Jean-Marie S., le dernier fils de la Gertie, est très dévoué à sa mère, et à sa demande il part s'installer sur l'île d'Haïti, dans le but de s'enrichir en achetant des terres à cultiver ; cependant, il va très vite déchanter… En effet, sur place il ne trouvera aucune parcelle disponible et devra travailler comme comptable pour le compte de riches propriétaires terriens qui assujettissent des esclaves noirs, en provenance d'Afrique, à des travaux pénibles dans les plantations de canne à sucre. Un jour, ses patrons mécontents de son travail renvoient
Jean-Marie et ce 29 décembre 1783, il quitte définitivement l'île. Mais qu'est devenue la nombreuse correspondance qu'il a adressée très régulièrement à sa mère durant les deux années d'éloignement ? Est-t-elle arrivée à bon port ? Et quel avenir l'attend à son retour à Nantes, dans cet endroit battu par la neige et le vent qu'on appelle Miseri ?
Dans ce roman,
Michèle Desbordes nous parle de la longueur du temps qui passe et des navires négriers qui débarquent régulièrement les animaux et les esclaves noirs d'Afrique sur les côtes haïtiennes ; elle raconte l'exploitation humaine dans des conditions de vie désastreuses, et décrit le climat chaud et humide, presque étouffant de l'île, souvent balayée par des tempêtes meurtrières. Mais le point d'orgue de son livre est surtout cette correspondance, entre un fils et sa mère, et ce courrier sera la colonne vertébrale de l'histoire d'un homme tiraillé entre les commandements, celui de sa mère qui le pousse à partir vers un avenir incertain et celui des hommes tout-puissants de l'île qui détiennent tous les pouvoirs et distribuent les ordres sans aucune humanité.
La romancière prend son temps pour démêler l'écheveau de ses pensées et utilise une forme d'écriture un peu alambiquée, par la répétition de mots et de phrases, qui complexifie parfois la compréhension du texte. Rempli d'enseignements, le récit est un rappel de l'histoire, une histoire qui est à la fois triste et belle et que
Michèle Desbordes a su rendre bouleversante, à la faveur d'une écriture sensible et élégante.