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EAN : 9782072740046
688 pages
Gallimard (21/09/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Tout commence à Paris, le 1er juillet 1867, dans les fastes de l'Exposition Universelle : après la guerre de Sécession, les paysagistes d'outre-Atlantique, qui forment la première véritable école de leur pays, retrouvent, optimistes, le chemin de l'Europe. Mais les critiques français leur réservent ricanements et sarcasmes : "Cette exposition est indigne des fils de Washington. Au milieu de nos vieilles civilisations, les Américains font l'effet d'un géant fourvoyé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En 1933, alors qu'il est aux Etats-Unis, Henri Matisse transmit son enthousiasme sur l'art américain à son ami André Masson par cette phrase «Un jour, ils auront des peintres». Ce livre d'Annie Cohen-Solal, retrace le parcours des artistes américains depuis le début du XIX siècle jusqu'à "La danse héroïque de Jackson Pollock et les oeuvres expressionnistes abstraites d'Agnès Martin, de Paris à New York, de Philadelphie à Giverny, de Pont-Aven à Chicago en passant par le Nouveau-Mexique.
Au début du XIX siècle l'art américain se fait l'interprète de la nature, la nature étant l'interprète de Dieu. L'alliance entre l'art et la religion, entre l'artiste et le prête. Son développement se fait à partir de la reproduction de la nature, dans un face-à-face avec la nature la plus sauvage.
Puis dans la seconde moitié du XIX, nombre d' artistes américains traversèrent l'atlantique pour se confronter avec l'art de l'Ancien monde et plus particulièrement en France, l'endroit où il fallait être. L' auteure compare l'organisation de l'art américain, soutenu par les riches hommes d'affaires, à celle de la France, centralisée dans les salons officiels. Les peintres américains découvraient à Paris écoles et musées et ne cachaient pas leur admiration. Et pourtant, à cette époque les arts plastiques connaissaient une crise. Les peintres dits "modernes" de l' école de Barbizon, les peintres réalistes rencontraient beaucoup de difficultés à imposer leur style face à la peinture officiel. Rousseau et Millet reçurent la légion d'honneur en 1868, presque sur leur lit de mort. En 1861, certains élèves de l'Ecole des Beaux-Arts s'étaient regroupés pour protester contre l'art académique et demandèrent à Courbet, qui refusa, de devenir leur professeur. En 1863, Napoléon IIl autorisa le salon des refusés, contre l'avis de l'Académie. Dans le même temps, les artistes américains suivaient les cours dans les académies de Gérôme, Couture et Cabanel, les peintres officiels français. Puis, peu à peu, de nombreux peintres américains prirent des libertés avec l'académisme et colonisèrent Pont-aven avant de retourner aux Etats-Unis.
Ce livre est une véritable mine d'informations pour les passionnés d'art. On y retrouve l'influence d'un Durand-Ruel qui organisa sa première exposition de peintres impressionnistes Français à New York en 1886 où le public américain découvrit Pissaro, Monet, Degas, Manet, Seurat, Sisley, etc. L'auteure nous rappelle l'importance de Whistler, de John Singer Sargent, Robert Henri, Thomas Eakins, des femmes peintres américaines, comme Mary Cassat, et enfin le succès des Américains à l'exposition Universelle de 1889 (Deux grands prix, quatre médailles d'or, quatorze médailles d'argent et trente deux médailles de bronze).
Nous retrouvons au fil des pages Rosa Bonheur, Monet à Giverny, l'exposition universelle de Philadelphie en 1893, la ruée des riches collectionneurs Américains sur les peintres impressionnistes Français, au grand dam de certains peintres américains fréquentant les ateliers des professeurs les plus conventionnels : «Les tableaux impressionnistes sont le résultat de la théorie de Manet, peintre maladroit et sans éducation».
Lé 17 décembre 1897, Julian Weir et neuf de ses camarades quittaient la Société des Artistes américains devenue trop conservatrice à leur goût pour former le « groupe des dix » et entreprirent une croisade pour « éduquer »le public américain et le faire accéder à l'art véritable". Comme en France, bataille des artistes "modernes" contre l'art Académique.
Entre 1908 et 1913, les expositions de Rodin, Matisse, Cézanne, Picasso furent présentées pour la première fois au Nouveau Monde et attirèrent un tout nouveau public et, le 17 février 1913, l'Armory Show ouvrit ses portes à New-York. Mille trois cents oeuvres y étaient présentées, dont un tiers venait d'Europe. On y trouvait, Cézanne, Picasso, Derain, Braque, Gauguin, van gogh, Rousseau, Duchamp, Seurat, etc.
En 1915, New York devenait véritablement la capitale mondiale de l'art et en 1929 La MOMA présenta sa première exposition qui attira plus de quarante-sept mille personnes en quatre semaines. Après la « Grande Dépression » de 1929, Roosevelt, inspiré par la promesse de provoquer un renouveau dans l'art américain et convaincu de l'utilité des artistes, fonda en 1933 le Public Works of Art Project qui permit à 5000 artistes d'obtenir pendant dix ans, une aide de l'état pour continuer à créer et furent salariés du gouvernement. Des artistes comme de Kooning, Pollock profitèrent de cette aide ainsi que de nombreux artistes qui sont, aujourd'hui, mondialement reconnus, et c'est en 1948, à la Biennale de Venise que l'on présenta pour la première fois en Europe, huit toiles de Jackson Pollock, véritable premier maître américain. L'Amérique avait rattrapé son retard sur l'ancien monde et prenait le leadership sur l'art pictural mondial. Belle revanche pour ce pays dont Fernand Leger disait « L'Amérique, ce n'est pas un pays, c' est un monde».
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Cet ouvrage encyclopédique retrace l'éclosion de la peinture américaine à partir de zéro jusqu'à l'aboutissement mondial que nous vivons aujourd'hui.

Longtemps banni par une société rurale et imprégnée d'une religiosité protestante bannissant la représentation humaine, l'art avait été négligé par la classe sociale dominante, au profit exclusif de l'art européen.

Cet art devenait l'instrument suprême pour affirmer son prestige mais, au fur et à mesure que s'amenuisait son sentiment d'infériorité, la nécessité de se référer à l'Europe diminua et la société américaine progressa, s'urbanisa. Et subit les mêmes variations de mouvements qui avaient traversé le vieux continent : absence d'institutions, puis pléthore, tensions entre valeurs financières et valeurs morales, entre capitalisme et philanthropie.

On imagine mal aujourd'hui la fascination qu'exerçaient sur les aspirants-peintres américains les artistes « classiques » français et l'école des Beaux-Arts (Paul Baudry, William Bouguereau, Thomas Couture, Carolus-Duran, Meissonier, ... et surout Jean-Léon Gérôme), les académies privées fleurissant à Montparnasse, les colonies de peintres fauchés poussant à Barbizon, Giverny, Pont-Aven et autres villages pittoresques. Avec un cursus honoris obligé : avoir un tableau exposé au Salon, y recevoir une médaille, se faire acheter par l'Etat et exposé au musée du Luxembourg, et enfin l'apogée : la croix de la Légion d'honneur comme Whistler ou Sargent Singer.

Longtemps toutefois, les peintres les plus novateurs en Amérique ont toujours une révolution de retard par rapport à l'Europe et à la France. L'Impressionnisme avait pénétré aux Etats-Unis avec un retard esthétique de 10 à 15 ans, à travers les collectionneurs privés et malgré les réticences des musées. Mais sitôt installés, il fallut faire face au renouveau esthétique de Gauguin, Seurat, Van Gogh, Cezanne, Matisse, Picasso, Rodin.

Deux tendances s'affrontent en Amérique : les réalistes autour de Thomas Benton, et les modernistes avec Stuart Davis. L'ouvrage cite l'ensemble des acteurs de cette période : artistes, mécènes, galéristes, conseillers – et surtout conseillères – en constitution de collections, conservateurs et curateurs de musées, marchands opérant sur les deux rives de l'Atlantique tels Paul Guillaume, Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Kahnweiler, Bernheim jeune, Pierre Matisse.

Un événement majeur dans l'explosion de la peinture américaine : l'exposition organisée en février 1913 à New York « Armory Show » qui montra 1250 oeuvres dont 400 peintures et 21 sculptures européennes.

Autre action remarquable des pouvoirs publics pour faire face à la grande dépression : la politique de soutien financier direct aux artistes dans la cadre du New Deal inventée par Biddle et Cahill (la WPA), qui permit l'épanouissement de peintres comme Ad Reinhardt, Jacob Lawrence, Stuart Davis, Jackson Pollock et Wilhelm de Kooning.

A lire avec à portée de main une tablette pour visualiser, à côté des noms des artistes cités, une partie de leur production.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le surintendant des beaux-arts de Napoléon III, et directeur des musées, donc la plus haute autorité en matière culturelle rejetait le réalisme et les tendances esthétiques de Barbizon : « une peinture de démocrate, de gens qui ne changent pas de linge ».
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En 1886, Gauguin écrivait : j’aime la Bretagne. Quand mes sabots résonnent sur le sol de granit, j’entends le ton sourd mat et puissant que je cherche en peinture.
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Videos de Annie Cohen-Solal (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Annie Cohen-Solal
Colloque de rentrée 2016 : Migrations, réfugiés, exil Conférence du jeudi 13 octobre 2016 : Artistes et déracinement : le cas de Mark Rothko
Intervenant(s) : Annie Cohen-Solal, Université de Caen
Retrouvez la présentation et les vidéos du colloque : https://www.college-de-france.fr/site/colloque-2016
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