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sur 4234 notes
Avec ce manifeste féministe, Virginie Despentes nous met littéralement un coup de poing dans la gueule, pour parler crument. Elle nous secoue par les épaules, nous sommes de nous réveiller, nous tacle, nous pique. Bref, elle nous assomme à coups de nos propres préjugés, contradictions et non-dits.

Elle commence par nous raconter son histoire ou plutôt comme elle est devenue Virginie Despentes, autrement dit une auteure assez incontournable tant par la critique que l’éloge. Puis, elle enchaine avec une longue anaphore « Je suis de celles qui… » et énumère tout ce qu’elle est, ce à quoi elle s’assimile ou bien ce à qui ou à quoi l’a assimilée la doctrine majoritaire, le regard des autres. Elle ne fait pas dans le simple et concret. Elle est à la fois celle qu’elle est et celle qu’on pense qu’elle devrait être. Elle écrit pour elle, pour nous, pour les femmes « J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf ».

Comme tous les précédents romans que j’ai lus de l’auteure, son langage est cru mais je ne la trouve pas spécialement grossière. Elle emploie des mots rarement écrits mais souvent oralisés, notamment entre amis. Choquante par son trop plein d’honnêteté ? Je ne trouve pas, je pense au contraire que cela sert au récit. Sa plume écorche nos préjugés bien ancrés pour y laisser une marque indélébile. Elle s’en prend à nos croyances populaires erronées « l’idéal de la femme blanche (…) je ne l’ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas ».

Elle commence par parler de la révolution sexuelle qui a eu lieu et qui a eu pour conséquence de libérer les mœurs et surtout les femmes. Elle critique la place des femmes dans notre société, malgré cette révolution, la vision de la femme assimilée à un objet, les diktats esthétiques imposés aux femmes, la maternité comme objectif de vie. Mais parallèlement, et c’est ce qui m’a beaucoup plu dans cet essai, elle se place aussi du côté des hommes dont le statut souvent enviable ne se révèle pas être parfait non plus. Elle décrit le machisme qui leur est imposé : être viril, insensible, ne pas pleurer, ne pas paraître faible, ne pas se maquiller, être courageux, réussir socialement… Ce qui nous pousse à nous demander : à quand l’émancipation masculine ? Quand les hommes réussiront-ils, eux aussi, à se libérer des stéréotypes dans lesquels ils sont enfermés ? Quand en parlera-t-on ?

Ensuite, elle parle avec une clarté indicible du viol qu’elle a subi. Elle dénonce le fait que ses agresseurs ne se voient pas comme des criminels et les propos ahurissants de la majorité : elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça, elle aurait dû faire ceci, elle aurait pu faire cela. Elle décrit le comportement à adopter après un viol aux yeux des autres pour être légitimée, crédible et on entraperçoit la double victimisation dont ces victimes font l’objet (le viol d’abord et le regard des autres ensuite). « Je suis furieuse contre une société qui m’a éduquée sans jamais m’apprendre à blesser un homme s’il m’écarte les cuisses de force, alors que cette même société m’a inculqué l’idée que c’était un crime dont je ne devais pas me remettre ».

Puis, elle désacralise nos opinions envers la prostitution, qu’elle considère être un métier comme un autre. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle l’a exercé. Elle revendique le droit pour les femmes le droit de disposer de leurs corps dans un but financier, sans pour autant être rejetées par la société. Elle remet en cause nos idées reçues selon lesquelles les femmes exerçant ce métier seraient des victimes. Elle critique la prétendue morale majoritaire, la censure du plaisir et des fantasmes, ainsi que la législation de prohibition qui l’accompagne « Interdire l’exercice de la prostitution dans un cadre légal adéquat, c’est interdire spécifiquement à la classe féminine de s’enrichir, de tirer profit de sa propre stigmatisation ».

Enfin, elle s’étonne des conditions de travail des acteurs dans l’industrie pornographique, des tabous comme la soumission qu’on interdit de montrer, des silences à propos du plaisir, notamment féminin, de la masturbation féminine.

Le style est incisif. Elle fait un monologue et tient le récit de bout en bout, sans prendre une inspiration. Elle débite. Elle en a gros sur le cœur et elle l’exprime. Elle n’a pas peur. Elle ose, elle dit tout.

Un nouveau féminisme qui donne à réfléchir, et vous, femmes, hommes qui me lisez, quel genre de féministe êtes-vous ?
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Sans réserve, Virginie Despentes livre un essai intime et virulent sur le féminisme. A travers son expérience dramatique du viol lorsqu'elle avait 17 ans, de ses années de prostitution, de ses errances professionnelles ou de son appartenance au mouvement punk-rock, elle élabore un discours argumenté (qu'elle étaye de ses lectures) éreintant les théories bien-pensantes sur le viol, la prostitution et la pornographie.
De ses mots crus et francs, elle aborde également les relations homme-femme, insistant sur l'infantilisation des femmes dont on entrave le libre-arbitre, la pression subie par les hommes, les supervisions abusives de l'Etat dans les choix que l'on est apte à faire. Elle écrit ce qui se tait, ce qui se cache, ce qui se juge. Elle ose raconter les stéréotypes, les convictions de masse suscitées par les médias (par exemple, le reportage sur la prostitution dont elle critique le manque d'objectivité), l'accueil de ses écrits dans la presse… Elle décortique les idées reçues qui conditionnent le regard de chacun sur le sexe, le couple, la liberté, l'indépendance, la violence, les pulsions. Elle interpelle.
Le discours de V. Despente, pertinent et articulé autour de son vécu – se taire, minimiser le viol dont on tait le mot, culpabiliser mais vivre, se relever – interroge sur les perceptions de chacun et sur les cheminements sociaux et éducatifs qui ont induit ces perceptions, cautionnant les violences faites aux femmes. L'ensemble est complexe. Néanmoins, ce discours peut parfois heurter par son extrême – ou par l'idée d'une pensée juste et unique- lorque V. Despentes aborde la prostitution dont la liberté de jouissance maitrisée et tarifée s'oppose à celle emprisonnée et gratuite au sein du couple. C'est un peu comme affirmer que l'une est libre, l'autre non, sans envisager que tout n'est ni noir, ni blanc, mais qu'une multitude de nuances s'appliquent à chacun de nos choix.
Il est difficile en quelques mots d'écrire ce que cet essai évoque. Je pense qu'il est important de le lire et de s'en faire une opinion propre en fonction de son vécu, de ses choix, de ses expériences, et de réfléchir sur les nombreux sujets d'actualités que les médias révèlent. Je m'interroge surtout sur le fait que cet écrit a été édité en 2006 et que, 10 ans plus tard, la situation des femmes demeure rigoureusement semblable…

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Virginie Despentes ne fait pas dans la dentelle dirons certains. Pour d'autre elle représente tout ce qui est vil et mauvais dans ce monde et pour d'autres encore elle correspond à une écrivaine qui nous donne des textes sur un milieu particulier, les bas fonds de notre société. Pour ma part, je fais partie de cette dernière catégorie. J'aime les auteurs qui nous donnent à réfléchir, ceux qui nous laisse avec nos questions, ceux qui sentent venir le malaise mais nous plonge encore plus profondément dans notre subconscient. Dans cette partie de notre cerveau que l'on se refuse souvent à écouter. Certes son texte peut paraitre dérangeant car il montre sans détourner les yeux une vérité qui est encore malheureusement bien trop présente aujourd'hui.

Cet essai est là pour présenter la place de la femme dans notre société. Une place qu'elle n'a pas choisie. Une place qu'on lui impose depuis longtemps et quand elle parvient à sortir de cette mélasse, on réalise que les situations n'ont pas toutes évoluées. Voici le sujet de cet essai. On regarde donc la place de la femme face à la sexualité, celle qu'elle a dans le monde du travail. Face à notre propre responsabilité, ou encore face aux hommes. Despentes nous présente bien plus qu'un texte féministe ultra sectaire ou autre, elle nous présente une vérité qui dérange. Bien trop souvent lorsque l'on parle de femme, les gens entendent féministes. Bien sûr l'un peut venir avec l'autre mais ils ne sont pas collés et les travers de l'un ne vont pas forcément toucher l'autre.

Pour ma part, je suis une femme certes, mais je ne me revendique pas pour autant comme féministe, néanmoins j'aime ces essais sur le sujet qui nous rappelle aussi notre responsabilité de femme pour trouver notre place dans cette société. Ce bout de texte nous sert de rappelle et devrait être confié à bon nombres de jeunes filles apeurées, esseulées ou simplement en plein doute.

Ce texte est intéressant car il présenté par une femme qui connait son sujet. Une femme qui n'a pas peur de dire tout haut ce qu'elle pense. Elle nous remet face à nos fantasmes enfouis, face à nos frayeurs également. Ces idées qui font peur car elle semble obsolète et pourtant elles sont encore trop présente. Cet essai est très fort, il est à mettre dans toutes les mains car il a encore aujourd'hui une trop grande résonance.
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Difficile de critiquer un livre pareil : un livre coup de poing dans la gueule, un livre qui ne dit pas mais qui crie, le livre d'une écorchée vive, qui a vécu des histoires pas drôles du tout et qui donne l'impression de se venger en s'en prenant au papier qu'elle garnit de sa haine.
Ce livre m'a mis mal à l'aise, et je ne sais trop qu'en dire. Dire qu'il est violent est pour moi une évidence, mais on pourra me rétorquer que les représentants du genre qu'on appelle masculin ne sont peut-être pas les mieux placés pour émettre des critiques sur ce sujet. C'est possible et j'en conviens. Mais il en va de la littérature comme de la politique : ce ne sont pas ceux qui crient le plus fort qui sont le mieux à même de faire passer leurs idées. On a même souvent tendance à ne plus les écouter au bénéfice d'autres personnages plus posés, et qui sauront faire passer leurs pensées dans un style plus coulé que de le faire par un gros coup de gueule.
Pour résumer, le sujet est digne d'intérêt mais la forme ne m'a pas du tout convaincu. Un autre essai du même auteur peut-être ? Why not ?
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Voilà une lecture que je ne suis pas prête d'oublier et que je vais très certainement relire.
Avec cet essai, Virginie Despentes nous livre sa vision de la position de la femme dans la société à travers son vécu, ses expériences et tout ce que cela à entraîner pour elle.
Elle décortique le carcan dans lequel la femme est enfermée, par l'éducation qu'elle reçoit mais aussi par les politiques qui régissent la vie des femmes, leur interdit certaines choses pour (soit-disant) les protéger, mais qui restent aveugles aux souffrances, aux maltraitances.
Chaque chapitre aborde un volet particulier : la féminité, le viol, la prostitution, le porno... Pour chacun, elle partage ses réflexions sur ce que cela dit des femmes mais des hommes aussi, de la façon dont nous vivons notre sexualité.
Si les femmes sont bridées, les hommes sont tantôt dominateurs mais aussi dominés muselés notamment dans les rapports à la prostitution, le porno, car il y a derrière une notion de jugement du reste de la société.
Ce livre est un ode à la liberté des femmes, à l'acceptation que la femme a le droit de vivre comme elle l'entend, en dehors des schémas patriarcaux qui ont été érigés et qui nous enferment.
Un texte coup de poing qui m'a profondément touché et que j'ai adoré.
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Virginie Despentes me faisait peur, sur les plateaux TV, à tel point que je me tenais éloignée de sa littérature. Elle avait l'air forte, en colère, capable de tout et surtout de se soustraire du regard des autres. Je suis son opposé, du moins c'est ce que je croyais.
Il y a peu j'ai ressenti le besoin de la lire enfin et je n'ai pas été déçue.
A dire vrai j'ai même été subjuguée. Enfin je me sens prête à sortir de ma coquille, à me battre, à arrêter de me faire toute petite et à prendre la place que je mérite. le chemin sera long il me faut reprendre un livre de Despentes pour continuer de construire la femme forte que je deviens de jour en jour.

Dans king Kong théorie, j ai aimé la transparence, j'ai aimé les parallèles entre écriture et prostitution, j'ai adoré qu on me traite comme on a toujours traité les hommes.
Je suis triste que ce livre soit toujours aussi criant de vérité et d' actualité en traversant les années ....
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Un livre fort, qui met le doigt sur des vérités que l'on connait sans pour autant y mettre de mots. Féministe et libérateur, elle pointe aussi les conséquences qu'une société patriarcale moderne fait aussi peser sur les hommes. Autobiographique, c'est aussi un livre dans lequel elle écrit comme elle parle, vulgaire parfois mais jamais déplacée. Encore une autrice découverte cet automne, il semblerait que j'ai décidé ces derniers temps d'ouvrir mes horizons non pas dans les thématiques mais dans des auteurs jamais approchés, et grand bien m'en a fait, la plupart sont des réussites qui ne font qu'agrandir ma pal déjà sans fin.
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Un essai très bien écrit, direct pas de fioriture. Un récit personnel.

Virginie Despentes nous parle de ses réflexions sur la condition de la femme et surtout sur l'image qu'elle doit représenter dans la société, la représentation de notre « féminité ».

Ecrit en 2006, texte toujours d'actualité en 2021 surtout avec tout ce qui se passe depuis #MeToo et les différents faits de société de ces dernières années (balance ton porc – balance ton utérus – je ne suis pas une salope je suis journaliste - l'affaire Julie – le devoir conjugal remis en question dans certaines affaires juridiques ….), ce livre doit être glisser dans tous les sacs des jeunes filles.



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Ce livre ne fût pas la révélation à laquelle je m'attendais. Peut-être parce que j'ai déjà beaucoup lu, écouté, réfléchi, discuté sur le sujet. Après les 4 podcasts de Victoire Tuaillon, Les couilles sur la table, consacrés à Virginie Despentes, le contenu du livre m'était déjà familier.

Virginie Despentes, on aime ou on aime pas, mais une chose est sûre, elle appuie là où ça fait mal. Là où on avait bien pris soin de ne pas regarder. Ca vient forcément gratter quelque chose en nous. Ce n'est pas toujours agréable mais c'est nécessaire pour se débarrasser de nos oeillères.

Si certains passages un peu trop imprégnés de psychanalyse m'ont dérangée, une chose revient souvent dans son discours et me parait importante: laissons parler les premièr.e.s concerné.e.s. Vous souhaitez parler de la prostitution? de sa légalisation, de son encadrement ou de son interdiction? Allez parler aux travailleur.se.s du sexe. Vous souhaitez parler de viol? Parlez aux victimes. de pornographie? Parlez aux acteurices. Leurs avis seront toujours plus pertinents que ceux des personnes non concernées directement.

Si l'on est pas toujours d'accord avec elle, son avis sur de nombreux sujets nous amène à y réfléchir, à voir les choses sous un autre angle et à nous faire notre propre avis. Et c'est bien là le plus important, continuer à réfléchir et à cheminer, à se déconstruire.
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KK Théorie c'est une réflexion personnelle documentée sur le statut de la femme, l'image que la société se fait de la femme par rapport à des thématiques très particulières telles que le viol, la prostitution ou le sexe. Tant de sujets délicats desquels on ne parle jamais de la même façon que l'on soit un homme ou une femme, que l'on vienne d'une France traditionnelle ou d'ailleurs, que l'on soit victime ou bourreau. Un essai certes féministe mais qui a l'avantage d'être limpide, éclairant et absolument pas moralisateur.
Je me souviens de BAISE MOI et de VERNON SUBUTEX mais ça m'avait lassée à l'époque. Je me disais que le genre Despentes ne me correspondait pas. Et là, avec King Kong Théorie, j'ai apprécié cette réflexion portant sur un sujet aussi complexe que la femme et son corps. Peut-être ai-je grandi moi aussi ? Vécu ? Evolué ? Peu importe, ce qui me séduit dans cette écriture-ci, c'est l'essai. Une écriture documentée, vécue, sociologique. ! le style est décapant, direct, les mots sont crus mais le récit est touchant sans jamais être vulgaire. Son écriture est sincère. Je suis subjuguée par le ton que je trouve d'abord très juste et qui est d'emblée annoncé dans la quatrième. Et puis, je tire mon chapeau à l'auteure de pouvoir assumer son identité, son histoire de la sorte. Quelle force ! Et quelle humilité en même temps ; Je pourrais citer une centaine de passages dans le livre qui m'ont marquée. Merci pour ce travail d'écriture madame Despentes.
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