Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024
" Alors, toujours aussi gros ?
Et toi, toujours aussi con ?
C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi.
Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
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Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi.
Lorsque, suivant un chemin, nous rencontrons un autre homme qui venait à notre rencontre, suivant aussi son chemin, nous ne connaissons que notre partie du chemin, non la sienne ; nous ne connaissons sa partie du chemin que dans la rencontre.
Notre souhait national de reprendre la vie du peuple d'Israël dans son territoire ancestral n'est toutefois pas dirigé contre un autre peuple. [...] Le peuple juif, qui fut lui-même une minorité persécutée dans tous les pays du monde pendant deux mille ans, rejette avec horreur les méthodes de domination nationaliste dont il a lui-même si longtemps pâti. Nous n'aspirons pas à regagner la terre d'Israël avec laquelle nous avons d'indissolubles liens historiques et spirituels à la fois, avec l'intention d'éliminer ou dominer un autre peuple.
Destinée et liberté sont fiancées l'une à l'autre. Seul l'homme qui réalise la liberté rencontre la destinée.
"Autant le Mauvais Penchant cherche à nous séduire pour nous entraîner à pécher, autant aussi il cherche à nous séduire pour nous entraîner à être trop parfaits." Ce sont là des paroles de R. Mikhal.
p.228
Comment raconter une histoire.
Un jour qu'on demandait à un Rabbi (dont le grand-père avait été le disciple du Baal-Shem) de raconter une histoire, il répondit :
"Une histoire, il faut qu'on la raconte de telle sorte qu'elle agisse et soit un secours en elle-même".
Puis il fit ce récit :
"Mon grand-père était paralysé. Comme on lui avait demandé de raconter quelque chose de son Maître, il se prit à relater comment le Baal-Shem, lorsqu'il priait, sautillait et dansait sur place. Et pour bien montrer comment le Maître le faisait, mon grand-père, tout en racontant, se mit debout, sautillant et dansant lui-même. A dater de cette heure, il fut guéri. Eh bien, c'est de cette manière qu'il faut raconter."
p. 4
Yaakov Itzhak de Pjyzha ("der Yid").
La question fut posée à Yaakov Yitzhak :
"Le Talmud explique que la cigogne est appelée en hébreu "Hasidah, la pieuse ou l'affectueuse, pour la raison qu'elle aime les siens. Alors, donc, pourquoi entre-t-elle dans la catégorie des oiseaux impurs ?
-- Parce qu'elle ne dispense son amour qu'aux siens", répondit le Rabbi.
La légende raconte : Il y avait une fois un disciple du Baal-Shem qui prenait par écrit, en cachette, les enseignements du Maître. Mais il advint que le Baal-Shem, ayant vu un démon qui courait à travers la maison avec un livre sous le bras, lui demanda : "Quel livre as-tu donc là, sous le bras ?" Et le démon répondit : "C'est le volume dont tu es l'auteur !" Le Baal-Shem apprit ainsi qu'il y avait quelqu'un, en secret, qui couchait par écrit ses paroles. Il réunit ses disciples et leur dit : "Quel est celui d'entre vous qui prend copie de mes leçons ?" Le copiste aussitôt se déclara et apporta au Maître ce qu'il avait consigné. Lentement, longuement, page après page, le Baal-Shem en prit connaissance. Et quand il eut fini : "Il n'y a pas un traître mot, là, que j'aie prononcé ! dit-il. Comme ce n'était pas pour l'amour du ciel que tu écoutais, les puissances du mal se sont emparées de toi ; et tu as entendu autre chose que ce que je disais."
p. 120
Tout voyage a une destination que le voyageur ignore.
( " La légende du Baal-Shem")
[Le Dieu caché] R. Raphaël de Bershad, le disciple bien-aimé de R. Pinhas, raconte : " Au jour premier des solennités de Hanoucca, je me plaignais une fois à mon maître de la grande difficulté que l'on trouve au sein de l'adversité, à tenir intacte sa foi en la divine Providence qui garde chacun de nous lorsque l'adversité est là. On dirait alors véritablement, que Dieu se retire et cache sa Face de devant le persécuté. " Que faire, lui demandai-je, afin de fortifier sa foi ? -- Quand on sait que quelqu'un se cache, répondit le Rabbi, il n'est plus tout à fait caché."
p. 191