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J'attendais avec impatience cette lecture suite à l'intervention de l'auteur dans une émission littéraire. J'ai trouvé intéressant le contexte historique de cette colonie pénitentiaire mais je n'ai pas réussi à m'accrocher au récit et au personnage principal Jules. J'ai trouvé trop de clichés dans les personnages secondaires. Peut-être le sujet difficile traité dans ce livre n'a pas trouvé résonance avec mon état d'esprit.
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Le début de lecture a été fastidieux pour moi. J'ai eu du mal à me mettre dedans. Puis, j'ai rapidement adhéré, j'ai voulu en savoir plus, j'ai espéré, ... J'y étais. C'est un cauchemar cette histoire, soyons honnête. Je ne vois plus Belle-Ile de la même manière mais, je remercie l'auteur de m'apprendre ce fait sordide. Je ne savais pas ce que l'on infligeait à ces enfants.
Le héros est attachant. On imagine ce qu'il subit, ressent. Tout est terriblement injuste. Alors, lorsqu'il y a une mutinerie générale, j'ai angoissé pour tous ceux qui ont tenté la fuite. J'ai espéré que les habitants sauraient dépasser leurs préjugés. Y'a-t-il une sortie pour ces jeunes mal tombés ?
J'ai adoré la suite de l'histoire, moins la fin. C'est très personnel. J'aurais voulu une fin plus heureuse mais je comprends la suite des événements et je l'accepte. Il y a beaucoup de violence dans ce récit, j'ai parfois fait le choix de fermer les yeux. Je fais face néanmoins à l'époque et aux décisions arbitraires qui jugeaient un enfant comme un adulte, responsable de ses actes, responsable d'exister. C'est un excellent récit.
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« Belle-Île, un endroit enchanteur au large du Morbihan, un lieu merveilleux pour tout un chacun en quête d'aventure ou de dépaysement. Mais pendant presque 100 ans, l'île a accueilli des mineurs délinquants, « de la mauvaise graine à faire trimer et à mâter ». Ces enfants aux cranés rasés et habillés de la même blouse grise n'ont pas profité de ce lieu magnifique : c'était leur « bagne ». Archives et patrimoine du Morbihan.
La « colonie » a fonctionné de 1880 à 1977.

11 octobre 1932 – centre pénitentiaire de Belle Ile en mer
Jules Bonneau, « la Teigne », un enfant de 13 ans, raconte son histoire.
« La Teigne !
Personne n'a le droit de m'appeler comme ça. Jamais. C'est mon nom de guerre, gagné à force de dents brisées. Moi seul le prononce. Je le revendique et les autres le craignent. Aucun détenu, aucun surveillant, pas même Colmont le directeur ne peut l'employer. « La Teigne », c'est mon matricule et ma rage. Mon champ d'honneur ».

Cet extrait au début du roman résume parfaitement l'état d'esprit de Jules. Il a très vite compris que LA LOI DU PLUS FORT règne en maître dans le bagne où il subit la violence et l'injustice de la réclusion. Des enfants jugés et condamnés par la misère, l'abandon, les larcins mineurs pour manger et survivre.
Il a donc le coup de poing facile, ne se laisse pas faire par les caïds et résiste aux injonctions des gardes chiourmes. Il n'a qu'une idée : s'évader en sachant que les chances de réussite sont infimes.

Un révolté face à l'autorité des adultes qui l'ont enfermé. Un gamin que la rage possédera jusqu'au bout de sa vie. Les marques de l'enfance sont indélébiles.

J'ai aimé le personnage de Jules, tout en nuances et en contrastes : violent, sans pitié envers les autres, rebelle envers les gardiens. Et en même temps protecteur envers les plus vulnérables, comme Camille Loiseau, un gamin trop tendre dans ce milieu de haine. En même temps, Jules est sensible à l'affection que lui portent les marins qui l'accueillent lors de sa fuite du bagne. On peut même penser que cet amour le sauvera de la rage qui couve en lui.

Mais Jules Bonneau est d'abord et avant tout un être entier. Quand il défend quelqu'un, il va jusqu'au bout, au-delà de sa propre sécurité, porté par sa révolte, par la violence qu'il a subie.

Les thèmes principaux de ce livre sont l'injustice, la violence et le mépris faciles envers les plus jeunes, les plus faibles. Portés par une écriture puissante, marquée par la sincérité et le réalisme. Elle nous touche au coeur et aux tripes. Sans doute, parce que la voix de Jules est aussi celle de Sorj Chalandon marqué par la violence paternelle.

Le paysage politique des années 30 est présent en filigrane et bien décrit par les extraits de journaux que Jules arrive à se procurer et à commenter. Les mouvements d'extrême droite sont parfaitement incarnés par des personnages bien campés, particulièrement crédibles. Eux aussi incarnent la violence, le mépris de la justice et la loi du plus fort.

J'ai infiniment aimé ce roman puissant, dense, magnifique et terrifiant à la fois. du grand Chalandon !

Merci à Netgalley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce superbe roman.

https://commelaplume.blogspot.com/
Instagram : commelaplume
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Sur les étales des librairies, dans les émissions littéraires, sur les réseaux sociaux … vous avez l'impression de voir ce roman partout ? l'enragé écrit en grand format, sur ce fond rouge vous est déjà familier alors qu'il est sorti il y a à peine un mois ?

Cet engouement est justifié, l'enragé est une véritable claque littéraire.

En quelques mots : Dans les années 30, les enfants gênants sont envoyés en colonie pénitentiaires. Par enfant gênant, comprendre : les orphelins, les vagabonds, les mal-aimés, les affamés. Ceux qui sont mal-nés, qui ne connaissent pas la chaleur de la peau, la douceur d'un foyer, la quiétude d'un estomac rempli.
Ces enfants qui heurtent la sensibilité des bonnes gens et qui leur gâchent la vue.
Ces gamins là, on les envoie à Belle-ile ou à Eysse.
Ils y sont maltraités, violés, méprisés.
On les forme à être déshumanisés, on leur insuffle la résignation ou la violence.
Mais un jour, c'est trop.
Une mutinerie éclate, la cinquantaine de gamins s'échappent.
Un seul n'y retournera pas, fugitif traqué par toute une île qui rêve de la pièce de 20 francs promise si on livre la tête de ce gosse au directeur.

C'est à travers Jules, auto-surnommé La Teigne que l'on vit ce roman. Sa hargne, sa violence, sa colère, sa douleur … elles transpirent tout au long du récit.
Pas de nuance, La Teigne est un gamin qui a trop souffert pour s'embarrasser de la prise de recul.

Ce roman magistral écrit par Sorj Chalandon mérite au moins un prix littéraire. Ce ne sera pas le Goncourt, il n'est pas dans la liste des premiers sélectionnés. Alors lequel ?
Et après tout quelle importance, ce roman existe déjà par lui même.

Jules Bonneau, je l'ai quitté hier soir le coeur lourd et les yeux humides. Mais c'est encore un des personnages de littérature qui restera au fond de moi, peut être en compagnie du Joseph de JB Andrea dans des diables et des saints. Ils ont cette douleur commune, cette expérience du mépris de la société parce qu'ils sont ce que la vie leur a imposé : des laissés pour compte.
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Encore un récit de Sorj Chalandon qui vous remue le coeur et vous barbouille l'estomac !

Jules Bonneau (18 ans) enfant abandonné, surnommé « la Teigne », est le narrateur enragé et totalement désabusé de cette histoire. Partageant depuis des années le quotidien d'autres adolescents, rejetés par leurs parents et la Société … Martyrisés par des surveillants (tous dépourvus du moindre état d'âme, voire carrément sadiques, comme l'horrible Chautemps) ils survivent au sein de la colonie pénitentiaire maritime et agricole de Haute Boulogne, à Belle-île en mer. le plus jeune et le plus fragile de ces misérables (Camille Loiseau) tête de turc des autres pensionnaires – mais également le souffre douleur dudit Chautemps – n'a que treize ans …

Jusqu'à la violence de trop et la fuite révoltée de cinquante-six gamins (dont cinquante-cinq seront repris …) devenus – à force de mauvais traitements – de véritables loups !

Sorj Chalandon (qui a connu la souffrance morale et physique, au cours d'une enfance mise en pièces par son père) nous fait découvrir sans langue de bois ce fait divers peu connu et vieux de presque un siècle (la mutinerie de 1934) ainsi que le tragique destin du principal protagoniste de son émouvant roman (Jules Bonneau, le fameux cinquante-sixième mutin) un personnage fictif à qui il va attribuer quelques traits de sa personnalité, a-t-il confié lors d'une interview … Une intrigue qui se déroule sur une décennie (de 1932 à 1942 …) Une écriture âpre, qui vous bouleverse et vous laisse sans voix !

Gros coup de coeur et totale empathie de ma part, pour tous ces malheureux, laissés au bord de la route par une France qui se voulait bien pensante …
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l'enragé
Vous allez dire que je ne peux pas tout ramener à Philippe Jaenada et pourtant il y a plusieurs points communs entre Au printemps des monstres, La petite femelle et le dernier roman de Sorj Chalandon
L'un comme l'autre dessinent une France peu reluisante, quelque soit la période abordée, ici les années 30
Le centre d'éducation de Belle île en mer, on pourrait bien évidemment mettre éducation entre guillemets n'est ni plus ni moins qu'une prison pour mineurs et m'a fait penser à la prison pour femmes fréquentée par Pauline Dubuisson : brimades, travail forcé pour le compte d'entreprises ou de privés, abus de pouvoir mais aussi chasse aux sorcières
Enfin et c'est là où réside l'immense talent de ces auteurs, c'est par le prisme du parcours de petites gens, d'oubliés de l'Histoire, que celle-ci nous est contée, au travers d'une évasion spectaculaire et bien réelle
La profonde humanité de presque Justes apporte heureusement un peu de lumière au destin de Jules Bonneau, une famille, mais tout autour, c'est la fange et les gens ordinaires se disputent le pire, pour 20 petits francs, c'est dire si le mobile ressemble davantage à faire le mal qu'à faire fortune
J'ai dévoré ce livre le coeur serré tant ce que l'auteur laisse entrevoir de ce qu'aurait pu être le destin de Jules, l'improbable amitié avec le jeune Loiseau et la bonté de certains êtres m'ont semblé dérisoires face à tant de noirceur d'âme
Aux vers de Jacques Prévert « Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! Maintenant, il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes, les touristes, les rentiers, les artistes »
on se prend à se demander qui sont réellement les enragés

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La maison de redressement des « Choristes » semble un joli paradis en comparaison.
Le centre pénitentiaire de Belle-Ile est un enfer: violence, brimades, humiliations, punitions à la limite de la torture. La maltraitance est érigée en règle d'éducation.
C'est dur, très dur. le style est simple, direct, haché. On reçoit certaines phrases comme des gifles.
On s'attache à La Teigne, sa vie d'enfer entrecoupée de rêves furieux et on se prend à espérer qu'il s'accroche, qu'il rencontre une bonne âme et finisse par s'en sortir d'une manière ou d'une autre.
Un roman qu'on ne lâche pas. Intelligent. Humain. Remarquable.
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Pendant plusieurs décennies au XXème siècle, on est loin de l'image de carte postale à Belle-Ile-en-Mer puisque cette dernière abrite une colonie pénitentiaire pour enfants.

Dans ce bagne, les gamins sont rééduqués avec des coups, humiliés constamment. Ils grandissent avec la faim au ventre, le froid et sont exploités au travail. Des conditions de vie terribles pour ces adolescents enfermés jusqu'à leur majorité. Certains ont seulement commis quelques larcins, d'autres ont eu le malheur d'être orphelins ou abandonnés par leurs parents.

Dans la nuit du 27 août 1934, la révolte s'intensifie au sein de la colonie pénitentiaire et une cinquantaine de colons s'évadent. Et le défi est de taille lorsque l'on est sur une île.

Une chasse aux enfants est alors lancée. Une traque menée avec la participation d'une grande partie de la population alléchée par les récompenses. Tous sont très vite capturés sauf un. Il se nomme Jules Bonneau, dit La Teigne. Sorj Chalandon nous conte son histoire.

En ouvrant ce roman, j'ignorais tout de cette colonie pénitentiaire pour mineurs à Belle-Ile-en-Mer. Sorj Chalandon, comme il sait si bien le faire, met en lumière la maltraitance dont ont été victimes ces adolescents en se glissant avec une grande justesse dans la peau de l'un d'entre eux. Il imagine l'après, le destin de ce gamin qui rêvé de liberté.

Si la première partie se révèle plutôt sombre au sein du bagne, la suite du récit laisse entrevoir la lumière après l'évasion, grâce à la solidarité de quelques-uns sur l'île. La palette des personnages secondaires est superbe et on croise également avec surprise la route de Jacques Prévert.

La sensibilité de Sorj Chalandon fait une nouvelle fois mouche et ses retrouvailles avec sa plume ont été particulièrement savoureuses.
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Lecture COUP DE POING !

Je termine ma lecture les tripes dans la gorge et le souffle court. Enragée, justement.
J'ai lu en début d'année Nickel Boys de Colson Whitehead et j'avais alors découvert les maisons de correction aux Etats-Unis pendant les années 60. Hagarde, j'avais fait des recherches sur les maisons de correction en France. Chercher à comprendre comment on pouvait torturer et tuer des enfants sous les auspices d'un état démocratique. On ne peut pas comprendre, on reçoit cette part de notre histoire. Comme on peut.

Avec Sorj Chalandon, je suis devenue Jules. Je suis entrée dans la maison de correction de Belle-Ile-en-Mer et j'ai cru que je ne pourrai pas vivre cette expérience sur 400 pages. Pourtant si, j'ai dévoré ce livre en une après-midi. Parce qu'il y a la violence et l'horreur mais il y a également la tendresse et le courage. Il y a la main tendue qui permet à l'enfant de desserrer les poings. Il y a les mots de Chalandon, cette écriture sensible et vive. Que je ne pourrai pas approcher pour témoigner de cette lecture, de cette mémoire pour tous ces enfants.

Vous ne sortirez pas indemne de cette rencontre avec Jules Bonneau et Camille Loiseau...
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Voici l'histoire vraie de Jules Bonneau, un héros, celui de sa propre vie.

Belle-île-en-Mer, un bagne pour enfant, une émeute, 55 jeunes qui s'evadent et un seul, la Teigne, qui ne sera pas repris et qui  parviendra à s'integrer dans la vie normale au nez et à la barbe de ses geôliers. Sept années de bagne et trois années en marin pécheur auront fait de cet enfant maltraité dans sa jeunesse, puis injustement arrêté, un homme solide, fier, entier, impressionnant même. 

SORJ CHALENDON nous livre ici un roman chargé d'émotion, de force et de beauté au travers d'un personnage enragé inoubliable et criant d'humanité..

Un incontournable de la rentrée littéraire. 

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