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4,15

sur 4234 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Décidée à le lire suite à l'article deLa Déferlante qui interviewait l'artiste brésilienne Carolina Bianchi. Une évidence même après la découverte de cette performeuse dont le spectacle repose sur la mise en scène de son viol. Droguée à son insu, elle a pris la décision d'ingérer cette drogue dite du violeur une fois sur scène, exposant ainsi sa vulnérabilité au public et au reste de la troupe. N'ayant aucun souvenir de ce viol, elle considère que le théâtre n'est pas fait pour divertir, mais déranger. Dans cette interview, elle fait référence à Virginie Despentes, dont le propre viol l'obsède également à travers ses différents livres.

Différentes manières de dire l'indicible ou le vide.

Dans King Kong Théorie, on aborde les thématiques qui peuvent choquer tout autant que ce choix de mise en scène : la prostitution et la pornographie notamment. J'avais un certain point de vue sur ces questions avant de lire l'essai et bien je ne l'ai plus !

Despentes a cet art de confronter science de l'humain et travers d'une société, rendant ses analyses parfaitement cohérentes, d'une clarté évidente même. Toutes étayées d'ailleurs par des citations de référence en la matière.

Alors oui une société ne peut décidément pas fonctionner si elle pense devoir rejeter sans cesse le sale, le pas commode, le pas entendable, hors la ville. Et que c'est à force de diaboliser certaines pratiques, qu'on se cache, qu'on se marginalise, et que surgit si aisément cette violence des corps.
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Une écriture franche et percutante souvent crue. On sent la colère derrière les mots. La colère d'être traitée avec condescendance, mépris, paternalisme, violence... parce qu'on est une femme. Nous sommes nombreuses à avoir ressenti cette colère. Ses mots Virginee Despentes ne les mâche pas. On est d'accord ou pas mais au-delà du coup de gueule et du ton vindicatif il y a une argumentation construite et réfléchie. Il faut du cran pour s'exposer ainsi d'autant que c'est fait sans misérabilisme. Elle n'a rien à faire de notre compassion, ce n'est pas l'objectif, ce qui compte c'est le propos. Être écoutée, entendue, pas plainte. Donc sur la forme j'adhère complètement.

Sur le fond, je ne suis pas d'accord avec toutes les positions prises par l'auteur mais dans tous les cas les arguments de Virginie Despentes poussent à la réflexion et à la remise en question. J'ai parfois eu un peu de mal avec le manque de nuance, on frôle la caricature quand elle parle des femmes mariées. Cependant je pense que c'est voulu par l'auteure : provoquer pour inciter le lecteur à réagir, à s'indigner, s'opposer ou adhérer, mais ne pas laisser indifférente.
A contrario j'ai aussi complètement adhéré à certains propos. Quand l'auteure nous dit que pour une femme exercer son droit à circuler librement va de paire avec prendre le risque d'être violée c'est malheureusement vrai. On doit parfois choisir entre liberté et sécurité, je ne me l'étais jamais formulé ainsi et dit comme ça, j'ai trouvé cet état de fait encore plus injuste.

On sent que Virgine Despentes a une envie folle de faire bouger les choses de briser ce carcan imposé par la société. Elle a jeté ses mots avec hargne sur le papier et ça fonctionne, je me suis sentie concernée.
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Virginie Despentes signe ici un pamphlet incendiaire et sans concession sur la féminité et ce que c'est d'être une femme dans un monde fait par et pour les hommes. Au fil des pages, l'autrice gueule sa colère et sa frustration de se voir toujours traitée et jugée en fonction de son sexe. Elle aborde, sans ambages, le viol, le porno, la sexualité, la prostitution… Ames sensibles, s'abstenir.

Si je ne suis pas toujours d'accord avec ce que dit Virginie Despentes, je l'applaudis à deux mains et salue son audace. Ce qui est important, ce n'est pas tellement ce qu'elle dit - finalement ça a probablement déjà été dit de nombreuses fois dans d'autres oeuvres féministes - mais c'est la manière dont elle le dit. Elle ne cherche pas à s'excuser ni à prendre de gants, ce qui la dessert auprès du public mais fait aussi sa plus grande force.
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Sacrée Virginie Despentes ! Elle n'a pas sa langue dans sa poche et... personnellement j'aime bien les rebelles.
Je pensais que "King Kong théorie" était un essai à charge sur la gent masculine mais pas du tout, elle raconte plutôt son expérience de fille et développe ses réflexions sur le genre, la féminité, dans une société patriarcale qui a besoin d'être secouée.

Effectivement, elle secoue les lecteurs en utilisant un langage châtié mais ce n'est pas parce qu'elle parle aisément de bites et de chattes que ses propos ne sont pas intelligents.
Quand elle évoque le mariage, la prostitution, le viol ou la pornographie elle sait de quoi elle parle. Alors qu'elle a été violée à dix-sept ans, non seulement elle est lucide en revendiquant qu'il faut arrêter de culpabiliser parce qu'on est des filles mais elle n'en dit pas trop sur les faits, n'allant pas dans le registre du sordide. Pas besoin.
Ce qui m'a le plus surprise ce sont ses propos sur la prostitution, qu'elle a exercée volontairement durant deux ans, et sur la pornographie. Ses revendications à disposer de son corps sans contrainte m'ont interpellée car c'est un acte que j'ai du mal à comprendre mais Virginie Despentes a le mérite de parler du sujet sans tabou et cela fait réfléchir.

Le plus surprenant reste que ses propositions novatrices annoncent des changements. Elle publie "King Kong théorie" en 2006 avant #MeToo le mouvement social qui encourage la prise de parole des femmes dans le but de faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est souvent supposé et de permettre aux victimes de s'exprimer sur le sujet.
Elle est un peu visionnaire la copine Virginie qui dérange en étant parfois excessive mais il en faut pour bouger les lignes.


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"King Kong théorie" est un essai bombe, écrit dans un style "féministe fâchée" très cru qu'on n'a pas souvent l'occasion de lire. L'autrice punk controversée parle notamment de son passé d'escorte, de pornographie et des standards de beauté féminine. Elle ne mâche pas ses mots et ne met pas de gants: clairement, la peur de déranger ne l'empêche pas de dormir le soir!

Je ne suis pas certaine d'être d'accord avec toutes ses idées, mais ça reste un livre fascinant qui donne un furieux kick dans la crutch de la bien-pensance! Son regard sur la société est affûté, ses mots sont incisifs, ses opinions sont fortes et sa pensée, bien articulée. Cette femme est un bulldozer, et son livre, une lecture défouloir plutôt jouissive!
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(texte commencé comme commentaire ailleurs avant de me rendre compte que ce n'était pas sa place et de le poser ici)
J'ai été sensible au ton peut-être justement parce que j'ai eu l'impression d'un cri du ventre plus qu'un essai du cerveau. Je l'aurai bien vu en monologue sur une scène de théâtre. C'est le texte de l'autrice que j'ai préféré.
Comme un outil de réappropriation de soi il a bien fonctionné avec plusieurs personnes abusées à qui je l'ai conseillé. de la rage brut, salutaire. Bien sur après on peut élaborer avec plus de finesse, mais sans faire l'impasse du cri libérateur. Et Virginie Despentes nous propose des mots à hurler pour lutter contre la violence.
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Non mais allô, quoi, t'es une femme, t'as pas lu Virginie Despentes ? Non mais allô, quoi !
Je ne suis pas une personne à l'affût, qui lit les oeuvres dès qu'elles sortent et qui est au taquet sur les prix littéraires. Non, moi il m'a fallu quinze ans pour découvrir ce bouquin de 2006. Je connaissais le sujet bien sûr : cet essai-témoignage parle de viol, de prostitution, de pornographie, il parle des femmes et de construction culturelle. L'incipit a été repris tant de fois que j'aurais presque pu le citer par coeur.
Alors forcément, je suis tombée sur des passages qui m'ont paru un peu datés. Depuis 15 ans, les thèmes dont parle Virginie Despentes ont été répandus par la diffusion des gender studies, par l'émergence de nouveaux media (je pense notamment à l'excellentissime podcast de Victoire Tuaillon).
Et un instant après m'être dit "C'est plus très neuf, ça", je suis tombée à chaque fois sur une phrase percutante, d'une intelligence lumineuse. Car ce livre n'est pas seulement une dénonciation, c'est une réflexion profonde, captivante, stimulante. C'est un style unique, ciselé dans la crudité, magnifique, magistral.
T'es une femme, t'es un homme, TU LIS Virginie Despentes. Non mais allô quoi.

Challenge ABC
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Je me considère comme étant féministe. Et comme n'importe lequel des militantismes, je suis convaincue qu'être féministe, ça se travaille. Il n'existe pas qu'une seule vérité, qu'un seul féminisme. Celui-ci peut prendre plusieurs aspects et varier en fonction de nombreux critères. Je ne me suis pas réveillée un matin avec les idées que j'ai aujourd'hui et n'aurai sans doute pas les mêmes demain. Nos idées et points de vue sont voués à évoluer et se construisent à force de réflexions, conversations, échanges et lectures.

L'essai de Virginie Despentes fait partie de ces ouvrages inoubliables qui m'ont permis d'entamer une réflexion profonde, de revoir certains de mes jugements et opinions.

Drôle de titre pour un essai féministe que ce King Kong Théorie… Et pourtant, dans un chapitre, l'autrice y fait un parallèle avec le film King Kong (2005) de Peter Jackson. Elle analyse l'histoire et la mise en scène pour dénoncer la délicate place allouée à la femme dans une société patriarcale.

Le livre s'organise en 6 chapitres qui traitent chacun une notion importante. Virginie Despentes aborde entre autres la révolution sexuelle, le viol, la prostitution et la pornographie. le tout de manière très personnelle puisqu'elle y injecte des bribes de sa propre histoire.

À la sortie du livre, les critiques n'ont pas toutes été élogieuses et certains lecteurs y ont parfois vu « la haine de l'autre« . Pourtant, le texte ne laisse jamais entrevoir la haine, bien au contraire. Si son autrice s'intéresse surtout à la condition féminine, elle ne laisse pas totalement de côté les hommes à qui l'on impose une "virilité traditionnel, entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité". Que l'on soit d'accord ou pas, King Kong Théorie bouscule, interpelle et permet d'amorcer une remise en question.

Virginie Despentes a su mettre des mots justes, construire sa base de réflexions et les rassembler dans un texte tout à fait abordable. Si la lecture de King Kong Théorie est difficile, c'est davantage parce qu'il y est question de sujets sensibles, de constats alarmants et de vérités criantes. Elle nécessite une part d'introspection qu'il faut pouvoir accepter. Jouer le jeu et se remettre en question.

Un essai que je suis heureuse d'avoir enfin découvert et qui n'est que l'introduction de ma découverte du travail de Virginie Despentes.
Lien : http://ivredelivres.com/king..
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Un livre coup de poing, d'un féminisme cash et radical, et d'une honnêteté sidérante.

Dès les premières pages, l'écrivaine brosse son portrait «en tant que femme inapte à attirer l'attention masculine, à satisfaire le désir masculin, et à me satisfaire d'une place à l'ombre». Puis elle définit ainsi le cadre de son lectorat : elle écrit pour tous ceux, hommes comme femmes, qui ne respectent pas les codes de la «bonne» féminité ou masculinité. C'est à dire, la virilité et la domination pour l'homme, le souci de plaire et la soumission pour la femme.

Par delà le récit que nous fait l'auteure de sa rencontre avec le féminisme, la dénonciation du patriarcat et des normes de genre imposées par la société (aussi réductrices pour les hommes que pour les femmes), elle aborde la maternité, le viol, la prostitution et la pornographie.
C'est souvent très drôle, comme quand, par exemple, elle vitupère contre les tenants du patriarcat : «C'est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n'y met pas assez du sien».
Le chapitre sur la prostitution, dont le point de vue est original et renseigné, est passionnant de lucidité sans fard.

Un essai qui a le mérite de faire réfléchir.
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Virginie Despentes crie sa colère face au sexisme, aux violences sexuelles, à la construction sociétale de ce qui fait une "femme" acceptable et de ce qui fait un "homme" correct.

Essai sur le genre, sur la sexualité, sur l'hétérocentrisme, la culture du viol et le patriarcat, "King Kong Théorie" est autant un pamphlet de la société qu'un témoignage d'un vécu dans les violences sexistes et sexuelles mais aussi dans l'épanouissement personnel et sexuel.

Ce livre est cash, va à l'essentiel et évoque plusieurs débats de société qui, aujourd'hui encore, ne sont pas prêts d'être apaisés mais qui méritent d'être approfondis.
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