Lumière de lune. La petite fille et la vieille dame
allongées loin l’une de l’autre.
Extrait 2
LA VIEILLE DAME : il est descendu en ville
LA PETITE FILLE : et il a tout dépensé. Il s’est
payé un beau costume tout neuf, une petite
bagnole de sport, et il est allé dîner en compagnie
d’une jolie petite pépée dans le meilleur restaurant
de la ville. Mais
LA VIEILLE DAME : le soir
LA PETITE FILLE : quand il est rentré,
LA VIEILLE DAME : la nuit
LA PETITE FILLE : lui a demandé :
LA VIEILLE DAME : « Rends-moi la lune ! »
LA PETITE FILLE : Hélas,
LA VIEILLE DAME : au fond de sa poche,
LA PETITE FILLE : plus qu’une poignée
LA VIEILLE DAME : de monnaie.
LA PETITE FILLE : Alors,
LA VIEILLE DAME : il s’est pas dégonflé,
LA PETITE FILLE : il a retiré son chapeau,
LA VIEILLE DAME : et à la lune, à la deux, à la trois
LA PETITE FILLE : il s’est jeté du haut de la mon-
tagne dans le
LA VIEILLE DAME : ciel !
LA PETITE FILLE : Et c’est depuis ce jour que,
LA VIEILLE DAME : la nuit,
LA PETITE FILLE : la lune
LA VIEILLE DAME : a la tête
LA PETITE FILLE : d’un petit bonhomme
LA VIEILLE DAME : qui a bien mangé.
LA PETITE FILLE : Mais il a sauté si loin
LA VIEILLE DAME : que toute la monnaie
LA PETITE FILLE : qu’il avait
LA VIEILLE DAME : au fond de sa poche
LA PETITE FILLE : s’est envolée.
LA VIEILLE DAME : Et c’est depuis ce jour que,
LA PETITE FILLE : la nuit,
LA VIEILLE DAME : il y a les étoiles.
Noir.
p.36-37
LE PROMENEUR : Et on pourrait faire un petit tour à la mer.
LA PETITE FILLE : Oui, monsieur.
LE PROMENEUR : Le reste, y a qu'à le jeter.
LA PETITE FILLE : Oui, monsieur.
LE PROMENEUR : Et arrête de m'appeler monsieur !
LA PETITE FILLE : Oui, chéri.
LE PROMENEUR : Arrête de m'appeler chéri !
LA PETITE FILLE : Oui, placard.
LE PROMENEUR : Arrête de m'appeler placard !
LA PETITE FILLE : Oui, papa !
LE PROMENEUR : Éteins !
Lumière de lune. La petite fille et la vieille dame
allongées loin l’une de l’autre.
Extrait 1
LA PETITE FILLE : Un jour,
LA VIEILLE DAME : la nuit,
LA PETITE FILLE : au petit matin,
LA VIEILLE DAME : la lune
LA PETITE FILLE : a disparu
LA VIEILLE DAME : derrière la montagne
LA PETITE FILLE : et elle est tombée
LA VIEILLE DAME : dans la poche
LA PETITE FILLE : de mon berger
LA VIEILLE DAME : comme une petite pièce d’or.
LA PETITE FILLE : Aussitôt,
LA VIEILLE DAME : il a sauté dans ses souliers,
LA PETITE FILLE : et après avoir fermé ses mou-
tons à clé…
p.36
LA VIEILLE DAME : Quand vient le petit matin, la nuit c'est plus qu'une tasse de café posée sur la table de la cuisine. On l'avale d'un coup sec en se brûlant la gorge, et on oublie tous les cauchemars qu'on a faits.
Mais pas les enfants ! Cest que des grands bols de lait froid qu'ils avalent, le matin.
Voilà ! Je crois que j'aurai tout vu, moi !
Éteins !
Dans le noir.
LA PETITE FILLE : T'as froid ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as faim ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as mal ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as peur ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : Qu'est-ce que t'as, alors ?
Un temps.
p.43
CONFERENCE PHILIPPE DORIN
Association REEL