Qu'est ce qu'être parent quand la fille et le père ont disparu?
Que demeure t-on sinon un écrivain, une femme confrontée à la vieillesse,à sa douleur indicible,à la perte?
Voilà quelques unes des questions auxquelles répond l'auteur de cet ouvrage relativement court,
Joan Didion,après la perte de sa fille :Quantana,âgée de 39ans,disparue tragiquement, quelques mois seulement,après la mort de son époux.
Ce livre est insoutenable,pourquoi?car il est vrai,direct,dur et juste,il évite toutes les larmes.
Il répond à la question de Quintana:"quand quelqu'un meurt,mieux vaut savoir ne pas s'appesantir dessus".
L'auteur ne céde ni à l'impudeur ni à la complaisance,elle est d'une honnêteté scrupuleuse.
Avec une grande clairvoyance,comme si elle rédigeait son testament,elle fait le tour des sujets essentiels:l'adoption,l'argent,la maladie, la vieillesse, la mort.
A l'aide d'une écriture précise, sèche, lumineuse,sans larmoyer, sans s'apitoyer,elle n'embellit pas ses souvenirs,elle les sort de sa mémoire pour s'en débarrasser, les expose comme si elle les liquidait.
Elle fait place nette après une vie de réussite, d'amour.
Elle évoque des moments, des images,des mots,elle rend un vibrant hommage à sa fille: "les stéphanotis,fleurs piquées dans la natte épaisse de sa fille ,le jour de son mariage, ses petits mots conservés...."
Restent les fleurs qui éclosent et se fanent dans les allées de ce livre poignant et exemplaire,les stephanotis,la lavande,le magnolia,les fleurs de frangipanier........
Elle égrène les variétés comme dans un tableau pictural.
Leur parfum semble courir entre les pages.
Et enfin :
Le Bleu de la Nuit,c'est une tentative de rassemblement de soi- même quand plus rien n'a de sens.
C'est un très beau livre,douloureux et superbe.