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Critique de JacobBenayoune


Ayant déjà lu le Bruit et la Fureur, j'étais prêt à revivre une nouvelle aventure avec un autre roman de William Faulkner : Tandis que j'agonise. Un véritable défi puisqu'il s'agit d'une lecture exigeante qui demande beaucoup d'attention. A vrai dire, on se sent comme à la recherche de la solution d'une énigme dont les indices sont éparpillés et enfermés hermétiquement dans des cachettes obscures. Et l'on doit ainsi suivre et trouver tout ce qui peut nous aider à comprendre ces mystères. C'est comme si William Faulkner n'informe pas, il cache, et par conséquent, c'est au lecteur de reconstituer l'histoire.

Tandis que j'agonise est un exercice de lecture à la fois difficile et captivant, puisqu'à chaque fois qu'on éclaircisse un événement ou on découvre un secret, on est plus content et plus excité aussi. Cette difficulté vient de plusieurs éléments. D'abord, le nombre de narrateurs, presque une quinzaine. Et là le lecteur doit s'adapter à la psychologie de chaque personnage puisque chaque chapitre raconté par un personnage est une sorte de monologue où le narrateur s'exprime avec liberté. Cette méthode s'inscrit dans ce qu'on appelle le courant de conscience et qu'on retrouve aussi chez Virginia Woolf entre autres. Ensuite, la narration polyphonique ne suit pas toujours un déroulement purement chronologique ; des flash-back, des ellipses narratives et parfois de véritables délires ou paroles d'enfant entrent en jeu. N'oublions pas que les narrateurs sont diverses et représentent des âges aussi différents et une multitude de caractères. Enfin, il est plus question d'expression intime et de monologue interne que de véritable narration ; autrement dit le narrateur ne cherche pas à informer le lecteur mais d'exprimer ses sentiments, de justifier ses actes, de juger les actes des autres et parfois de donner libre cours à ses divagations.

Tandis que j'agonise ; titre assez poétique ! cela est normal puisqu'il est inspiré d'Homère. Chose étrange, le titre de son roman précédent le Bruit et La Fureur lui aussi est inspiré d'un poète ; Shakespeare. Tandis que j'agonise est une marche funèbre dans l'impossible à travers les misères d'une famille où chaque membre est isolé comme une île dans un archipel. Chacun est animé par des sentiments différents et un but personnel (pour certains personnages) tout en participant à ce voyage qui devient une véritable odyssée. L'affaire tourne mal et effleure la catastrophe. Chaque personnage est affecté d'une manière ou d'une autre. L'auteur, avec une excellente maîtrise psychologique, a réussi à mener jusqu'au bout son défi romanesque et à maintenir la tension jusqu'au bout en multipliant les coups de théâtre. La chute du roman même en est une.

A vrai dire, je ne veux pas donner plus d'indices pour ne pas ôter le charme d'une lecture sans à priori.
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