AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Stockard


Washington - 1874
L'idée de départ de ce livre, et plus précisément de Little Wolf, chef de tribu Cheyenne de son état, à défaut d'être mauvaise est quand même désespérément tragique : Si les Indiens se mélangent avec des femmes blanches, il finira par ne plus y avoir d'Indiens 100% certifiés, voire plus d'Indiens du tout dans les générations futures, ainsi finies les discriminations, ségrégations et autres mises en réserves "pour votre confort"... D'accord, c'est une façon de sortir de cette ségrégation de merde mais je vous l'avais dit, c'est quand même vachement triste d'en arriver là.
Donc pour commencer, des femmes blanches, ce serait bien que le président Ulysses Grant en envoie un petit millier. Ça donnerait déjà une idée de comment ce plan qui tient pas mal la route sur papier se concrétisera dans l'Ouest sauvage.
Après propositions d'échange, atermoiements, indignations, refus et tout ce qu'on peut imaginer comme réactions à cette insolente suggestion indienne, un premier convoi d'une vingtaine de femmes part expérimenter la vie au grand air dans le but d'enseigner les rudiments de la civilisation éclairée (wasp donc) à des Indiens curieux et rigolards, mais surtout et comme prévu, de donner naissance à des papooses plus tout à fait rouges.

Dans cette petite vingtaine de dames recrutées dans des prisons, hôpitaux psychiatriques et autres endroits de villégiatures riants, se trouve May Dodd, et heureusement qu'elle était là vu que c'est elle qui va nous raconter son histoire et par extension, celle de toutes ces femmes ainsi que de la tribu-hôte.


Si on se laisse facilement entraîner dans ces carnets fictifs, il faut reconnaître une impatience qui va grandissante avec les 100 premières pages, parce que les préparations, le voyage, les petites histoires en parallèle, c'est bien beau mais ce qu'on attend, ce qu'on veut, ce qu'on nous doit – on a acheté le livre pour ça quand même – c'est la rencontre avec les Indiens et le début de la vie en tipi !
Quand enfin on y arrive, pas de déceptions, au fil des carnets de May, on s'initie nous aussi à la vie de ceux que l'homme blanc appelle "sauvages" et dont, à plusieurs reprises, on se prend à devoir se rappeler lequel des deux l'est réellement. Les Indiens mènent une vie simple et harmonieuse quand l'eau-de-feu (vendue par... ? Hmm ?? allez, c'est fastoche) pour laquelle on sait qu'ils sont incapables de se montrer raisonnables ne vient pas foutre un boxon monstre dans le campement. le bâton-qui-crache-le-feu vendu avec l'alcool ajoutant encore aux tristes retombées des cuites phénoménales qu'ils se prennent. Ajouté à cela, quelques petites guerres intestines qui mettent à mal l'ambiance qu'on voudrait croire fraternelle en dépit de tout.
C'est malgré ça un plaisir de suivre les aventures de ces femmes qui découvrent une vie qu'elles ne soupçonnaient même pas et qui finissent par brillamment s'adapter à cette existence rude mais authentique.

Et puis... et puis arrivent les dernières pages et si jusque là, on avait lu Mille Femmes Blanches avec délectation mais sans plus d'euphorie que ça, ces dernières pages changent tout à l'affaire, dammit, on a envie d'y aller, de faire quelque chose, n'importe quoi mais d'être aux côtés de ces femmes, de ces hommes et de les aider. J'en dis pas plus, ceux qui l'ont lu voient de quoi je parle, les autres, préparez-vous à un petit coup d'émotion high level.

Grâce à ces derniers chapitres, Mille Femmes Blanches passe de "très bon livre" à "quel putain de grand roman !". Jim Fergus dont c'était ma première rencontre m'a plus que charmée, une écriture riche sur une histoire incroyable dont on ne doute pas des recherches minutieuses et du boulot qu'il a abattu derrière pour nous faire le grand honneur de nous l'offrir. Il a su rendre ses personnages vivants, fouillés, Little Wolf est magnifique, May Dodd ne l'en est pas moins... C'est tellement réussi que j'hésite encore à lire La Vengeance des Mères, ça me ferait vraiment mal aux dents si c'était moins bien, et vu comme la barre est haute...

Commenter  J’apprécie          517



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}