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Critique de Meps


Meps
14 décembre 2018
Toujours un plaisir de lire un Faulkner encore jamais lu. Et étrange que j'ai mis tant de temps à lire celui-là. C'est en effet un des premiers traduits en France, qui aura permis à toute une génération d'intellectuels de découvrir Faulkner et a même été adapté sur scène à l'époque en 1935, à peine traduit.

L'écriture du livre est contemporaine du Bruit et la fureur (qui reste pour moi son chef d'oeuvre) et du scandaleux Sanctuaire (qui lui amènera la notoriété aux Etats-Unis). Faulkner y déploie son art du monologue intérieur, mais avec la prouesse de le faire avec une multitude de personnage successifs. La technique du courant de pensée, où on est aux premières loges pour observer la pensée en train de se construire de chacun des personnages, est totalement maîtrisée ici. Il fait partie de ces livres où il faut s'accrocher pour saisir tous les tenants et aboutissants et où, une fois l'effort accompli, on ne peut qu'être subjugué par les prouesses d'écriture et saisi par l'authenticité que cela confère aux personnages.

Le contexte, bien annoncé par le titre, de l'agonie et du décès de la mère et de ses conséquences sur une famille nombreuse (le père, les quatre fils et la fille) permet une observation sociologique mais surtout psychologique voire psychanalytique de ce qui se joue dans ces instants. le tout trouve son cadre dans un périple au coeur du Sud américain profond, dépeint justement, sans bienveillance exagérée mais avec sincérité.

Mis sous le microscope faulknerien, les personnages ne peuvent qu'apparaître terribles, la dissection n'étant pas l'exercice qui embellisse le plus. En parallèle du Bruit et de la Fureur, autopsie d'une famille bourgeoise de ces régions, c'est ici le peuple de la terre qui est scruté et, à rebours d'un Steinbeck qui en magnifie la plupart du temps le courage, c'est plutôt les bassesses, les renoncements et les égoïsmes de chacun que l'auteur nous donne à voir, comme un miroir de nos propres faiblesses.
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