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sur 716 notes
Il s’agit là d’une écriture très particulière. C’est la retranscription du parcours de vie d’une famille, mais selon un processus et au cours d’une procession peu ordinaires. Les sections d’expressions sont rigoureusement attribuées et secrètent un langage intérieur proche de la pensée directe, laquelle s’extériorise simultanément, au fur et à mesure de l’émergence et de la production. Ce qui nous donne un texte d’une profondeur et d’une pureté rares. Si Larbaud, Malraux, Barrault et bien d’autres encore ont pu dire de ce livre qu’il les avait marqués, à chacun alors de trouver jusqu’à quel point. Et, Tandis que j’agonise, sacré William ! Évidemment, rien ne me vaut une telle familiarité, sinon que je suis conviée à l’accompagnement d’une marche funèbre. Car en effet, si l’action m’apparaît tant réelle, c’est que la défunte n’aura revêtu ce statut qu’après l’accomplissement du vœu ultime, son retour parmi les siens, d’où le périple jusqu’en Alabama. Ce qui par ailleurs a de quoi me surprendre, quand j’entends le père, Anse, commander à Dewey Dell de préparer le repas de feu sa mère, Addie, et pour eux-autres, car dit-il : « Il faut soutenir ses forces ». De quoi me renforcer dans l’idée que la mort n’apparaît véritablement que dans l’oubli, ce d’autant que je me sens si proche de l’auteur que pourtant je découvre aujourd'hui. Mais rien n’est aussi simple, ni monotone, quand la mort de la mère se vit comme un séisme. C’est le pilier central du lien, le mur porteur de la maison qui s’écroule. Il se fissure peu à peu comme un point de saignée qui s’élargit, une plaie véritable qui prend acte peu à peu dans la chair du tout filial et familial en même temps que la mort se propage dans la réalité. Et paradoxalement, c’est beau. Le tour de force à mon sens étant que le texte est tellement vivant qu’il occulte l’esprit de gravité pour inscrire chacun en son déclin aussi bien que dans un éternel recommencement.
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La légende dit que William Faulkner aurait écrit ce roman, Tandis que j'agonise, en six semaines, en 1929.
Nous sommes dans le Mississipi, dans les années vingt. Dans cette atmosphère étouffante, je découvre une famille de paysans humbles, qui récolte le coton.
Il s'agit d'un récit polyphonique qui met en scène une famille de paysans bouleversée par ce qui arrive à leur mère, Addie Bundren, celle-ci s'apprête à mourir. Autour d'elle il y a Anse, le père et les cinq enfants.
L'auteur bouleverse ici les codes de la narration classique, convoque les personnages à travers une succession de monologues intérieurs.
Chaque personnage cache en lui un secret douloureux ou dérisoire.
Les voix des enfants sont différentes, certains sont submergés par la colère, d'autres par la tristesse et la douleur, certains par une poésie onirique. Ah ! Comme j'ai aimé la voix touchante de Vardaman...
Lorsque le roman débute, la mère n'est pas encore morte. Elle est mourante, elle est entourée de sa famille, elle est consciente, elle agonise, tandis qu'elle sait qu'elle va mourir, elle a cependant décidé d'orchestrer la fin de sa vie en demandant à son fils ainé Cash de lui fabriquer son cercueil, quasiment sous ses yeux, là-bas dans le hangar où est entreposé le coton après la récolte.
En prêtant l'oreille, dans les mots que nous délivre Faulkner, on pourrait presque entendre Cash scier, clouer, raboter... tandis qu'Addie Bundren respire difficilement, agonise...
Ce roman est une magnifique symphonie des adieux, ce sont des paysans bouleversés par la mort de leur mère.
Le silence est la base de ce roman, c'est son fondement.
Les personnages sont des gens rustiques, des taiseux, ne se parlent pas entre eux, et qui ne parlent que lorsqu'ils sont seuls ou à distance. On les sent en proie à une profonde solitude.
Il y a quelque chose de théâtral, une poésie charnelle et crépusculaire dans cette lumière du Mississippi.
La parole des uns et des autres scelle des mots, des pensées, des images, tandis que Cash scie, cloue, rabote.
Autour du cadavre de la mère, les monologues intérieurs recomposent les vies de chacun, jusqu'au point final.
Ce sont des personnages perdus dans une terre brûlante et aveugle.
Addie Bundren exprima le souhait de se faire ensevelir à quarante miles de là sur la terre de ses ancêtres.
Anse Bundren, son époux et ses cinq enfants entreprennent alors un voyage funéraire pour aller enterrer la mère sur le lieu de son souhait.
Sous un ciel orageux, le convoi s'en va.
Alors des images saisissantes viennent, une charrette tirée par des mules affolées par les flots de la rivière qu'il faut traverser tandis que les ponts ont été chavirés par le tumulte des flots, une grange qui prend feu...
Plus tard, passer de l'autre côté de la vie n'empêchera pas Addie Bundren de parler.
La voix d'outre-tombe d'Addie est vibrante d'émotion. C'est le cri d'une femme qui révèle sa douleur d'épouse qui fut. Elle dit sous la tombe enfin scellée ce que sa vie fut de souffrance et d'un manque d'amour.
La terre obscure du Mississippi n'empêche pas sa voix de venir à nous, grâce à l'écriture somptueuse de William Faulkner, avec un ton féministe qui m'a touché.
De nombreux artistes ont encensé ce très beau roman : Valéry Larbaud, Jean-Louis Barrault, David Bowie... Ils ont eu mille fois raison d'aimer ce texte éblouissant.
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Ayant déjà lu le Bruit et la Fureur, j'étais prêt à revivre une nouvelle aventure avec un autre roman de William Faulkner : Tandis que j'agonise. Un véritable défi puisqu'il s'agit d'une lecture exigeante qui demande beaucoup d'attention. A vrai dire, on se sent comme à la recherche de la solution d'une énigme dont les indices sont éparpillés et enfermés hermétiquement dans des cachettes obscures. Et l'on doit ainsi suivre et trouver tout ce qui peut nous aider à comprendre ces mystères. C'est comme si William Faulkner n'informe pas, il cache, et par conséquent, c'est au lecteur de reconstituer l'histoire.

Tandis que j'agonise est un exercice de lecture à la fois difficile et captivant, puisqu'à chaque fois qu'on éclaircisse un événement ou on découvre un secret, on est plus content et plus excité aussi. Cette difficulté vient de plusieurs éléments. D'abord, le nombre de narrateurs, presque une quinzaine. Et là le lecteur doit s'adapter à la psychologie de chaque personnage puisque chaque chapitre raconté par un personnage est une sorte de monologue où le narrateur s'exprime avec liberté. Cette méthode s'inscrit dans ce qu'on appelle le courant de conscience et qu'on retrouve aussi chez Virginia Woolf entre autres. Ensuite, la narration polyphonique ne suit pas toujours un déroulement purement chronologique ; des flash-back, des ellipses narratives et parfois de véritables délires ou paroles d'enfant entrent en jeu. N'oublions pas que les narrateurs sont diverses et représentent des âges aussi différents et une multitude de caractères. Enfin, il est plus question d'expression intime et de monologue interne que de véritable narration ; autrement dit le narrateur ne cherche pas à informer le lecteur mais d'exprimer ses sentiments, de justifier ses actes, de juger les actes des autres et parfois de donner libre cours à ses divagations.

Tandis que j'agonise ; titre assez poétique ! cela est normal puisqu'il est inspiré d'Homère. Chose étrange, le titre de son roman précédent le Bruit et La Fureur lui aussi est inspiré d'un poète ; Shakespeare. Tandis que j'agonise est une marche funèbre dans l'impossible à travers les misères d'une famille où chaque membre est isolé comme une île dans un archipel. Chacun est animé par des sentiments différents et un but personnel (pour certains personnages) tout en participant à ce voyage qui devient une véritable odyssée. L'affaire tourne mal et effleure la catastrophe. Chaque personnage est affecté d'une manière ou d'une autre. L'auteur, avec une excellente maîtrise psychologique, a réussi à mener jusqu'au bout son défi romanesque et à maintenir la tension jusqu'au bout en multipliant les coups de théâtre. La chute du roman même en est une.

A vrai dire, je ne veux pas donner plus d'indices pour ne pas ôter le charme d'une lecture sans à priori.
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Toujours un plaisir de lire un Faulkner encore jamais lu. Et étrange que j'ai mis tant de temps à lire celui-là. C'est en effet un des premiers traduits en France, qui aura permis à toute une génération d'intellectuels de découvrir Faulkner et a même été adapté sur scène à l'époque en 1935, à peine traduit.

L'écriture du livre est contemporaine du Bruit et la fureur (qui reste pour moi son chef d'oeuvre) et du scandaleux Sanctuaire (qui lui amènera la notoriété aux Etats-Unis). Faulkner y déploie son art du monologue intérieur, mais avec la prouesse de le faire avec une multitude de personnage successifs. La technique du courant de pensée, où on est aux premières loges pour observer la pensée en train de se construire de chacun des personnages, est totalement maîtrisée ici. Il fait partie de ces livres où il faut s'accrocher pour saisir tous les tenants et aboutissants et où, une fois l'effort accompli, on ne peut qu'être subjugué par les prouesses d'écriture et saisi par l'authenticité que cela confère aux personnages.

Le contexte, bien annoncé par le titre, de l'agonie et du décès de la mère et de ses conséquences sur une famille nombreuse (le père, les quatre fils et la fille) permet une observation sociologique mais surtout psychologique voire psychanalytique de ce qui se joue dans ces instants. le tout trouve son cadre dans un périple au coeur du Sud américain profond, dépeint justement, sans bienveillance exagérée mais avec sincérité.

Mis sous le microscope faulknerien, les personnages ne peuvent qu'apparaître terribles, la dissection n'étant pas l'exercice qui embellisse le plus. En parallèle du Bruit et de la Fureur, autopsie d'une famille bourgeoise de ces régions, c'est ici le peuple de la terre qui est scruté et, à rebours d'un Steinbeck qui en magnifie la plupart du temps le courage, c'est plutôt les bassesses, les renoncements et les égoïsmes de chacun que l'auteur nous donne à voir, comme un miroir de nos propres faiblesses.
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William Faulkner n'est pas un grand sentimental. Il contamine chacun de ses personnages de son mal-être qu'il noie dans des litres de whisky. La boisson alcoolisée lui ouvre les portes de sa psyché, fait sauter les cadenas du coffre qui renferme toutes ses angoisses et toutes ses frustrations, et lui permet de déverser dans un flot illusoirement non maîtrisé de mots toute l'horreur banale que lui inspire la vie, sa vie.
Dans « Tandis que j'agonise », Addie Bundren est en train de mourir. Elle est la mère de cinq enfants qu'elle a élevés dans une petite ferme du comté de Yoknapatawpha dans le Mississippi. Son mari, Anse, a fait la promesse de ramener sa dépouille à Jefferson, à plus de 40 miles de leur maison. Il aurait préféré consacré l'argent des obsèques à l'achat d'un dentier, mais il y a parole donnée et il s'y tiendra. Elle n'a pas expiré son dernier souffle que l'on entend le rabot de Cash, son fils aîné, polir les planches de son cercueil… alors le cercueil prit la route…
Faulkner décrit parfaitement l'égoïsme de ses personnages, écartelés entre leurs aspirations personnelles et le respect de la morte, la sécheresse de leurs sentiments justifiée par un contexte de précarité, à la limite d'une grande pauvreté et par la rudesse d'une vie envahie par le travail manuel.
Faulkner n'est pas quelqu'un d'agréable à vivre. Il dira à sa fille que personne ne se souvient du prénom des enfants de Shakespeare. On ne peut pas dire que dans la famille Falkner, car le « u » n'est venu que plus tard, que l'on déborde d'attention vis-à-vis de ses enfants. D'ailleurs il déteste son père. Lors d'un séjour à Paris, Faulkner qui a loué une chambre près du jardin du Luxembourg, est surpris de voir les français parler à leurs enfants comme s'ils étaient leurs égaux, leur témoigner de l'intérêt.
Il recopie cette relation dénuée de sentiment, à la limite de l'humanité qu'il a connu pour l'appliquer à Anse et à sa progéniture, une relation fonctionnelle où chacun se sert des autres pour avancer vers son propre but.
L'auteur a sûrement fait les frais dans sa jeunesse de ce manque d'affection de la part de sa famille et peut être y trouve-t-on là le début d'une explication quant à l'absence d'émotions de ses personnages, leur insensiblerie et son choix d'aller les pêcher dans les couches sociales les plus basses de l'Amérique, parmi les « nègres blancs » du Sud, les « white trash », traduisez : les salauds de pauvres, afin d'illustrer la bestialité de ce type de rapport.
Faulkner écrit « Tandis que j'agonise » en quelques semaines, en même temps qu'il rédige la seconde version de « Sanctuaire ». Une diversion qui est une excellente entrée en matière sur l'ensemble de l'oeuvre de cet auteur et qui permet de se familiariser avec l'hermétisme de son écriture et la folie aliénante de ses histoires, tant dans le fond que dans la forme.
Ce serait certainement le premier roman de Faulkner à lire avant de s'attaquer au reste.
Traduction de Maurice Edgar Coindreau.
Préface de Valery Larbaud, postface de Michel Gresset.
Editions Gallimard, Folio, 246 pages.
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"Tandis que j'agonise" est un roman d'une grande beauté…
J'y ai retrouvé la peinture du monde de la campagne américaine dans les années 1930, qui m'avait plu dans "Des souris et des hommes", de John Steinbeck. Avec quelque chose en plus, lié à la dimension religieuse et métaphysique très présente dans le texte peut-être.
Avec des choses en moins aussi ; je n'y retrouve ni la même humanité des personnages, ni la même force.
Mais il y a là de grandes qualités d'écriture, de description de l'Amérique paysanne des années 30.
Et c'est un plaisir.
Un plaisir de lire un texte comme ça, avec une écriture telle que celle-ci.
Un plaisir de lire un texte aussi complexe symboliquement et aussi plein d'intelligence.
Un plaisir de découvrir une telle peinture de la campagne américaine dans les années trente.
Un bonheur, un grand et vrai bonheur.
Un très bon livre.
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Comment expliquer simplement tout ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre, Prix Nobel de littérature en 1949, monument de la littérature Américaine, histoire ô combien noire mais qui pourrait être drôle, si l'humour noir de ce roman pouvait être considéré comme drôle.

J'apprécie l'humour noir et trash, mais là, j'ai ri jaune.

J'ai vu une famille pauvre assister au déclin de leur mère (et épouse pour le père), j'ai vu un fils aîné fabriquer un cercueil sous les yeux de sa mère agonisante qui a tout supervisé, j'ai vu deux fils louper le grand voyage de leur mère car ils étaient sur la route pour gagner encore quelques dollars.

J'ai assisté, impuissante, au voyage totalement fou d'un veuf et de ses 5 enfants, le corps de la décédée reposant dans le cercueil à l'arrière de la charrette, pour aller l'enterrer dans un autre comté, répétant à tous que c'était sa décision à elle.

Un périple qui n'était pas de tout repos, qui fut dangereux, aux multiples périls dont la montée des eaux et des ponts emportés, plus la chaleur qui amènera des odeurs pestilentielles et des charognards. Un voyage qui causera l'explosion de la famille.

Nous sommes face à un roman bourré de noirceur, qui a de l'humour, car la farce est grotesque mais noir, car rien ne prête à rire dans ces pages.

Le style de Faulkner est particulier. Déjà, il nous propose un roman choral et je pense qu'en 1930, ce n'étais pas aussi courant que maintenant. Chaque membre de la famille prendra la parole, dans un monologue, une introspection qui lui sera particulier, puisque chaque personnage a ses tics de langage, ses manies, ses obsessions, ses mots bien à lui.

Au départ, j'ai eu un peu de mal, ayant l'impression que le récit était une cacophonie sans nom et puis, en persévérant un peu (c'était Faulkner, que diable), j'ai trouvé mon rythme de lecture et j'ai eu du mal à en sortir à la moitié du récit, mais bon, fallait bien aller au turbin.

Véritable roman de moeurs rurales, Tandis que j'agonise met en scène une famille du Sud Profond, dans le même genre qu'Erskine Caldwell, car le père Anse Bundren a la mauvaise foi chevillée au corps comme l'avait Jeeter Lester (La route au tabac), mais moins prononcée que ce dernier, bien que les références à "Dieu m'est témoin" parsèment aussi ses dialogues, mais de chrétien, Bundren n'en a que le nom.

Toute sa vie, Anse Bundren l'a passée à gémir, n'a jamais été un grand travailleur, ni un homme de parole et on se demande avec suspicion pourquoi diable il tient tant à respecter les dernières volontés de son épouse sur son lit de mort. C'est louche… Surtout que dès le début du roman, la principale intéressée ne pourra pas nous le confirmer, vu qu'elle a cessé de parler.

En plus, ce crétin est parti sans pelle pour creuser une tombe ! Mais il nous rabâche sans cesse qu'il doit acheter un dentier pour arriver à manger les aliments que Dieu a fait pour lui… Je pense que de tous les personnages de la famille, il est le plus égoïste.

Pour les décors, Steinbeck a dû passer par-là car ils sont magnifiques, épurés, décrit avec peu de mots et pourtant, tout le poids de la Nature est dans ces pages, toute sa force, toute sa magnificence et toute sa perfidie.

Un portrait au vitriol d'une famille rurale, des introspections qui nous placent au plus près des pensées des personnages, une voyage semé d'embûches et une fois arrivés, les enfants n'en seront pas au bout de leur surprises, et nous non plus.

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Exploration des tréfonds de l'Amérique comme de ceux de l'âme humaine dans ce périple à la fois dantesque et misérable pour amener la dépouille de la mère sur les terres de sa famille.

Il se dit que c'est James Joyce qui a inspiré avec son Ulysse le format du roman choral à Faulkner; m'est avis que pour le coup c'est bien Faulkner qui est à l'origine des innombrables romans choraux publiés aux Etats-Unis par de jeunes auteurs passés par les cours de creative writing. Or, sans conteste, c'est lui le maître du genre avec ce profontissime Tandis que j'agonise.
Là où chez d'autres la convocation de plusieurs narrateurs ne fait que multiplier les points de vue et donner du rythme au récit (ce qui est déjà bien!), chez Faulkner c'est à chaque fois un nouvel univers intime qui s'ouvre à travers les yeux de ses personnages et leurs murmures intérieurs. Un univers borné, miséreux, tragique, matériel, mais qui révèle des âmes agitées et plus denses qu'il n'y parait.
C'est dérangeant Faulkner, ça saigne, ça pue, mais c'est d'une force incomparable.
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Un livre dont on ne sort pas indemne, pétri de symboles, façonné avec une multitude d'axes de lecture, il s'agit sans conteste d'un chef d'oeuvre...
Dans un décor à la Steinbeck, une ambiance mystique aisément comparable au Beloved de Toni Morrison, Faulkner nous emmène dans une aventure familiale épique, enveloppée de mort... Ouvrage néo-romantique, les ingrédients du courant du XIXe sont tous là : isolement, nature hostile, folie, mort, tourments, mystique...
Si la lecture de l'ouvrage paraît, d'abord, difficile et la trame décousue, que les dialogues semblent tout droit sortis d'esprits simples, le lecteur s'accommode vite de ce rythme qui participe à l'atmosphère et à la complexité simplette des personnages. "Tandis que j'agonise", roman sur la misère paysanne du Mississippi des années 30, et sur une procession funèbre aventureuse, distille une vapeur de souffre, un sentiment de crainte, où rôde, latent, le jugement dernier. A chaque chapitre, son narrateur, sa voix propre, processus permettant d'entrer dans l'intimité de chaque personnage pour une immersion totale dans leur délicate rudesse. le style, ha le style! et bien voici par exemple comment Faulkner décrit Anse le père de famille au chevet de sa femme mourante: "sa silhouette voûtée a cette allure hérissée et grincheuse de hibou offensé qui cache une sagesse trop profonde ou trop inerte pour pouvoir même être conçue." ... A vos mirettes... Pour ma part, je me jette sur "Le Bruit et la Fureur"

NB : Pour aller plus loin : très belle adaptation cinématographiques par James Franco notamment sélectionné au festival de Cannes dans la catégorie "Un certain regard"
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Faulkner fait dorénavant partie de ma bibliothèque et il y est en très bonne place. Après le bruit et la fureur, tandis que j agonise vient confirmer mon plaisir à lire cet auteur. Cet ouvrage est plus simple à lire que le bruit et la fureur.tous des personnages alternent en cours chapitres et poursuivent l histoire de leur point de vue. La phrase"farce très haute en couleur" se trouve en 4 ème de couverture. Ç est plutôt tragique et l écriture de Faulkner donne à certains passages sans doute grotesque une dimension terrible. A découvrir si ce n est déjà fait. Faulkner est vraiment un écrivain majeur. En tous les cas pour les deux ouvrages cités, inutile d avoir un 180 de Q.I ou d avoir suivi un cursus littéraire pour les lire sans s arracher les cheveux. . Certaines critiques laissées sur le site me semblent excessives sur la difficulté à aborder ces oeuvres. Car ce sont vraiment des oeuvres.
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