Le septième tome de cette série historique très sympathique à lire, forcément que j'avais hâte de le lire, il parle de Saint-Malo (une ville que j'adore) et de corsaires (un sujet dont je suis fan). J'avais peur qu'il me déçoive, mais pas du tout, excepté une fin un peu trop raccourcie, même si elle change des happy end des autres tomes. Ici, la fin se conclut par une belle promesse d'espoir, de changement, pas de faste, pas de luxe, la simplicité et l'aventure sont de rigueur.
Dès que j'ai découvert les premiers chapitres, je savais que Henriette serait une femme aussi atypique et forte que Charlotte. Elle est très surprenante et cette personnalité hors du commun permet de rendre ce tome différent, décalé. Henriette un peu un genre de Lady Oscar, elle préfère être un homme, s'habiller comme tel, parcourir les rues de Saint-Malo, libre, rêver de la mer et des aventures qu'elle peut offrir. C'est une petite fille impressionnante que nous découvrons page après page. Son rêve prend fin en étant envoyé à Saint-Cyr et même si elle ne se plaignit jamais de sa vie là-bas, les récents changements de conduite de l'établissement (abordé avec le Rêve d'Isabeau) et l'état de santé de son père la ramènent chez elle. Elle n'est pas aimée de sa mère, son père a perdu son honneur lors d'une bataille maritime, son cousin va en épouser une autre. Henriette devient Henri de Pusay, corsaire pour
Duguay-Trouin.
La personnalité de Henriette rend l'histoire intrépide, insolite et prenante. L'action est clairement au centre de l'intrigue peuplée de scènes de batailles sur terre et en mer. Henriette se défend à l'épée, elle n'hésite pas à tuer, elle va apprendre la vie sur un navire, à naviguer, à diriger même un bâtiment. Elle se révèle forte, courageuse, sensible et formidable, c'est un vrai régal de la suivre. D'autant plus que le style d'écriture de l'auteure permet d'entrer dans ses pensées avec aisance, en plus de maîtriser tout le vocabulaire et les expressions du 17e,
Anne-Marie Desplat-Duc sait parler de la vie maritime, avec tous les termes précis pour décrire un bateau. le monde des corsaires se trouve très bien développé ici, on ne parle pas de piraterie, mais bien des corsaires, mandatés par les souverains.
Pas de robes, pas de bals, pas de complots ou d'intrigues de cour, l'histoire nous parle d'une jeune femme élevée pour vivre en mer, pour se battre comme un homme. Saint-Cyr lui aura appris à être plus modérée en public et se conduire devant les personnes qui lui sont supérieures. On nous parle de rêve, d'aventures, de dangers, d'actions, de morts, même si de nombreux détails sont épargnés, la mort est bel et bien présente. J'ai été très triste pour l'un des personnages, un ami et mentor pour Henriette. Cette dernière tient à regagner l'honneur perdu de son père, à rendre riche sa famille endettée, elle se sacrifie quitte à finir au couvent à cause de sa conduite. C'est en somme une intrigue très intéressante, car inédite dans la série, Charlotte fut découverte, Henriette, continuera de se faire passer pour un homme pendant longtemps dans le roman.
Quant aux personnages rencontrés dans ce tome, c'est bien pensé d'avoir fait intervenir Saint-Malo, la cité des corsaires et d'avoir parlé du célèbre
Duguay-Trouin. René est un protagoniste sympathique, drôle et attachant, j'ai beaucoup aimé sa complicité avec Henriette. J'ai été très contente de connaître Basile et Rozon, deux hommes très utiles dans l'apprentissage de Henriette dans cette nouvelle vie, j'avoue que je préférais Rozon à Luc-Henri, le cousin de notre héroïne. Pour la simple et bonne raison que cet homme ne me plaisait pas, je sais qu'elle l'aime, mais c'est un coureur de jupons, un menteur, il a trop de défauts, et même qui lui dit qu'il a changé, je reste dubitative. J'étais très surprise de revoir Louise, la soeur de Henriette m'a paru au premier abord peu gentille, mais elle devient une amie redoutable pour Henriette. Monsieur de Pusay est un homme attachant, complice avec sa fille, ce qui lui arrive est très triste et le rend encore plus aimable ; en revanche, j'ai de suite détesté Madame de Pusay, c'est une mère trop superficielle et peu sympathique.
En conclusion, une fois de plus,
Anne-Marie Desplat-Duc offre avec ce septième tome une nouvelle intrigue autour d'une nouvelle colombe et d'un nouvel univers. Pas de Versailles ou de bals, peu de monde féminin, ici, Henriette devient corsaire, elle vit en mer, traverse les océans, pille les vaisseaux ennemis sur les ordres du roi. Elle y fait des rencontres passionnantes, les personnages sont soignés et intéressants (qu'on les aime ou non) ; elle parle sans détour de son envie de sauver son honneur et sa famille, de l'importance de suivre ses rêves et la voie qu'on choisit. Henriette est entière, indépendante et courageuse. Ce septième tome m'aura beaucoup enchantée, il est vivant et différent des tomes lus jusqu'à maintenant, j'ai hâte de découvrir ce que le prochain me réserve.
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