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EAN : 9782213014524
188 pages
Fayard (06/06/1984)
3.73/5   24 notes
Résumé :
Il faut se méfier, dit Colette, des gens insignifiants qui se collent à vous, tel l'anatife ce parasite des mers, et qui servent souvent de tremplin pour vous précipiter malgré vous dans l'aventure. Parce que Lucetie d'Orgeville renonce à six semaines de paradis avec son bien-aimé Luigi en échange d'une poignée de diamants, Colette se retrouvera à X...-les Bains locataire horrifiée d'un chalet hideux et, par voie de conséquence, ayant fui cette laideur, pensionnaire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ces deux nouvelles de Colette ont été écrites de mai 1939 à mai ou juin 1940 mais nous projettent 30 ans plus tôt, sans doute vers 1910 d'après les quelques indices laissés par Colette dans sa narration. Pourtant, même si la romancière se met en scène dans ces deux nouvelles, et semble nous relater ses vieux souvenirs, il s'agit pas du tout d'une autobiographie mais d'une autofiction qui fait la part belle à une forme de nostalgie de ses années du début du siècle quand on "prenait les eaux" pour soigner sa tuberculose et que le tourisme thermal n'existait pas encore, quand il était impensable pour une femme de sortir tête nue...

Hasard, puissance des souvenirs sont deux des thématiques que Colette explore avec finesse pour nous faire revivre un peu du quotidien des années 1910.

J'ai eu du mal à rentrer dans la première nouvelle "Chambre d'hôtel" qui commence si lentement et par des réflexions décousues presque sans queue ni tête que je ne comprenais pas où cela allait me mener. Il faut persévérer un peu pour comprendre que l'intrigue démarre quand Colette se trouve, suite à une série de circonstances hasardeuses, dans la chambre d'hôtel d'une ville thermale, rappel lointain d'Uriage où elle passa quelque temps. Là-bas, Colette, désoeuvrée, en attente d'un nouvel engagement au music-hall, sympathise malgré elle avec le couple de la chambre d'à côté : une curiste venue soigner sa tuberculose, accompagnée de son mari que Colette soupçonne vite d'infidélité. Je n'ai pas été convaincue par cette nouvelle.

En revanche, La lune de pluie m'a bien plu. En allant porter son manuscrit à sa nouvelle dactylo, Colette découvre que celle-ci habite son ancien logis.

Qui n'a jamais souhaité revoir la demeure de son enfance, découvrir qui habite l'appartement où l'on a vécu célibataire avant de déménager pour plus grand, savoir comment les nouveaux propriétaires ou locataires ont transformé la maison de ses parents ou de ses grands-parents après qu'elle ait été vendue ?

Entre nostalgie et regret d'une période disparue, Colette tente avec une curiosité parfois déplacée, insistante même d'entrer un peu plus dans l'intimité de cette femme et de sa soeur pour goûter le plaisir secret de retrouver sur le vieux papier de tenture le dessin un peu effacé des bouquets de roses et de liserons qui s'y déployaient, ou la forme de l'espagnolette qui fermait la fenêtre de sa chambre... Sans leur avouer qu'elle a autrefois habité ici, Colette force le seuil de "sa" chambre et se trouve confrontée à une jeune femme perturbée qui se livre à des pratiques de magie en vogue à cette époque. C'est une part d'elle-même qu'elle cherche à retrouver en remontant le temps par la force des souvenirs visuels, tactiles et olfactifs qui l'assaillent à chacune de ses visites aux deux soeurs. Une démarche un peu malsaine finalement dont elle finit par prendre conscience.

Dans ces deux nouvelles, Colette n'a pas seulement la fonction du choeur antique, ou d'un témoin passif de l'histoire. Par son immixtion dans la vie de ces deux couples qu'elle côtoie, par son écoute ou ses paroles, elle se pose en instrument du destin et influence leurs vies.

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L'enchevêtrement de jasarh fait que Colette devient voisine d'un couple, avec qui elle se lie d'amitié, dans un hôtel. Avec son oeil critique elle se moque un peu de cet homle qui trompe sa femme. Ce qui est admirable, c'est la fraîcheur de ses observations ! Sacré Colette...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A mes dépens, j'ai eu le temps d'éprouver que la tentation du passé est chez moi plus véhémente que la soif de connaître l'avenir. La rupture avec le présent, le retour en arrière et, brusquement, l'apparition d'un pan de passé frais, inédit, qu'ils me soient donnés par le hasard ou par la patience, s'accompagnent d'un heurt auquel rien ne se compare, et duquel je ne saurais donner aucune définition sensée. Haletant d'asthme parmi la nue bleuâtre des fumigations et le vol des pages une à une détachées de lui, Marcel Proust pourchassait un temps révolu. Ce n'est guère le rôle des écrivains, ni leur facilité d'aimer l'avenir. Ils ont assez à faire avec l'obligation de constamment inventer celui de leurs héros, qu'ils puisent d'ailleurs dans leur propre passé. Le mien, si j'y plonge, quel vertige ! Et quand c'est son tour d'émerger, imprévu, d'offrir à la lumière actuelle, sa tête de sirène mouillée, ses jeux décevants d'hôte des profondeurs, je tiens à lui encore plus fort. Outre la personne que je fus, il me révèle celle que j'aurais voulu être.
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Il valait mieux qu'elle ignorât qu'une conflagration de hasards constitue une sorte d'engagement, qu'il y a une routine de l'imprévu. Une conjoncture nous semble unique parce que nous ne sommes pas assez subtils pour discerner qu'elle fait pendant, vêtue de neuf, à un vieux hasard identique...
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Encore une fois j'avais dit "oui",pour avoir la paix. Et aussi à cause de ma chatte que je trouvais désoxygénée par une longue année d'appartement. C'était une rayée, ramassée aux champs où la misère des bêtes est grande. Sauvage d'abord, grimpant aux murs si je l'enfermais, elle avait pris confiance et courage, jusqu'à devenir,- du moins elle le croyait -, la Reine des Chattes. Elle usait de l'ascenseur, mangeait au bistrot, montait en taxi, et voyageait dans le train comme une personne, jouant d'une froide et admirable figure classiquement bigarrée, et d'une paire d'yeux verts, d'un éclat surnaturel.
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Il l'attesta, la main sur le coec. Les menteurs et les faibles conaissent bien ce geste-là.
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L'homme trop occupé des femmes, reçoit d'elles, un jour, sa punition.

Chambre d'hôtel, 1941
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