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sur 4234 notes
Je me considère comme étant féministe. Et comme n'importe lequel des militantismes, je suis convaincue qu'être féministe, ça se travaille. Il n'existe pas qu'une seule vérité, qu'un seul féminisme. Celui-ci peut prendre plusieurs aspects et varier en fonction de nombreux critères. Je ne me suis pas réveillée un matin avec les idées que j'ai aujourd'hui et n'aurai sans doute pas les mêmes demain. Nos idées et points de vue sont voués à évoluer et se construisent à force de réflexions, conversations, échanges et lectures.

L'essai de Virginie Despentes fait partie de ces ouvrages inoubliables qui m'ont permis d'entamer une réflexion profonde, de revoir certains de mes jugements et opinions.

Drôle de titre pour un essai féministe que ce King Kong Théorie… Et pourtant, dans un chapitre, l'autrice y fait un parallèle avec le film King Kong (2005) de Peter Jackson. Elle analyse l'histoire et la mise en scène pour dénoncer la délicate place allouée à la femme dans une société patriarcale.

Le livre s'organise en 6 chapitres qui traitent chacun une notion importante. Virginie Despentes aborde entre autres la révolution sexuelle, le viol, la prostitution et la pornographie. le tout de manière très personnelle puisqu'elle y injecte des bribes de sa propre histoire.

À la sortie du livre, les critiques n'ont pas toutes été élogieuses et certains lecteurs y ont parfois vu « la haine de l'autre« . Pourtant, le texte ne laisse jamais entrevoir la haine, bien au contraire. Si son autrice s'intéresse surtout à la condition féminine, elle ne laisse pas totalement de côté les hommes à qui l'on impose une "virilité traditionnel, entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité". Que l'on soit d'accord ou pas, King Kong Théorie bouscule, interpelle et permet d'amorcer une remise en question.

Virginie Despentes a su mettre des mots justes, construire sa base de réflexions et les rassembler dans un texte tout à fait abordable. Si la lecture de King Kong Théorie est difficile, c'est davantage parce qu'il y est question de sujets sensibles, de constats alarmants et de vérités criantes. Elle nécessite une part d'introspection qu'il faut pouvoir accepter. Jouer le jeu et se remettre en question.

Un essai que je suis heureuse d'avoir enfin découvert et qui n'est que l'introduction de ma découverte du travail de Virginie Despentes.
Lien : http://ivredelivres.com/king..
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Un livre coup de poing, d'un féminisme cash et radical, et d'une honnêteté sidérante.

Dès les premières pages, l'écrivaine brosse son portrait «en tant que femme inapte à attirer l'attention masculine, à satisfaire le désir masculin, et à me satisfaire d'une place à l'ombre». Puis elle définit ainsi le cadre de son lectorat : elle écrit pour tous ceux, hommes comme femmes, qui ne respectent pas les codes de la «bonne» féminité ou masculinité. C'est à dire, la virilité et la domination pour l'homme, le souci de plaire et la soumission pour la femme.

Par delà le récit que nous fait l'auteure de sa rencontre avec le féminisme, la dénonciation du patriarcat et des normes de genre imposées par la société (aussi réductrices pour les hommes que pour les femmes), elle aborde la maternité, le viol, la prostitution et la pornographie.
C'est souvent très drôle, comme quand, par exemple, elle vitupère contre les tenants du patriarcat : «C'est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n'y met pas assez du sien».
Le chapitre sur la prostitution, dont le point de vue est original et renseigné, est passionnant de lucidité sans fard.

Un essai qui a le mérite de faire réfléchir.
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Un incontournable dans la littérature féministe, dans lequel la forme (franche, sans remords, frondeuse) complète merveilleusement le fond. La forme vient nous secouer, avant même que l'on ne réfléchisse aux sens profond de ce qui nous est exposé. L'autrice puise dans sa propre expérience pour illustrer les idées exprimées. Cela ne laisse pas indifférent, ça dérange, ça met mal à l'aise et surtout, ça reste actuel. Malgré les 18 ans qui sont passées depuis son apparition, malgré les luttes et les avancées incontestables. Pour citer Zoé dans « Cher connard », je peux aussi dire « je suis féministe avec Despentes ».


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C'était mon premier Despentes et j'ai pris une bonne claque ! Ce roman est un cri de guerre, de ras-le-bol, un manifeste que toutes les femmes devraient lire. On peut être pour ou contre ; partagée ou convaincue par son argumentaire. L'important est de s'exprimer ! C'est d'ailleurs ce que Virginie Despentes a fait. Elle a osé parler à sa façon et dire tout haut ce qu'elle pense de la condition féminine. Et ça, c'est réjouissant.

Avant de la lire, j'avais en tête l'image d'une femme qui aime provoquer, choquer, pour faire le buzz (et alors ?).
Je n'ai jamais lu ses romans, juste vu les adaptations ciné de "Baise-moi" et "Les jolies choses". Des films tout à fait regardables (et inoubliables), mais qui ne m'ont jamais donné l'envie de me ruer lire les livres. En revanche, je m'étais noté de lire un jour cette auteure pour me faire mon propre avis. Franchement, je suis agréablement surprise et satisfaite d'avoir commencé par ce manifeste.

J'aimerai dire à Virginie Despentes un gros bravo ! Merci ! Merci d'avoir écrit ce livre. J'admire le courage d'avoir mis les mots qu'il fallait pour s'exprimer en tant que femme sur l'image que la société se fait de la gent féminine. J'ai été touchée par son vécu, je comprends mieux pourquoi elle tient à s'exprimer sur certains sujets. J'ai aimé sa façon de dire les choses : brutale, directe, sincère.

C'est un petit livre qui se lit rapidement et que j'aurais pu surligner dans son intégralité. Je suis ravie d'avoir découvert Despentes avec ce livre.
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Virginie Despentes crie sa colère face au sexisme, aux violences sexuelles, à la construction sociétale de ce qui fait une "femme" acceptable et de ce qui fait un "homme" correct.

Essai sur le genre, sur la sexualité, sur l'hétérocentrisme, la culture du viol et le patriarcat, "King Kong Théorie" est autant un pamphlet de la société qu'un témoignage d'un vécu dans les violences sexistes et sexuelles mais aussi dans l'épanouissement personnel et sexuel.

Ce livre est cash, va à l'essentiel et évoque plusieurs débats de société qui, aujourd'hui encore, ne sont pas prêts d'être apaisés mais qui méritent d'être approfondis.
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J'ai ouvert ce livre avec un a priori défavorable. J'avais tenté de lire Vernon Subitex il y a quelques années et j'avais assez vite abandonné, trouvant le roman trop racoleur, trop trash pour être sincère, trop artificiel, et uniquement façonné pour plaire et vendre à un public qui rêve de marginalité et d'atmosphère destroy. Ce (bref) livre m'a fait changer d'avis. Cette Virginie Despentes a des choses intéressantes à dire et elle n'hésite pas à le faire. C'est déjà un très bon point. Pour ma part, j'ai été heureux de réviser mon jugement sur cette écrivaine. C'est toujours une petite satisfaction personnelle de changer d'avis, ça prouve que mon cerveau n'est pas encore congelé dans de la glace…

Je ne parlerai pas du style. C'est un style parlé, volontiers provocateur, usant et abusant de mots crus, pour choquer les bonnes âmes sans doute (moi, ça m'a plutôt amusé), mais peut-être aussi pour donner de la rage et de la force à ce qu'elle dit. Au moins, elle ne s'embarrasse pas de périphrases.

Ce n'est pas un essai au sens propre du terme. Nous ne sommes pas face à une recherche universitaire s'attaquant à un sujet, développant les tenants et les aboutissants d'une problématique, fouillant l'avers et le revers des concepts, ouvrant des pistes de travail et de réflexion avec la hauteur de vue qui sied au chercheur cultivé. Non, Virginie Despentes part de son expérience propre et en fait l'alpha et l'oméga de sa vision du monde et, en l'occurrence, parce qu'il y a tout de même un sujet, un sujet brûlant même, la place des femmes dans nos sociétés. En d'autres termes, il y a autant de distance entre elle et Mona Cholet (par exemple) qu'entre un théoricien et un expérimentateur dans une discipline scientifique. Place donc à l'expérimentatrice. Qui, du reste, avant de connaître le succès, a vraiment vécu la « vraie » vie, celle des gens sans fric et de ses turpitudes.

Pourtant, dans ce livre, malgré ce que je viens de dire et sans craindre la contradiction, Virginie Despentes se fait théoricienne de la libération des femmes dont elle décrit en moult cru détails l'aliénation. Pour survivre dans un monde dominé par les hommes, une société patriarcale en un mot, la femme doit de se plier aux codes qui lui sont imposés et dont elle n'a pour ainsi dire guère de moyens de sortir, sinon à vivre seule et misérable, isolée et méprisée. La féminité, voulue et organisée par les hommes, est un piège dans lequel elle tombe (pas le choix à vrai dire) si elle veut trouver une place qui ne soit pas un calvaire. Féminité tout azimut, de la manière de s'habiller et de se maquiller dans le seul but de plaire aux hommes, d'axer donc sa communication sur la séduction, de se marier, de servir de boniche à son mari (le linge, le ménage, la reproduction, l'élevage des enfants, etc), et enfin de ne pas trop l'ouvrir, surtout quand elle devient vieille et donc « inutilisable ».

Virginie Despentes revendique la part masculine des femmes et fait l'injonction aux hommes, qui pour la plupart s'y refusent, d'accepter leur propre part de féminité. Assume que la virilité n'est pas qu'une affaire d'homme, mais appartient au genre humain, que les femmes doivent s'en saisir comme tout ce que l'homme lui a confisqué.

Une part importante du livre est consacrée au droit de la femme de vendre son corps contre de l'argent. Elle l'a fait elle-même, elle sait de quoi elle parle. Bien sûr, il ne s'agit pas des réseaux de prostitution sordide où les femmes sont parquées, battues, violées, déstructurées et privées de leur passeport. Mais de la volonté librement consentie de se vendre pour gagner sa croûte comme toute autre transaction commerciale. En free-lance, si je puis dire, c'est-à-dire sans qu'un maquereau ne vienne ramasser le pognon. Non, le pognon, elle le garde, c'est pour elle. Elle est très convaincante sur ce point et démontre que cette manière de travailler pour les femmes est insupportable et inadmissible dans une société patriarcale, car ainsi les femmes échappent à leur destinée (mariage, bonne de maris, postes subalternes, asservissement financier, etc) et deviennent véritablement indépendantes. Elle explique en détail la lutte hypocrite contre ce droit élémentaire, avec le jeu pervers de la morale qui s'introduit, alors que de telles relations tarifées sont claires, saines et sans ambiguïté (personne ne fait semblant d'aimer l'autre…).

Il y a pas mal d'autres choses évoquées dans ce livre dont, par exemple, des réflexions intéressantes sur le viol (Virginie Despentes a été violée dans sa jeunesse), sur les fantasmes des hommes, sur leur malaise aussi. A ce sujet, il faut noter que le livre oscille entre une nette animosité envers les hommes, mais aussi une grande compréhension de la source de leur problème (parce qu'ils en ont aussi…).

Au final un témoignage important, des prises de position inhabituelles qui poussent à la réflexion. Bref, un livre utile.
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Ce court essai pose plusieurs problèmes. Il y a déjà la prostitution : comment glorifier cela alors que la prostitution représente justement la domination patriarcale ? Il faudrait plutôt interroger le fond du problème, à savoir le modèle économique et social. de même, l'image de la pornographie est abordée de manière superficielle, condamnant les bien-pensants.

Le problème, c'est que Virginie Despentes aborde une très grande quantité de sujets sans les approfondir. Chacun d'eux demande un véritable travail historique, une recherche de fond. Il faut ajouter à cela un ton provocateur, trash, vulgaire qui donne ce côté "coup de poing" qui plait au lectorat en recherche de sensations fortes et d'idées pas trop complexes et à la mode.

Je recommanderai, malgré ses défauts, la lecture de Mona Chollet sur ces sujets, plus documentée, plus avertie.
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Virginie Despentes nous raconte comment elle est devenue Virginie Despentes après l'écriture de son livre Baise moi.
Dans cet essai féministe, l'autrice n'oublie rien : son viol, sa prostitution, la puissance des hommes sur les femmes.
Un très bon essai à lire. Premier livre de cette autrice que je lis. Peut-être pas le dernier.
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"J'écris de chez les moches, pour les moches", les premières lignes de ce livre lues à la fnac. Il n'en fallait pas plus pour me convaincre de l'acheter. Amatrice d'essais féministes, je connaissais King Kong théorie de nom, quelle erreur de ne pas l'avoir lu plus tôt! C'est une grosse claque. L'autrice est pertinente, percutante, elle ose dire les mots justes, les vrais. Les thèmes explorés sont très intéressants: le viol et sa représentation dans la société, la façon dont on en parle, la prostitution loin des clichés, la pornographie, le sexe, l'éducation des filles et des garçons, formatés depuis la naissance à être comme ceci ou comme cela.
J'ai beaucoup aimé ce texte qui je pense est l'essence des autres essais féministes que j'ai pu lire (Beauté fatale de Mona Chollet, La terreur féministe de Iréné ou encore le regard féminin de Iris Brey).
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Mon premier Despentes, après la série de podcasts "Les couilles sur la table" de Binge radio (septembre/octobre 2019). J'avais été frappée par son débit rapide, dense, servi par sa voix un peu rauque, assurée. Je m'étais dit voilà quelqu'un qui a des choses à dire et qui n'y va pas par quatre chemins. le livre confirme, réflexion personnelle et documentée sur ce que c'est qu'être une femme en France, aujourd'hui. Je n'adhère pas à tout mais suis invitée à y réfléchir, c'est déjà pas mal. Je vais lire "Baise-moi".
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