La vraie vie

La narratrice, une petite fille de 10 ans, débute son récit ainsi : « A la maison, il y avait 4 chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. » Elle habite un lotissement en Belgique, le Démo, quartier de maisons préfabriquées devenu insalubre et moche (le Démoche). Elle vit auprès d'un père violent, (chasseur de gros gibier qui collectionne ses trophées dans la pièce des cadavres), d'une mère battue et soumise, aussi translucide qu'une « amibe », qui vit dans la crainte mais trouve du réconfort auprès des animaux (biquettes et perruche) qu'elle élève et de son jardin. Gilles, le petit frère de 6 ans, est son complice de jeu dans la décharge des voitures, ou dans le bois des Petits Pendus, pour aller écouter les légendes de Monica. Elle est aussi sa protectrice en veillant sur lui. Leur récompense: acheter une glace au vieux marchand ambulant du quartier.
Hélas, l'accident violent qui coûtera la vie de ce marchand de glace, traumatise Gilles qui ne parlera plus et passera de plus en plus de temps dans la chambre des cadavres à parler à la « hyène », dévoré par « la vermine » qui a pris le pouvoir de son cerveau. Il deviendra de plus en plus sadique et violent. Sa soeur n'a qu'un souhait revenir dans le passé pour retrouver le petit frère d'antan. Elle veut construire un vaisseau tel celui du Retour vers le futur.
Cinq années passent. Au prix de mille ruses, elle essaie d'échapper à son père. Elle se passionne pour les travaux de Marie Curie et la physique quantique, aidée en cela par un professeur qui a perçu en elle ses dons pour la physique. Elle paie ses cours de physique grâce au baby sitting qu'elle fait chez les voisins :la Plume et le Champion dont elle tombe amoureuse. Son obsession est de guérir son frère et protéger sa vie et ses rêves.
Le récit monte en violence, culmine avec le suspense d'une traque en forêt. Sorte de conte mais surtout roman de survie en milieu hostile, l'histoire d'une métamorphose : celle d'une enfant devenue guerrière, l'histoire d'un combat terrible que l'auteur traite avec des scènes extrêmement fortes.

« T'as du cran microbe. le cran de ceux qui font de grandes choses » !

Moi aussi je fais mon « Retour vers le futur » avec ce titre de la Rentrée Littéraire 2018 qui est arrivé dans ma PAL par hasard…
Ce roman nous plonge dans la vie d'une fillette de 10 ans (sans prénom, c'est étrange) qui, pour rendre le sourire à son frère, va tout faire pour remonter le temps (Doc, sors de ce corps !). Sauf que cela ne se passe pas comme prévu…dans la vraie vie ! Mais que connait-on de la vraie vie lorsque l'on habite un pavillon rempli d'animaux morts, que son père bât sa mère et traumatise ses enfants ?

On plonge dans cette lecture comme on assiste à l'arrivée d'un orage : on sent l'atmosphère se charger d'électricité au fil des pages, on voit les nuages (problèmes) qui arrivent et le vent qui se lève, jusqu'à l'arrivée de cette onde de froid qui déclenche le tonnerre…
C'est un roman loufoque même si la tragédie qui bascule Gilles, le frère, dans le mutisme et la violence est assez épouvantable…mais tellement irréelle ! L'auteure semble jouer avec cette confusion entre réel et irréel, on doute parfois de son histoire : et si tout cela n'est qu'un rêve/cauchemar d'enfant ? Il est vrai que, vouloir ressusciter la Delorean du film « Retour vers le futur » pour ramener son frère « avant la tragédie », est assez drôle surtout que la fillette croit dur comme fer à cette possibilité et se met en tête de devenir une crack en physique, comme Marie Curie, pour réussir. Mais, la monstruosité du père, le danger imminent de cette vraie vie nous rappellent à la réalité.
Malgré les situations difficiles et l'urgence à combattre pour sauver son frère, la fillette ne baisse jamais les bras, elle a une volonté de fer, « je refusais d'être une proie ou une victime, mais je voulais rester vivante ». Son amour, inconditionnel, pour son frère lui permet de tout affronter et surtout de croire que, un jour, tout redeviendra comme avant.
Magnifique premier roman de Adeline Dieudonné ! Je l'ai lu d'une traite, impossible de le lâcher ! Je serai au Rendez-vous si elle sort un 2ème livre !

Sidération. Beaucoup, partout. Profondément.
Dans tout ton coeur, dans toute ton âme.
Une sidération qui te mange l'esprit et te dévore le coeur. Qui te laisse là, sur ton fauteuil, comme elle le ferait au bord de la route. Tu te sens un peu soûl, hésitant, malhabile, dans un état second.
Une sidération qui te dit : « Ne bouge pas. Laisse-toi faire. Laisse moi te prendre et t'envahir, laisse-moi te dévorer. Comme ce livre l'a fait : te dévorer.

Tu te dis : lire jusqu'au bout de la nuit, sous les draps, avec ta lape frontale comme unique compagne, très peu pour moi ! J'ai passé l'âge ! Je vais m'esquinter les yeux et me réveiller l'oeil rougi et les traits tirés. Et puis tu entames La vraie vie et puis plus rien n'existe autour de toi. Tout continue de tourner, tout continue de vivre. Merveilleuse mécanique, si bien huilée, admirable réalité. La vie continue mais autour de toi. Tout autour de toi. Et sans toi.

Tu n'attends plus qu'une chose : te retrouver seul pour lire ! Te replonger dans ses mots ! Tu t'accroches à ses pages comme un condamné à la vie ; tu t'accroches à ses phrases comme un damné à la liberté. Avide. Tu te laisses consumer de l'intérieur, tout ton ventre brûle, tes poumons s'enflamment et ton regard cherche une échappatoire. Celle-là même que la narratrice (elle n'a pas de nom) s'emploie à trouver durant toute cette histoire !

La Vraie vie, c'est celle de notre narratrice, âgée de dix ans au début du roman (et de quinze à la fin), celle de son petit frère, Gilles, garçon rieur et plein de vie, celle de son père, colérique chasseur de gros gibier, violent à ses heures – terriblement triste aussi -, et celle de sa mère, amibe craintive, soumise aux humeurs et aux coups de son mari. le samedi se passe en compagnie de Gilles, à jouer entre les carcasses des voitures, non loin du pavillon sans âme et sans joie que constitue leur maison.

Jusqu'au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent. Gilles cesse de rire et sa tête se remplit de terreur et de vermines, de petites bêtes malfaisantes venues lui grignoter le cerveau et lui dévorer l'âme, minuscules coups de boutoir, image d'une invasion.

Du haut de ses dix ans, elle (notre narratrice) voudrait revenir en arrière, tout annuler, faire basculer l'espace-temps et sauver son petit frère qu'elle aime d'un amour intense et maternel. Effacer cette vie qui n'est autre pour elle que le brouillon de l'autre, celle qui doit et devrait être. Celle qui sera. En petite guerrière des temps modernes, elle se retrousse les manches et plonge la tête la première dans le monde. Celui dans lequel elle ne deviendra pas comme sa mère : une proie. Alors elle fait diversion, passe entre les gouttes et les coups qui ne cessent de pleuvoir autour et en-dedans, découvre cette bête qui grandit dans son ventre et lui donne de la puissance, et conserve l'espoir que tout s'arrange, que Gilles retrouve sa joie d'être au monde.

L'écriture d'Adeline Dieudonné est bouleversante, lumineuse et touchante. Avec les mots d'une enfant de dix ans, elle te dit la vie dans toute sa cruauté. Avec ses images d'enfant –celle de la hyène aux yeux jaunes ou de la vermine grignotant le coeur- elle te donne à voir toute l'intensité de la méchanceté et de la peur.

Je me suis laissée terrifier par ce père violent et cruel,
Toucher par cette mère ayant laissé loin derrière elle ses dernières défenses,
Entrainer par la puissance de cette gamine.

Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas happée comme celui-ci, dévorée. J'était insatiable, incapable de m'arrêter, éberluée par cette force et cette terreur, emportée par cette cruauté magnifiée. Emplie de désir aussi, car l'écriture est aussi tranchante que sensorielle. J'ai beaucoup entendu parler de ce roman comme la révélation de la rentrée littéraire. Je n'aime pas beaucoup ce terme car il a le défaut de mettre en lumière un livre et un seul alors que tant d'autres, tout aussi grandioses, restent dans l'ombre. Question de com' probablement. Alors la révélation, sans doute pas, mais une révélation oui ! Oh que oui ! Une sublime révélation. de celle que tu te refuses de terminer de peur de voir un grand vide s'installer en toi, et puis parce que Dieu que c'est bon d'être emporté de la sorte, par tant de lumière et de sagesse, tant de beauté et de cruauté.

Parce que tu ne sortiras pas indemne de l'épisode dans la forêt, vraiment pas. Ni de celui qui vient clôturer le roman d'ailleurs. D'y penser et je tremble encore, de retrouver l'état dans lequel j'étais en terminant le roman, à la hâte et languissante à la foi. Fébrile.

Ce livre est pour toi, grand amateur de belles histoires narrées,
Pour toi aussi, lecteur du dimanche peinant à terminer un livre habituellement.
Il est pour toi et crois-moi, tu le finiras celui-là ! Avec un pincement au coeur et un rayon de soleil dans la tête. Avec beaucoup de joie et une pointe de tristesse. Là, juste là.

Crépitement magique, explosion sensorielle, superbe lecture, La vraie vie est tout cela à la fois. Chaude et moelleuse, hideuse et terrifiante, délicieuse et enflammée. Rugissante comme une bête, poussant au creux de nos tripes.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..

Avec sa plume juste et vibrante, Adeline Dieudonné nous entraîne dans le récit brutal d'une enfance volée. Elle nous plonge dans l'horreur d'une famille détruite, en nous laissant toujours planer une lueur d'espoir, tel un phare dans l'océan. Un premier roman exceptionnel, glaçant et captivant qui me laissera sans conteste un souvenir indélébile !
Lien : https://unepauselivresque.wo..

Pas le temps de finir cette chronique que ce roman décroche deux prix en l'espace de quelques jours. le prix filigrane et le prix roman Fnac 2018. Et pour une fois c'est mérité, car ce livre est un coup de poing dans la rentrée littéraire. Un premier roman qui enflamme tout ceux qui le lisent.

Je n'ai pas échappé à l'engouement général, et je ne ferais qu'ajouter par une chronique trop longue une liste exhaustive d'adjectifs qualificatifs positifs inutiles à mon sens. Un roman de 145 pages qui se savoure donc à vitesse grand V, enlevé par le style jubilatoire de l'auteure et cette histoire vécue par cette gamine de 10 ans, qui se fera guerrière pour préserver l'innocence de son petit frère et éviter de devenir une amibe comme sa mère.....

Foncez!

Banana score: 5 bananes ma brave dame!
Lien : https://www.bertrandpeillard..

Une ambiance étrange, le réel se mêle à l'imaginaire de l'auteur. L'héroïne grandit dans une famille où l'état psychologique des personnages posent de nombreuses questions. Violence ? Folie ? Dépendance ? Autonomie ? Résilience ? Rencontres heureuses et malheureuses de la vie … Un premier roman qui crée une réelle tension à la lecture, et donne envie de lire le prochain ouvrage !

N'ayant pas apprécié, je propose ce livre à l'échange !
Juste une petite critique courte. Après tant d'éloges lus, entendus, j'avoue que la lecture de ce petit roman est franchement décevante. le parti pris de l'absence totale d'émotions ne me convient pas, à mon avis ça rend assez facile l'écriture de l'horreur et du coup ça perd absolument tout son sens. Pourquoi inventer et écrire une histoire avec des situations absolument horribles et très violentes si on ne retire aucune émotion? Cela n'a aucun sens pour moi, il se pose la question du pourquoi ce thème ? C'est un coup d'essai d'une jeune Autrice qui a eu un gros coup de bol pour son prix, et ça n'est pas encore mérité. Je crois qu'il faut juste qu'elle travaille encore beaucoup. Je n'ai pas eu d'intérêt, du plaisir à la lecture c'est surtout que ça ne m'a pas apporté quoi que ce soit.En fait on dirait un petit peu une rédaction dont le sujet serai: Imaginez une situation absurde, invraisemblable mais extrêmement violente, et décrivez là en soignant vos descriptions de façon totalement détachées et sans aucune émotion.'' Elle aurait eu une bonne note

Un livre touchant et émouvant. Ce livre aborde le thème de la maltraitance vu à travers les mots d'une enfant.

Il y a un énorme décalage entre la violence de cette histoire et la poésie avec laquelle elle est racontée. le personnage principal vit des moments terribles mais ne s'attarde pas sur ce qu'elle subit, sa priorité c'est son petit frère. Finalement ce livre est triste mais parle surtout d'espoir.

Difficile de quitter ce livre car il est très bien écrit. J'ai même versé une petite larme sur la fin.

Voilà. Vite acheté. Vite lu. Vite rangé. Et probablement vite oublié.

Je ne vais pas ici proposer un énième commentaire sur un livre dont on sait le destin en librairie, médiatique, et dans le champ des "prix littéraires".

Comme d'autres avant moi, je dois reconnaître que ce livre a certaines qualités, qu'il est écrit de façon fluide, qu'il embarque le lecteur et qu'il se lit quasi d'une traite (il est très court, en fait!).

Mais ce ne sont pas des qualités suffisantes à mes yeux. Alors oui, le sujet est interpellant (mais il est mieux rendu par exemple dans un roman comme My Absolute Darling selon moi). Mais les personnages ne m'ont pas fait totalement vibrer. L'héroïne est presque caricaturale (on est loin de la figure de Lou, dans No et moi de D. de Vigan), les scènes sont rapides. L'attachement de l'ado pour le Champion existe déjà dans 1001 romans, etc.

Bref, je m'attendais à un vrai phénomène littéraire... pour finalement tomber sur un livre trop commercial à mon goût, qui appelle tout un public à la lecture, certes. Mais qui ne m'a pas vraiment convaincu pour ses qualités. Dommage.

Autre hypothèse: je suis totalement passé à côté...

Cela fait quelques semaines que j'ai lu ce livre, mais je ne sais pas quoi dire à part que je suis contente d'avoir fermé ce livre tellement l'histoire me donnait la boule au ventre.
L'auteure dépeint une famille ordinaire : un couple, 2 enfants. Rien de bien passionnant. Jusqu'à ce qu'un événement change complètement la vie de cette famille et notamment celle de la narratrice.
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La tension monte petit à petit. On découvre l'environnement, les personnages, et puis tout dégringole, la violence prend le dessus. J'ai eu l'impression d'étouffer malgré une plume poétique. ⠀

Donc voilà, je ne sais plus, mais je sais au moins une chose : le charme de ce livre risque de m'envouter encore un moment.