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sur 668 notes
"J'étais correct, propre, rasé, à jeun, et je m'en souciais comme d'une guigne. J'étais, des pieds à la tête, le détective privé bien habillé. J'avais rendez-vous avec quatre millions de dollars" (page 9)

J'avance toujours doucement dans le printemps du polar, avec cette fois-ci un roman mythique de l'histoire du roman policier.

Dans l'ambiance délicieusement vintage de la Californie des années 1930, les dames portent des gants et des revolvers à crosse de nacre, et les policiers des imperméables et des chapeaux mous.

"Elle se leva lentement, et s'approcha en ondulant dans sa robe noire collante de tissu mat. Elle avait de longues cuisses, et elle marchait avec un certain petit air que j'avais rarement remarqué chez les libraires. Elle était blond cendré, les yeux gris, les cils faits, et ses cheveux en vagues arrondies découvraient des oreilles où brillaient de gros boutons de jais. Ses ongles étaient argentés. Malgré son attirail, elle devait être beaucoup mieux sur le dos.
Elle s'approcha de moi en déployant un sex appeal capable d'obliger un homme d'affaires à restituer son déjeuner, et, secouant sa tête, remit en place une boucle de cheveux doux et brillants ... pas très dérangée d'ailleurs. Elle eut un sourire hésitant qu'on n'aurait pas eu de mal à rendre aimable" (page 38).

Philip Marlowe, ex-flic reconverti en privé, est contacté par le richissime général Sternwood, un vieillard infirme qui a fait fortune dans le pétrole. le général a en effet de nombreux problèmes avec ses deux filles quelque peu agitées ; il se voit contraint par un maître chanteur de régler les dettes de jeu de Carmen, la cadette, et charge Marlowe d'en savoir plus sur son créancier, Geiger ... mais celui-ci vient d'être assassiné, et son corps a mystérieusement disparu. Derrière cette enquête de routine se profile une intrigue plus complexe, et l'intrigue n'est pas là où on l'attend ...

On lit là un grand roman noir, un style auquel Chandler a largement contribué à donner ses lettres de noblesse. Novateur en son temps, le grand sommeil est l'un des monuments du patrimoine du polar. Philip Marlowe en est même devenu un archétype du "privé", rusé, cynique, et capable de démêler les intrigues à tiroirs.

Un univers en soi, donc, admirablement rendu par la traduction de Boris Vian, avec des accents qui ne sont pas sans rappeler J'irai cracher sur vos tombes. Il faut aimer, certes ... mais moi j'aime bien !

"- Vous avez des manières délicieuses avec les femmes.
- J'ai beaucoup aimé vous embrasser.
- Vous ne perdez pas du tout la tête. C'est tellement flatteur. Dois-je vous féliciter ? Vous ou mon père ?
- J'ai beaucoup aimé vous embrasser.
Sa vois devint un filet glacé.
- Emmenez-moi d'ici, si ça ne vous dérange pas. Je suis persuadée que je serai très bien chez moi.
- Vous ne voulez pas être une soeur pour moi ?
- Si j'avais un rasoir, je vous couperais la gorge ... juste pour voir ce qui sortirait." (pages 223-224)
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Toujours autant de plaisir à retrouver ce grand classique, dans une traduction plus moderne et moins caricaturale, pour ce qu'en j'en comprends.
La langue est belle, et nous plonge avec délice dans cette époque des grands polars d'Hollywood, la couverture reprenant Humphrey Bogart et Lauren Bacall influençant certes notre imagination, tout en respectant le cadre de l'ouvrage.
Quant à l'intrigue, elle est assez classique, à cette époque les morts ne sont pas noyés sous des tonnes d'hémoglobines et les détails les plus trash nous sont épargnés. On pourrait croire à la moitié du livre que notre brave et intègre Marlowe a rempli sa mission, entouré qu'il est de 2 soeurs pauvres petites gosses de riche nymphomanes, mais non, tout n'est pas simple dans le milieu de l'époque, sorti de la prohibition, où règnent le jeu et la prostitution, mais qui encore épargné par la drogue.
Beaucoup de charme donc pour cet ouvrage, précurseur de la littérature policière.
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Un polar à l'ancienne, avec un détective incorruptible, des femmes fatales et quelques meurtres !
Et ce n'est pas déplaisant, je comprends le succès qu'a pu avoir ce style de livre un moment donné et pourquoi le détective Marlowe est passé ensuite par la case cinéma.
Cela change et repose des policiers actuels, ici les morts sont propres, pas de sadisme. le livre est rempli de descriptions mais sans longueur excessive et l'écriture est agréable. le traducteur Boris Vian est mis en avant dans la 4eme de couverture, n'ayant pas lu la version originale je ne peux juger de son talent mais je crois l'éditeur sur parole !
Un moment de lecture plutôt agréable.
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Le général Sternwood engage Philip Marlowe pour trouver l'origine du chantage dont fait l'objet une de ses filles, Carmen. L'ainée des filles du général, Vivian, pense qu'il a été embauché pour retrouver son mari, Rusty Regan.

J'ai lu que ce roman avait été écrit à partir de nouvelles précédemment publiées : le tireur sous la pluie et le rideau.
La première partie du roman, parce que j'ai vu une différence entre l'histoire où il est question du chantage sur Carmen et la deuxième partie où Marlowe part à la poursuite de Rusty Reagan…
Donc, la première partie m'a laissé sur ma faim, j'étais un peu perdu dans les personnages et je n'ai pas retrouvé le Philip Marlowe rencontré dans le film de Howard Hawks ou le personnage interprété par Powers Boothe dans la série.
J'ai retrouvé cet univers dans la deuxième partie du roman et pris plaisir à lire la fin de l'histoire. Philip Marlowe est un privé honnête avec ses clients et avec lui -même. Amateur d'alcools forts et de jolies femmes, surtout Boucles d'or.
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Alors qu'il patiente dans l'immense hall de la résidence de son client, le général Sternwood, Marlowe fait rapidement connaissance avec l'une des filles de ce dernier, Carmen, qui se jette quasiment dans ses bras.
C'est encore d'elle qu'il s'agit lorsqu'il croise enfin le vieil infirme : elle aurait contracté quelques dettes de jeu auprès d'un bouquiniste qui pourrait se montrer indélicat. Marlowe est engagé pour que ce ne soit pas le cas.
Il est cependant intercepté en repartant par la seconde fille du général, Vivian, une garce hautaine à la recherche de son mari disparu, Rusty Regan, qui imagine que la présence du détective est liée à cette absence inexpliquée.
Marlowe s'intéresse donc au libraire Arthur Geiger et découvre rapidement qu'il fait commerce, sous le manteau, de littérature pornographique, son officine faisant office de couverture.
Afin d'en apprendre plus sur l'homme, il le file jusqu'à son domicile cossu sur la colline et reste en planque jusqu'à ce qu'une jeune femme qui s'avère être Carmen Sternwood arrive à la nuit tombée. Marlowe perçoit comme un flash d'appareil photographique, puis trois coups de feu retentissent dans la maison avant que quelqu'un s'enfuie en voiture par la rue en contrebas.
Marlowe pénètre dans la maison silencieuse et découvre le cadavre de Geiger ainsi que la jeune Carmen, nue et droguée, en train de prendre la pose…

Chandler est le maître des ambiances un peu glauques, s'appuyant avec un humour froid sur son personnage de détective que rien ne peut ni atteindre ni perturber et sur des descriptions incroyablement précises, originales, qui s'inscrivent en toute fluidité dans le récit. Chez lui, on n'entre pas seulement dans une pièce, il prend un malin plaisir à déployer tout son art pour décrire son décor du sol au plafond avant de s'attacher à la femme, forcément fatale, qui, alanguie dans son canapé, vous accueille un verre à la main avant de vous planter un couteau dans le dos. En styliste perfectionniste, il apporte d'ailleurs la même attention à ses dialogues qui toujours sonnent juste.

Même si elles sont « linéaires », les intrigues des romans de Chandler sont toujours complexes et les opérations à tiroirs nombreuses ; le Grand Sommeil ne déroge pas à la règle avec des imbrications dans tous les sens. Une vingtaine de personnages se partagent les rôles, avec quelques points communs comme la corruption, la dépravation ou le fait d'appartenir à la « bonne » bourgeoisie.

– Il avait un casier judiciaire.
Elle a haussé les épaules. Elle a dit négligemment : « C'est qu'il ne fréquentait pas les bonnes personnes. C'est tout ce qu'un casier judiciaire veut dire dans ce pays gangrené par le crime. »

Les assassins potentiels et les cadavres sont nombreux et se bousculent au portillon. Au premier rang, un apprenti maître chanteur, à ses côtés un amoureux éconduit, derrière eux l'amant de la victime ou un directeur de tripot… D'autres suivront et Marlowe, méticuleux et toujours imperturbable, explorera toutes les pistes jusqu'à se convaincre d'avoir trouvé la bonne.

C'est une grande ville maintenant, Eddie. Des gens très violents s'y sont récemment installés. C'est la rançon de la croissance.

À travers le regard de Marlowe, Chandler observe la ville de Los Angeles et la société américaine se transformer et ce qu'il voit ne lui plaît guère. Les « élites » et leurs valeurs se meurent, à l'instar du général Sternwood, tandis que s'installent le crime et la corruption, les magouilles et la dépravation (la pornographie et l'homosexualité sont deux des thèmes abordés dans le roman).
Écrit en trois mois selon la légende et premier roman de Chandler publié aux États-Unis (ce sera le second en France, après La Dame dans le Lac, le Grand Sommeil est le fruit de la refonte en un récit cohérent de deux nouvelles précédemment publiées dans Black Mask. Même si l'auteur déploie tout son talent pour entremêler personnages et intrigues, on a tout de même ce sentiment de point de bascule à mi-parcours, les deux filles du général Sternwood jouant les pivots. On retiendra de cette lecture la richesse des ambiances, des dialogues, et les personnalités fouillées des protagonistes pour oublier le côté emberlificoté de l'intrigue policière et sa grande « explication finale » à la manière des « whodunit » qui, si elle n'est pas sans émotion, donne le beau rôle à Marlowe en lui promettant un avenir (dés)enchanté.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Prenez un San-Antonio, enlevez les jeux de mots, enlevez une grande partie de la gouaille, enlevez une bonne partie d'action libidineuse, et vous êtes pas loin d'obtenir ce Grand Sommeil. Qui est un des romans-bases du polar, et à ce titre est respectable. Mais voilà, moi qui ne suis pas un fan de polar, je lui préfère un bon San-A.
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boucle d'ange !

Nous sommes en 1939, Hollywood, Californie, R. Chandler écrit son premier roman qui restera dans les annales du roman noir : le grand sommeil.

La naissance du légendaire détective privé Philip Marlowe, qui sera par la suite interprété par H. Bogard sur les écrans, deviendra mythique aux yeux de tous.

L'histoire tourne autour d'une famille aux lourds secrets, aux coups tordus, chantages, vices, dépourvus de sens moral.

Des gangsters se mêlent dans la partie, zigouillant à tout va, laissant des cadavres sur leurs passages, que seul Marlowe peut élucider sans trébucher.

L'écriture est taillée au scalpel, personnages secondaires complexes, rythmé et foutrement bien construit jusqu'au dénouement tragique.
L'amour, le fric ... La vie, la mort ... un chemin ténébreux, une odyssée sanglante.

Les soi-disant Sherlock Holmes, et toi, boucle d'ange, je vous invite à lire cette histoire de fous avant de dormir d'un grand sommeil et ne jamais se réveiller !

Attention : Polar culte !
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Raymond Chandler (1888-1959) fut avec Dashiell Hammett l'un des fondateurs du nouveau polar, du roman noir dans lequel les frontières entre le bien et le mal sont très perméables et dans lequel l'action et la violence priment. le grand sommeil, écrit en 1939 (adapté au cinéma avec Humphrey Bogart en Marlowe et Lauren Bacall en Vivian Regan, par Howard Hawks) est traduit par Boris Vian et publié dans la Série noire de Gallimard en 1948.

Et que dire d'autre que c'est formidable de lire un grand classique du genre ? Depuis longtemps je m'étais dit qu'il fallait que je le lise, et puis, les autres sollicitations livresques arrivant, je repoussais... Ne faites pas cela, foncez et lisez ce grand roman noir. Tout y est : les bons, les méchants qui changent parfois de place. L'alcool, la clope, le sexe, mais rien à voir avec ce qui s'écrit de nos jours en la matière, pensez donc : de simples photos de nus d'une jeune femme riche et paumée forcent son père à engager un détective !

Il y a surtout Marlowe, un détective un poil blasé, qui fonce et n'hésite pas à braver les gangsters pour arriver à ses fins. Et enfin, l'écriture relâchée de Raymond Chandler, oralisée qui garde néanmoins des traces de classicisme grâce à l'usage du passé simple et de l'imparfait du subjonctif aujourd'hui tombé en désuétude, ce qui est fort dommage. Bref, un classique, un grand classique qu'on trouve aisément. Un conseil : je ne sais pas si d'autres traductions existent, mais préférez celle de Boris Vian, ça double le plaisir. Comment résister à ce qui suit ?

"Au septième étage, je gagnai la suite de petits bureaux occupés par les sous-ordres du Procureur du District. Celui d'Ohls n'était pas plus grand que les autres, mais il l'avait pour lui tout seul. Rien sur sa table qu'un buvard, une garniture de bureau bon marché, son chapeau et un de ses pieds. C'était un homme blondasse de taille moyenne, aux sourcils blancs et raides, aux yeux tranquilles et aux dents soignés. Il ressemblait à tous les gens qu'on croise dans la rue."
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Le personnage classique du privé, classieux avec un soupçon d'humour noir et de cynisme, des zones d'ombre pour tous les personnages, des péripéties rocambolesques mais crédibles: une très bonne lecture détente.
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Je ne sais même plus pourquoi je l'ai acheté, mais ce n'est définitivement pas ma tasse de thé. Une histoire de détective truffé de dialogues inintéressants et de descriptions non moins ennuyeuses. Il faut de tout pour faire un monde. Mais ne n'ai pas pu le lire jusqu'à la fin, j'avais l'impression de perdre mon temps, comme lors des séries télévisées dominicales qu'on regardait parce qu'il n'y avait rien d'autre.
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