Vincent Descombes revisite sous un angle inédit, celui de la grammaire philosophique héritée du philosophe viennois Ludwig Wittgenstein, certaines questions classiques des philosophies de la subjectivité.
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Au fil de cette série de textes – certains déjà publiés, d’autres inédits – qui prolongent sa réflexion sur l’identité dans le sillage de Wittgenstein et de la philosophie analytique, Vincent Descombes jette un regard aigu sur la pensée contemporaine. Et aussi une partie de la littérature.
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Un ouvrage consacré au sujet sous toutes ses formes qui met habilement en perspective toute l'histoire de la philosophie moderne.
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L'auteur passe en revue tous les présupposés de la philosophie moderne du sujet, qui trouve son double acte de naissance chez Descartes, l'inventeur du cogito, du « je pense donc je suis », et chez Montaigne, l'écrivain qui a eu l'audace de se peindre dans les Essais.
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Si nous construisons le verbe « être » à la troisième personne, nous obtenons : « Je me demande ce qu’est cet Ego qui est maintenant nécessairement (ou dont nous savons maintenant nécessairement qu’il est). » Si nous traduisions ainsi, notre doctrine égologique assumerait franchement la substantivation du pronom « moi » : il faudrait construire la phrase à la troisième personne.
Si maintenant nous mettons le verbe « être » à la première personne, notre phrase devient : « Je me demande qui je suis, s’il est nécessairement vrai maintenant que je suis. »
Le mot « égotisme » a une histoire curieuse dont il sera question plus en détail dans ce qui suit. Retenons que ce mot nous vient de la critique littéraire et a servi d’abord à qualifier le style des écrivains qui, tel Montaigne, se prennent eux-mêmes pour matière et sujet de leurs livres. Le style égotiste consiste à parler de soi. Plus précisément, à parler de soi à la première personne. Il est en effet tout à fait possible à quelqu’un de parler de lui-même sans le faire à la première personne. Comme on sait, certains auteurs ont choisi de rapporter leurs faits et gestes à la troisième personne. Ainsi Jules César dans ses Commentaires, et Charles de Gaulle dans ses mémoires.
Le langage ordinaire connaît deux emplois du mot français « moi ». Comme pronom personnel de la première personne du singulier, il peut aussi bien servir de complément à un verbe (« parle-moi de lui ! ») que renforcer en apposition le sujet de la phrase (« moi je pense », ego cogito). Par ailleurs, il peut perdre son statut pronominal (et donc sa fonction référentielle) pour devenir un adjectif désignant une qualité de présence à soi (comme lorsqu’on dit après un accès de fureur : « Je n’étais plus moi-même »).
Le moi au sens de l’amour-propre est une qualité, un trait de caractère que l’on reconnaît à quelqu’un et qui peut être plus ou moins marqué. Le moi au sens métaphysique est un sujet auquel on attribue des opérations (de douter, de juger, d’imaginer, voire de « se poser comme sujet ») ou qui se les attribue à lui-même. Ce sont donc là deux opérations de substantivation différentes, ce qui soulève un point de grammaire philosophique.
Le moi n’est pas l’individu physique. Le moi qui est mien n’est pas moi en tant qu’être humain. Ainsi, le fait d’avoir remplacé l’âme par le moi ne met nullement fin au dualisme de la nature humaine. Ce sont bien deux individus qui sont distingués, l’un physique et l’autre métaphysique. Il faut donc deux principes d’individuation, un pour l’être humain, un autre pour le sujet de conscience.
Vincent Descombes – Les embarras de l'identité
La Suite dans les idées, France Culture, 02.02.2013
Intervenant : Vincent Descombes, directeur d'Etudes à l'EHESS, spécialiste de la philosophie du langage
« Vincent Descombes poursuit ses réflexions sur la nature du sujet aujourd’hui. Posant la questionde l’identité, il découvre une véritable énigme lexicale : "Qui suis-je ?", "Qui sommes nous ?", ce sont là ce qu’on appelle précisément une "question d’identité". »
Source : https://www.franceculture.fr/emission...
Vincent Descombes, Les embarras de l'identité, NRF Gallimard, 2013.
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