À travers ce pamphlet corrosif,
Virginie Despentes expose sa vision du féminisme, en faisant état de la condition féminine et des rapports hommes-femmes régis par des normes sociales, tout en soulignant le lien entre capitalisme et misogynie. Les thèmes abordés sont forts et significatifs puisqu'il est question, entre autres, de sexualité, de viol, de prostitution ou encore de pornographie.
Virginie Despentes dit ce qu'elle pense, et elle ne passe pas par quatre sentiers. Il émane ainsi de cet essai un sentiment profond de colère et de révolte, qui prend légitimement racine dans son vécu personnel et les épreuves qu'elle a traversées. Dès lors, tout le monde en prend pour son compte : les hommes, les femmes, l'État, la société toute entière. Elle pointe en particulier le besoin qu'a notre société de mettre les femmes en échec, y compris des propres déficiences des hommes car, en définitive, en tant que femmes, nous sommes « toujours coupables de ce qu'on nous fait ».
Pour autant, je n'y lis pas une haine des hommes, mais plutôt de ce qui amènent les hommes, dans leur construction sociale, politique et culturelle, à adopter des comportements sexistes et misogynes, allant jusqu'à faire preuve d'agressivité exacerbée et souvent sans scrupules envers les femmes. On retrouve, en effet, l'idée que les hommes sont tout autant des victimes du patriarcat, car dès leur plus jeune âge, les injonctions à la virilité se font au détriment de leur équilibre psychique. En fin de compte, ce que
Virginie Despentes dénonce, ce n'est ni plus ni moins un système parasite qui considère aussi bien les femmes que les hommes comme des marchandises : « Les hommes, en cadavres gratuits pour l'État, les femmes, en esclaves des hommes ». Il n'est alors guère étonnant de la voir revendiquer une refonte systémique de notre société ou, pour utiliser ses propres mots, « de tout foutre en l'air ».
Même si je ne suis pas toujours d'accord avec elle (notamment sur le sujet de la pornographie), le livre de
Virginie Despentes m'a néanmoins amenée à questionner à mes propres opinions, et c'est, à mon avis, sa grande force. Par des propos provocateurs, parfois même incendiaires, elle s'attache avec ferveur à bousculer ses lecteurs dans leurs convictions et leurs préjugés. Un essai sans concession, à mettre entre toutes les mains.