive, pas de déceptions, au fil des carnets de May, on s'initie nous aussi à la vie de ceux que l'homme blanc appelle "sauvages" et dont, à plusieurs reprises, on se prend à devoir se rappeler lequel des deux l'est réellement. Les Indiens mènent une vie simple et harmonieuse quand l'eau-de-feu (vendue par... ? Hmm ?? allez, c'est fastoche) pour laquelle on sait qu'ils sont incapables de se montrer raisonnables ne vient pas foutre un boxon monstre dans le campement. le bâton-qui-crache-le-feu vendu avec l'alcool ajoutant encore aux tristes retombées des cuites phénoménales qu'ils se prennent. Ajouté à cela, quelques petites guerres intestines qui mettent à mal l'ambiance qu'on voudrait croire fraternelle en dépit de tout.
C'est malgré ça un plaisir de suivre les aventures de ces femmes qui découvrent une vie qu'elles ne soupçonnaient même pas et qui finissent par brillamment s'adapter à cette existence rude mais authentique.

Et puis... et puis arrivent les dernières pages et si jusque là, on avait lu Mille Femmes Blanches avec délectation mais sans plus d'euphorie que ça, ces dernières pages changent tout à l'affaire, dammit, on a envie d'y aller, de faire quelque chose, n'importe quoi mais d'être aux côtés de ces femmes, de ces hommes et de les aider. J'en dis pas plus, ceux qui l'ont lu voient de quoi je parle, les autres, préparez-vous à un petit coup d'émotion high level.

Grâce à ces derniers chapitres, Mille Femmes Blanches passe de "très bon livre" à "quel putain de grand roman !". Jim Fergus dont c'était ma première rencontre m'a plus que charmée, une écriture riche sur une histoire incroyable dont on ne doute pas des recherches minutieuses et du boulot qu'il a abattu derrière pour nous faire le grand honneur de nous l'offrir. Il a su rendre ses personnages vivants, fouillés, Little Wolf est magnifique, May Dodd ne l'en est pas moins... C'est tellement réussi que j'hésite encore à lire La Vengeance des Mères, ça me ferait vraiment mal aux dents si c'était moins bien, et vu comme la barre est haute...

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J'ai découvert Jim Fergus avec ce premier roman au sujet intriguant : en 1874, le président des Etats-Unis accepte un étrange marché avec le chef cheyenne Little Wolf. Il s'agit d'envoyer mille femmes « blanches » pour améliorer les échanges entre Américains et Indiens, ces femmes deviendront les épouses des indiens et mères de leurs enfants. Des contrats sont signés, et un premier convoi de femmes part vers le Nebraska. Dans le train, elles font connaissance et tentent d'imaginer leurs futures conditions de vie. Cela sera bien différent de ce qu'elles pensent, mais aussi pour chacune un échappatoire à leurs vies passées : prostitution, misère, prison, asile d'aliénés... L'avenir deviendra d'autant plus incertain pour elles et leurs futurs époux que l'état américain sera bien loin de tenir toutes ses promesses vis-à-vis des indiens.
Sans en raconter plus, je peux vous dire que le contenu du roman fut cette fois à la hauteur de mes attentes et plus encore. Des personnages attachants, à commencer par May Dodd dont on apprend assez vite les raisons d'un engagement aussi radical, ainsi que ses compagnes de voyage, et par la suite les différents cheyennes que May côtoie. L'auteur s'est particulièrement bien mis dans la peau des personnages féminins, et a imaginé avec énormément de détails ce qu'ont pu être leurs parcours, puis leur adaptation à la vie au coeur d'une tribu cheyenne. Ecrit sous la forme de carnets de voyages et de lettres de May Dodd à sa famille restée à Chicago, lettres qu'elle a pour la plupart gardées au lieu de les envoyer, ce récit qui embrasse la cause indienne, traite des thèmes de la civilisation et des rencontres entre cultures, est passionnant, et les cinq cent pages se dévorent de toute urgence !
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Nous sommes en 1874 à Chicago. May Dodd, abusivement enfermée dans un asile psychiatrique par sa famille, ne voit qu'un moyen de recouvrer sa liberté. Participer au projet secret du gouvernement américain d'échanger avec le peuple cheyenne mille femmes blanches contre mille chevaux. Ce plan à pour but du côté cheyenne d'unir les deux races, et du côté américain de calmer les tensions entre les deux parties. le contrat consiste, pour les femmes volontaires choisies dans les asiles ou les prisons, à donner une descendance métissée aux Indiens et à vivre deux ans avec eux. Après quoi, elles retrouveront leur liberté et pourront choisir de rester ou de partir.
C'est au travers de ses carnets intimes que nous découvrons en quoi à consisté l'aventure pour May Dodd et ses compagnes.
Dès les premières lignes, j'ai été happée par l'histoire et obligée de la suivre sans discontinuer jusqu'à la fin. Immersion totale. J'ai vécu avec cette tribu cheyenne, appris leurs us et coutumes, leur philosophie, ai haï leurs ennemis, me suis réchauffée autour du feu et sous les peaux de bison.
Même si l'on n'échappe pas à quelques clichés, Ce fut un superbe et passionnant voyage au coeur de l'Amérique, au temps de la fameuse "conquête de l"Ouest".
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Plutôt que de finir sa vie en asile psychiatrique - parce qu'elle n'a pas choisi le bon homme selon sa famille- May Dodd accepte de participer à l'échange de mille femmes blanches contre des chevaux à la demande du chef Cheyenne Little Wolf, inquiet pour l'avenir de son clan et désireux de ne faire qu'un avec les Blancs.
Voici donc ces femmes quittant leur civilisation pour se marier avec des Cheyennes et leur faire des enfants, premiers liens entre les deux peuples. le gouvernement y joint bien sûr un homme de foi qui aura pour tâche, avec les femmes, de convertir le peuple indien.

May Dodd est un sacré personnage: mère de deux enfants eus avec un homme qu'elle a aimé mais refusé d'épouser, pas vraiment croyante, intrépide, courageuse et un brin folle selon les critères de l'époque, c'est elle que Little Wolf choisira naturellement pour épouse tandis que les autres femmes se trouveront des époux plus ou moins valeureux et affectueux. May Dodd raconte dans son carnet les jours et les mois qui passent et nous, lecteurs, quittons peu à peu le monde blanc pour les prairies, les tipis et les peaux de bison.

J'ai eu du mal à accrocher au début à cause de ce format journalistique et le ton plutôt vantard et léger de May Dodd et puis finalement, quand le récit a glissé dans le tragique, j'ai embarqué dans les grands espaces, la nature et la violence de cette vie.
L'histoire est singulière et fascinante, difficile de ne pas s'attacher à l'un ou l'autre des personnages! le fait que ses journaux soient lus par son arrière-petit-fils ajoute à l'aspect historique et inscrit le roman dans un passé tragique.
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En 1873, le chef cheyenne Little Wolf se rend à Washington où il rencontre le président Grant. Nul ne sait quels propos les deux hommes ont réellement échangés, mais la légende dit que Little Wolf est venu proposer un troc bien insolite : mille femmes blanches contre mille chevaux, afin d'assurer la survie de sa tribu, et surtout, son intégration dans la population blanche via le métissage.
Que les choses soient claires : le roman de Jim Fergus n'est pas un roman historique, c'est une pure fiction. Il faut le lire ainsi, et savoir que l'histoire qu'il a inventée, si séduisante soit-elle, ne repose sur aucune réalité. Cela me paraît important de le préciser, car la forme du récit peut prêter à confusion, en particulier l'introduction dans laquelle un descendant de May Dodd explique avoir fouillé les archives familiales et cite des sources variées : journaux, archives nationales, etc.
Tout a l'air vrai... mais tout est faux.
Passons sur ce procédé pour aller voir le fond de l'ouvrage.
L'histoire est bien ficelée, c'est indéniable, et j'ai suivi avec plaisir les aventures de May Dodd et des autres femmes. Des péripéties, de grands espaces, quelques personnages au caractère bien trempé, voilà qui ne laisse pas le temps de s'ennuyer.
Et le choc des cultures : vous imaginez ces jeunes femmes du dix-neuvième siècle envoyées chez les "sauvages" ? Voilà qui est intéressant... ou du moins, voilà qui aurait pu être intéressant... car j'ai trouvé cet aspect rempli de clichés et de scènes convenues : les plus "sauvages" ne sont pas ceux que l'on croit, après les réticences d'usage les citadines finissent bien sûr par embrasser la cause de leur nouveau peuple, une femme raciste au plus haut point tombe follement amoureuse de son cheyenne de mari, etc. ce qui donne à l'ensemble une allure de scénario de téléfilm plutôt simpliste.
À travers son roman, Jim Fergus voulait dénoncer les politiques gouvernementales successives vis à vis des indiens, considérés comme des "sauvages", mais je trouve que son récit trop caricatural ne sert pas sa cause, et c'est bien dommage.
Mille femmes blanches a été une lecture agréable, distrayante, mais ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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AVERTISSEMENT: ce qui va suivre n'est pas absolument pas élogieux. Si vous avez adoré ce bouquin, cette critique risque de ne pas être agréable du tout.

AVERTISSEMENT 2: JE SPOILE LE DEBUT. Si vous n'avez pas du tout lu le bouquin, passez votre chemin.

Bon, on y est? Ceux qui veulent partir ont bien cliqué sur la croix, ceux qui veulent rester sont là? On y va.

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler d'un livre formidable…

-Pardon ?

- … un livre extraordinaire…

-Quoi ?!

-…. un livre magnifique…

-HEIN ?!

-Euh… un livre qui s'est beaucoup, beaucoup vendu ?

-J'aime mieux ça.

-Donc, je viens vous parler d'un livre qui s'est beaucoup, beaucoup vendu et qui s'appelle Mille femmes blanches.

-Ouais. *arme le fusil* Et on va avoir un ou deux trucs à dire.

Or donc, en 1874, le chef cheyenne Little Wolf passe un pacte avec Grant : mille femmes blanches seront troquées contre mille chevaux pour servir d'épouses aux Indiens. May Dodd se présente aussitôt comme candidate et part avec quelques autres femmes à la rencontre d'une culture étrangère et inconnue.

-Ah là là, quelle terrible exposition ! le début plante le décor et on ne peut qu'être rempli d'horreur en lisant le calvaire de May Dodd ! Enfermée par sa famille et longuement torturée dans cet asile pour avoir commis le seul crime d'aimer !

-Oui. Et ce n'est que le début d'une longue, très longue, trop longue liste d'incohérences et d'absurdités.

-Que veux-tu dire ?

-Enfermée après des années de vie commune ? Une famille aussi attachée à l'honneur ne l'aurait pas laissée un seul jour dehors. Regarde les Bennett dans Orgueil et Préjugés : quand leur fille disparaît, ils mettent tout en oeuvre pour la retrouver. Mais là, non : « Notre fille se barre avec un homme indigne d'elle, on va la laisser vivre sa vie avant de se rappeler qu'il faut la punir. » N'importe quoi.

-Soit… il faut quand même admettre qu'elle fait preuve d'un sacré courage pour sortir de cet asile sans être abattue par les barbaries subies !

-Pas du tout. Il faut ne pas exister pour ça. C'est le premier reproche que j'adresse à ce roman : May Dodd n'existe pas.

-Pourquoi ? Elle est quand même vachement convaincante !

-Non, je ne suis pas convaincue. Déjà parce qu'elle est parfaite, d'une perfection qui n'est pas de ce monde. Elle est belle, a le pouvoir sur sa sexualité, elle maîtrise Shakespeare, c'est la plus intelligente, la plus courageuse, la plus aimante, la plus maternelle, la plus sensuelle, la plus réfléchie… et elle possède un vagin en fonte.

-QUOI ??? Mais c'est écrit nulle part, ça !

-Non, mais je suis obligée de le déduire. L'eau bouillante qu'on lui injecte tous les jours dans le vagin, ça brûle, donc ça abîme les chairs pour commencer, et ça stérilise, donc ça tue les bactéries pour continuer. Or que se passe-t-il ? Pas un saignement, pas la plus petite mycose, son intimité fonctionne parfaitement.

Alors, de trois choses l'une : soit May Dodd n'existe pas, soit son vagin est en fonte, soit elle est l'ancêtre de Wolverine*. Tu peux me raconter des tas de conneries sur plein de sujets : comme je n'y connais rien, je vais me laisser arnaquer, mais sur ce chapitre, non. Je ne peux pas. J'ajoute qu'elle est également dotée d'un esprit supérieurement puissant pour ne pas être traumatisée par des années de sévices.

-Le voyage, il est quand même super intéressant…

-Aaaaaaah ! Pourquoi, mais pourquoi Gretchen parle en italique un mot sur deux ?! ça veut dire qu'elle a l'accent sur certains mots et pas sur d'autres ? C'est complètement débile, ce choix typographique ! Ca ne veut rien dire ! Et c'est absurde aussi d'italiser les prénoms indiens cités en cheyenne ! C'est des noms, il n'y a pas besoin de les pencher !

-En tout cas, la galerie de personnages se révèle impressionnante…

-Noooon ! Là encore, on tombe sans cesse sur des choses plus problématiques les unes que les autres ! Les jumelles épousent des jumeaux, Phémie épouse un Noir, May épouse le chef parce que c'est l'héroïne… tout tombe trop parfaitement bien pour être honnête. Et pourquoi faut-il que Phémie soit constamment nue ou presque ?

-Tu vois le mal partout, Déidamie ! Elle se rapproche de ses racines africaines !

-D'accord. Donc quand tu es une femme noire, fille d'une esclave arrachée à sa terre, tu te mets à oilpé pour te rapprocher de tes racines ? Et qu'est-ce qu'on en sait, d'abord, que les femmes vivaient seins nus dans sa tribu ? Perso, j'y vois surtout un bon prétexte pour exhiber une femme nue.

-Ce n'est pas vrai. Phémie vit une libération. Elle vit comme elle l'entend et a bien le droit d'enlever ses vêtements, personne ne décide à sa place !

-Moué. Je crois surtout qu'elle assure le côté fantasme du spectacle. Pourquoi les Blanches ne montrent pas leurs seins, elles aussi ? Parce qu'elles sont civilisées d'origine ? Elles ne sont pas « sauvages », comme elle, elles ne vivent pas dans l'état de nature ?

-Tu exagères !

-Je reconnais en tout cas que Phémie montre bien plus de lucidité que May.

-Et puis, le portrait des Cheyennes est très impressionnant !

-Oui. Hélas, on ne les connaîtra pas plus que ça. Je regrette que la tribu reste au rang de personnage secondaire, tout en me disant que ce n'est peut-être pas plus mal : le traitement se révèle, là encore, problématique.
J'aurais encore bien à dire, mais je vais arrêter là, le but n'est pas non plus de vous assommer de négativité.

Je me contente d'ajouter que je n'ai pas fait un beau voyage avec ce roman. Je n'ai pas aimé, parce que je n'y ai pas cru et que je n'ai pas éprouvé autre chose que de l'agacement avec l'héroïne. Je n'ai pas exploré la complexité de l'âme humaine : au contraire, elle s'est révélée d'une simplicité consternante. Je n'ai pas cru au personnage principal, elle n'a ni chair, ni profondeur, ni nuance. Pour moi, elle n'est rien d'autre qu'un fantasme vide. Les personnages secondaires ne me touchent pas beaucoup plus.

Pennac a fait dire à un de ses personnages : « L'imagination, ce n'est pas le mensonge. » Je me suis sentie flouée au cours de cette lecture, j'ai eu l'impression que l'auteur essayait de me faire croire à l'impossible, de me faire lire une vaste menterie simpliste et sans subtilité. Je laisse cependant une étoile pour la description du mode de vie des Cheyennes, assez plaisante, et pour la peur panique qu'éprouve May avant de les rejoindre : ce sentiment d'angoisse devant l'inconnu est rendu de façon poignante. »

*Héros célèbre pour son pouvoir d'autoguérison.
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Je fais partie de cette génération nourrie au folklore de la conquête de l'ouest : films de cowboys et d'indiens dans lesquels ces derniers étaient présentés sous le jour des méchants agresseurs d'innocents fermiers, la foi chevillée au corps, ne cherchant qu'à vivre chichement d'un labeur harassant. John Wayne et autre tunique bleue de service à la Metro-Goldwin-Mayer accouraient au galop au secours de ces infortunés au son du clairon en tête de la colonne de cavalerie. Pétarade et youyous des indiens sur leur chevaux bariolés. Les valeureux combattants en plumes et peinture de guerre roulent dans la poussière. Et ce qu'il faut bien appeler les colons repoussent la frontière un peu plus vers l'ouest, les Amérindiens un peu plus vers la sédentarité, celle-là même qui ruine leur culture. On n'arrête pas le cours de l'histoire, celle des blancs en tout cas. Et God bless America.

J'ai appris depuis à rétablir l'équilibre quant à la responsabilité de qui agresse qui. J'ai appris depuis que l'histoire de la plus grande démocratie de notre planète commence par ce qu'il faut bien appeler l'anéantissement d'une culture. Et le premier opus de la trilogie de Jim Fergus, Mille femmes blanches, dont je sais d'ores et déjà que je lirai les autres, est un coup de projecteur sur un sujet que les Américains ont évidemment le plus grand mal à aborder. Leur mémoire collective occulte cet enfantement dans la douleur d'une société qui aujourd'hui domine le monde.

Jim Fergus se défend de parler au nom des Amérindiens. Il ne s'en attribue aucune légitimité. N'est-il pas lui-même descendant de ces aventuriers qui, débarqués sur la côte est, n'ont eu de cesse de réduire les territoire et mode de subsistance des indigènes à la peau rouge. Il le dit dans un français plus que correct au cours des divers entretiens de promotion de ses ouvrages sur nos antennes. Il se sent plus de légitimité à évoquer le sujet avec le point de vue des femmes, ce qui est surprenant pour un homme. Des femmes qu'il faut bien en l'occurrence qualifier de blanches, puisque héritières des expatriés du Mayflower.

Mille femmes blanches contre mille chevaux. Curieux marchandage proposé par les Cheyennes reçus à Washington par le Président Ulysse Grant. Ils avaient bien compris que leur survie était dans l'assimilation. Une manière pour eux de découvrir par le métissage la civilisation qui s'imposait à eux. de toute façon, c'était ça ou disparaître. le grand chef blanc de son côté y a vu tout de suite un double intérêt, le premier de se débarrasser de personnes devenues encombrantes puisqu'il leur enverrait des femmes extraites des prisons et asiles d'aliénés, le second de surseoir au climat de guerre inéluctable provoqué par l'appétit des colons qui lorgnaient toujours plus loin dans l'appropriation des richesses naturelles des terres indiennes. Les femmes en question devaient y gagner quant à elles leur liberté. Sombre machination de dirigeants d'une communauté d'individus qui se disaient civilisés à l'égard de ceux en qui ils ne voyaient que des sauvages.

Ce que n'avait pas imaginé le gouvernement c'est que lesdites femmes découvriraient une culture plus élaborée et vertueuse qu'il ne voulait le reconnaître. Elles finiront par prendre fait et cause pour leurs nouvelles familles. Ce que n'avait pas imaginé Little Wolf, le chef de la tribu cheyenne persuadé selon sa culture qu'une parole donnée est sacrée, c'est que l'homme blanc trahirait sa promesse. Et dans pareil contexte, une promesse non tenue par l'homme blanc, c'est une entorse à la dignité. Cela se terminera dans un bain de sang.

J'ai écouté Jim Fergus parler de ses romans. J'ai aimé son humilité et la forme de sagesse avec lesquelles il évoque ce sujet douloureux. On retrouve ces qualités dans son écriture. Beaucoup de précaution de langage pour à la fois ne rien renier d'un passé honni et ne pas se mettre non plus au ban d'une société dont il est issu. C'est une écriture consensuelle qui peine parfois à traduire l'horreur des massacres qu'il faut pourtant bien évoquer comme tels. Une écriture d'une grande pudeur laquelle ne verse jamais dans l'affectation même quand les événements se font dramatiques. Une écriture qui a aussi le mérite de traduire parfaitement la communion avec la nature à laquelle s'astreignent les Cheyennes. Harmonie et équilibre qui s'expriment par le respect des indiens vis-à-vis de leur milieu de vie, quand les hommes blancs font des cartons sur les bisons depuis les fenêtres du train. J'ai aimé ce point de vue des femmes qui contre toute attente trouvent chez les Cheyennes, de tradition matrilinéaire, plus de considération que dans leur milieu d'origine bouffi de code moraux empesés.

On "n'arrête pas le cours de l'Histoire" clament les nouveaux colons. Pour sûr qu'ils ne parlaient pas de la même histoire. Celle des Amérindiens s'est bel et bien arrêtée quand ils ont été parqués dans les réserves livrés aux vices de l'oisiveté, ayant dû laisser leurs grandeur et fierté entre prairies et collines en même temps que les terres dont on les dépossédait. Mille femmes blanches est un magnifique ouvrage servi par une écriture très séduisante.
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En 1873, le chef des Cheyennes du Nord Little Wolf (1820-1904) se rend à Washington et y rencontre le président américain Ulysses S. Grant. La teneur des propos échangés demeure à ce jour inconnue. Fin de la réalité historique. A partir de là, Jim Fergus imagine la trame de Mille femmes blanches, lesquelles sont réclamées lors d'un improbable troc en échange de mille chevaux, dont « cinq cents bêtes sauvages et cinq cents autres déjà dressées ». le problème de ce roman, primé et adulé par les aficionados (400.000 exemplaires vendus en France, soit presque deux fois plus qu'aux États-Unis, prix du Premier roman étranger en 2000) est qu'il repose sur deux petites malhonnêtetés intellectuelles.
La première tient entièrement dans l'introduction et le prologue, très bien amenés, mais qui font croire en effet à un scénario bien plus ancré dans la réalité qu'il ne l'est réellement, en mélangeant documents familiaux et rapport officiels, personnages de fiction et personnages réels. La seconde réside dans l'anachronisme des mentalités des protagonistes (notamment des femmes blanches en question) qui, pour sympathiques qu'elles soient, me semblent parfaitement invraisemblables au beau milieu du XIXème siècle. Patience, je m'explique.
Le premier artifice fait à mon avis s'écrouler tout l'intérêt que l'on pourrait porter au roman. le récit des carnets de May Dodd serait en effet beaucoup plus accrocheur si on lui reconnaissait un semblant de réalité historique, si le programme FBI (Femmes Blanches pour les Indiens) avait été un épisode avéré de l'histoire des Indiens des Plaines. C'est une belle histoire, mais qui reste malheureusement virtuelle, malgré le style « autofiction » du récit. A ranger du côté des contes de fées, hélas.
Le second artifice est également indispensable à la crédibilité et à la cohérence du récit. Les femmes des années 1870 (les carnets datent de 1875-1876) étaient donc tellement émancipées qu'elles ont accepté sans rechigner de vivre Woodstock un siècle plus tôt. Personne ne peut y croire un instant. On connait le puritanisme ambiant de l'époque. le roman de Jim Fergus surfe de fait sur la vague du succès de « Danse avec les loups » (1990), film ayant, avec quelques autres, réhabilité les indiens d'Amérique du Nord pour leur côté écolo et new âge, et qui sont devenus très tendances depuis.
La réalité est tout autre. Dressée-avec-le-Poing, personnage du film « Danse avec les loups » est inspirée de Cynthia Ann Parker. Cette femme blanche (une seule femme, donc) a été capturée en 1836 et enlevée à l'âge de neuf ans par des Comanches qui ont massacré, torturé et violé sa famille lors du massacre de fort Parker. Intégrée dans la communauté, elle a été également violée et torturée, tout en étant fortement discriminée par les Comanches. Elle a été adoptée comme épouse du chef comanche Peta Nocona. Elle est restée avec les Comanches pendant 24 ans.
Dressée-avec-le-Poing et Danse-avec-les-loups, immortalisés au cinéma par Mary McDonnell et Kevin Costner, forment un couple épatant et inoubliable, mais loin de la réalité. May Dodd et Little Wolf pourraient accéder à la même notoriété si le scénario de Mille femmes blanches était un jour porté à l'écran (Hollywood a acheté les droits et Jim Fergus aurait déjà écrit plusieurs moutures de scénario). Mais ils seront, eux aussi, assez loin de la réalité.
Pour finir, j'ai trouvé qu'il manquait à Mille femmes blanches le souffle épique qui aurait convenu à ce genre de roman, et malgré ses louables intentions – faire connaître et faire apprécier la culture des amérindiens, dénoncer le comportement et la traîtrise des hommes blancs – ce roman n'a pas été à la hauteur de mes attentes. N'est pas Michael Blake qui veut.
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Je me suis enfin décidée à lire la trilogie de Jim Fergus et je ne le regrette pas.

Mille femmes blanches est un roman qui se lit vraiment très bien.
L'héroïne, May Dodd, personnage très attachant, est pleine de ressources. Et il en faut lorsque l'on part vivre chez les Cheyennes, comme une véritable squaw.
C'est l'histoire d'une poignée de femmes ayant répondu à l'appel d'un échange surprenant passé entre le président Grant et le chef indien Little Wolf : Mille femmes blanches contre mille chevaux.
Ce sont des femmes de tout horizon, au caractère plus ou moins trempé mais qui ont toutes un point commun : l'envie de changer radicalement de vie, l'envie de liberté aussi, pour s'évader de la prison, ou encore de l'asile d'aliénés, ou encore de l'emprise patriarcale des hommes...

Mais cette liberté ne s'avèrera être que de la poudre aux yeux. Sur ce peuple libre, fier et sauvage que représentent les Cheyennes plane une menace...Celle d'être parqués dans des réserves par le gouvernement américain...

Cette histoire est une pure fiction mais à travers ce roman, Jim Fergus dénonce des vérités sans jamais tomber dans le sentimentalisme.
Fervent défenseur de la cause indienne, il n'oublie cependant pas d'évoquer à quel point les Indiens pouvaient se montrer cruels et à quel point, eux aussi, pouvaient être très machistes.
Mille femmes blanches est un roman qui met les femmes en avant. Au XIXeme siècle, au pays des libertés, qu'on soit eurasienne, indienne ou enfant d'esclave, devenir libre de toute emprise masculine était une véritable gageure !

Le deuxième tome me tend déjà les bras...j'y cours.
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