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EAN : 9782370551566
155 pages
Le Tripode (01/03/2018)
3.86/5   21 notes
Résumé :
« Je lève le visage et je la regarde et elle observe les lacérations sur mes iris et me montre le ciel. J'entends le bruit des ailes des drones qui craquent dans les nuages. Ils sont une douzaine peut-être et se dirigent tous vers l'ouest en faisant le même bruit. C'est la première fois que je prends conscience qu'elle entend le bruit des drones, le bruit de la guerre et son regard doit probablement ressembler à celui que j'avais avant que mes yeux soient à jamais c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Fixation personnelle ou bien réelle parenté littéraire, ce livre, après quelques pages, m'évoque Antoine Volodine. Lorsque le mot « pemmican » est employé, je suis même pris d'un doute, et dois faire quelques recherches sur Joël Casséus pour clarifier mon esprit. J'apprend par la même que le pemmican est une manière de conserver la viande amérindienne; rendue quasi-imputrescible par cette transformation, sa présence est toute trouvée dans un récit post-apocalyptique; c'est la nourriture du kolkhoze dans « Terminus Radieux » (encore une victoire symbolique de l'Ouest sur l'Est…? Humour d'historien…).
Enfin bref, j'avance dans le livre en y voyant une claire parenté post-exotique. C'est presque dommage qu'il n'y ait de la part de l'auteur ni de l'éditeur mention à ce « courant », toujours en attente théorique d'être développé, embrassé par d'autres écrivains que les doppelgängers de son créateur (peut-être parce qu'il en manque les dix premières leçons…(sic) ).
Voici pour l'à-propos, mais le livre ?
Cette forme très dépouillée, sans aucun nom propre, basculant d'un personnage à l'autre, toujours racontée à la première personne, est assez réussie. La langue, heurtée, hachée, aux rares dialogues, aux quelques images répétitives, colle bien avec cet univers dévasté, mais n'offre que peu de plaisir de lecture. le difficile pari de la désincarnation des personnages est ici en voie d'être perdu.
L'histoire, en creux, a du mal à se développer. La dernière partie s'anime, pour mieux s'abimer dans ce crépuscule aux contours incertains.
La mise en page du Tripode, ultra-aérée, impose paradoxalement un rythme lent, appréciable.
Certains mots ont le charme de la langue québécoise, le « dépensier » en tête (épicerie du "hameau").
Ce livre refermé, je reste sur ma faim, ayant aperçu des qualités à mon sens pas suffisamment développées. le minimalisme est un art difficile.
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…L'homme qui savait la langue du métal et de la rouille…
Contondant, acéré, dangereux et cependant inerte, le décor de « Crépuscules » figure un territoire sans nom dans lequel évoluent, à l'ombre des montagnes de carcasses métalliques, les réfugiés d'une guerre sans fin.
Mis au ban d'une société qui les ignore autant qu'elle les rejette, les personnages (sur)vivent du trafic des morceaux de ferraille qu'ils découpent dans le ventre béant de la décharge.
Nouvelle « jungle » d'infortune, camp corrodé de wagons destitués de leur fonction première dans une immobilité sans espérance, le bidonville n'est accessible que par une route, unique artère dont l'armée régule le pouls et qu'elle maintient sous perfusion au rythme de ses incursions régulières pour s'y nourrir.
Dans l'atmosphère nécrosée du campement léthargique balayée par les passages réguliers de drones, sortes de « Big Brother » en charge de la surveillance du bon déroulement d'un dessein qu'on devine aussi malveillant qu'inéluctable, surgit un couple, transfusé du monde légal vers ce no man's land amorphe, en quête d'un destin pour l'enfant attendu par la femme.
De cette incursion, naît un huis-clos aux contours bouleversés, plongeant les habitants du campement dans une introspection inconfortable autant que nécessaire. S'y mêlent désir d'être, à l'image de l'enfant s'épanouissant dans le corps de la femme enceinte, et conscience des limites imposées par la violence de ce monde, où l'humanité permet à certains de vivre sur les déchets d'une civilisation qu'ils ont transformée, bafouée et finalement abandonnée.
Sans nom, comme la terre qui leur a été allouée, ils se heurtent à leur propre vulnérabilité à travers celle de la femme encombrée par la vie qu'elle porte en son sein. Exilés involontaires sur une terre qui ne tient que les promesses de ceux qui l'ont engendrée à leurs propres fins, les personnages voient lentement mais précisément leur avenir se dissoudre dans la poussière collante, inexorable, laissée chaque soir sur leur survie par le jour qui s'achève.
Et chaque crépuscule cristallise un peu plus leur agonie lente et irrémédiable, assombri chaque jour davantage par le silence assourdissant de leur anonymat.
Exacerbés, diffractés, défigurés, leurs espoirs s'écorchent aux débris de métal, s'épuisent contre les membranes opaques du mutisme et de la résignation, deviennent limaille, boue, breuvage frelaté ou verbe acerbe, concentrés d'une violence en gestation.
Dans le ventre du camp, s'épanouissent déjà des jumeaux à l'avenir condamné : esclaves ou despotes, réfugiés ou militaires.
Aux plaies déjà ouvertes, à celles cicatrisées, l'accouchement prochain de la nouvelle venue ravive la douleur de l'inachevé, de la perte, de l'impossible salut.
Matrice d'une génération sans perspective, elle attise la souffrance de ceux qui ont cessé de croire, elle ravive les désirs avortés et les rêves abandonnés, étrangère de mauvaise augure dont la colère sourde prend forme(s) dans l'aura de sa grossesse. Cette genèse manifeste déforme son corps et trouble ses rapports au père de l'enfant.
Ce dernier semble atteint par la résignation des habitants du camp, contraint comme eux à subir une vie apathique, rythmée par la vacuité des jours se succédant selon des rites ineptes et répétitifs visant uniquement à les maintenir en vie, dans les limites des frontières de l'exil.
Et le lecteur de « Crépuscules » entre en résilience…en attendant (en espérant ?) une possible délivrance.
Ce roman, aussi court que dense, oppressant, lourd comme du plomb, déstabilise.
D'abord, par cette écriture, si singulière. le verbe de Joël Casséus n'est pas sans rappeler, parfois, celui de Jean-François Beauchemin dans « le jour des corneilles », tant dans son langage, presque innocent, que dans l'approche de cette collision entre les humanités, la « civilisation » et les exclus.
Plus acide, Joël Casséus ne gomme aucune aspérité.
Ni de ses personnages, bruts, désincarnés puisqu'anonymes, sans nom, sans repère autre que leur fonction ou leur genre.
Ni de cette terre désolée, isolée, à laquelle on pourra identifier toutes les « jungles » et tous les camps du monde. Inutile de nommer l'indicible, juste le regarder bien en face et s'y griffer pour en prendre conscience.
Ensuite, au-delà du style, « Crépuscules » nous entraîne vers une « finis terrae » sans horizon, ou si peu.
Et au bord du vide, l'équilibre se mesure à la propension à choisir le camp auquel les personnages veulent appartenir, entre innocence et violence, corruption ou abnégation. L'auteur ne prend pas parti, il ne préfère pas. A la fois conte et roman d'anticipation, il est bien au-delà du trop facile « roman dystopique », mais en adopte certains codes, pour nous accorder quelques repères un peu rassurants, pour nous laisser un peu d'air dans l'univers suffocant dans lequel il nous immerge.
Pas de cases, sinon celles dans lesquelles il semble placer ses personnages (« La femme », « le père de l'enfant », « l'homme »). Mais les barrières sont mouvantes dans l'immobilité apparente du camp, comme les parois du ventre maternel contre lesquels les poings de l'enfant à naître, boxe. Et les certitudes sont de fait bousculées, malmenées.
Ce livre, où la violence affleure, exsude, laisse des marques ou corrompt sans bruit les âmes les plus vulnérables, est l'uppercut nécessaire et douloureux pour nommer la souffrance. Pas d'esquive possible, juste une parade qui aurait pour nom empathie ou bienveillance, et qui nous permettrait de sortir du ring la tête haute et le coeur libéré d'un combat stérile à l'issue fatalement corrompue. Une sorte de délivrance…

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C'est à chaud que je fais cette chronique, car Crépuscules fait partie de ces petits ovnis littéraires dont on parle malheureusement peu. 120 pages d'une puissance folle pour une fable post-apocalyptique à la narration singulière.

Joël Casseus nous entraîne dans un monde dystopique, aux confins d'un pays jamais nommé, à une époque inconnue où la guerre est menée par des enfants pilotant des drones. Ils sont huit personnages. Huit êtres marqués différemment par le chaos ambiant. Ils vivent dans une zone frontalière, un bidonville constitué d'anciens wagons faisant office de maisons. Il y a  « l'homme » et « la femme », deux réfugiés nouvellement arrivés. Que sont-ils venus chercher ici ? Elle, est enceinte ,et semble de ce pays « Toute la lourdeur de mon ventre est exposée dans la pénombre rassurante qui a été enfantée par les crépuscules. ». Lui est d'un ailleurs. Il en porte les stigmates: des cicatrices sur le visage jusque dans les iris et des « tatous » sur les mains. Dans le wagon d'à côté, un couple avec leurs jumeaux. Ils sont nés ici. Des enfants qui n'en sont plus vraiment. Des enfants qui prennent le relais d'un père ayant perdu tout espoir en l'avenir. Mais quelle place pour l'enfance dans un monde comme le leur ? Puis dans le wagon suivant, il y a le « dépensier » , « dernier fragment de ce qui peut les rattacher à l'humanité ». Il est tenu par le marchand et sa femme. Vous pourrez y consommer de la chicoclorophyle, de l'assommoir ou du pemmican, et rêver d'un avenir meilleur.

Peu de personnages, peu de dialogues. Tout est dans la gestuelle et les regards. Un huis clos oppressant qui n'a de minimaliste que le nombre de pages. Je conçois qu'il ne plaira pas à tous, il est déroutant, mais c'est typiquement le genre de récit qui fonctionne sur moi!

Il valide par ailleurs la case « Livre choisi pour son physique » du bingo @vleel_
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Comment vous dire la beauté de ce texte étrange et terrible, qui à la fois vous enveloppe et vous heurte, vous enserre entre son harmonieuse musicalité et son atmosphère sourdement pesante... Comment vous convaincre que son sombre et macabre propos n'altère pas sa poésie ?

Y évoluent des êtres sans nom, dans des lieux eux aussi anonymes, à une époque indéfinie... leurs voix se succèdent, alternances de "je" que l'on identifie peu à peu, dont les interventions composent, par bribes, un tableau du sordide environnement dans lequel ils nous immergent.

Un couple de réfugiés arrive dans un "village" de wagons. Elle est enceinte, lui est un sans-papiers aux iris lacérés, portant des tatouages l'apparentant à une communauté honnie. La confrontation avec les quelques habitants du lieu est pesante de silences inconfortables et hostiles, alimentée des peurs, de la détresse, de l'impératif quotidien qui hantent chacun, celui d'une survie mécanique et pessimiste, parfois proche de l'animalité.

L'endroit est comme une impasse, où l'humanité aurait aboli tout espoir et toute joie. Ceux qui y coexistent semblent s'être arrêtés là pour accumuler la poussière et disparaître lentement, en silence. Il y règne une ambiance post-apocalyptique : le sol est empoisonné par les déchets métalliques qui le jonchent ; des charniers, offrant le spectacle devenu banal de monceaux de cadavres, le parsèment. le panorama, vide d'une nature disparue, bordé par la fumée de cheminées d'usines, est plombé par un ciel toujours grisâtre. Les drones qui sillonnent le ciel en permanence rappellent la guerre que mènent, derrière des écrans, des enfants soldats.

Les crépuscules hantent les esprits en permanence, comme si leur régularité les dotait d'une dimension intentionnellement maléfique.

Plongé dans les pensées de chaque acteur de ce huis-clos oppressant de violence insidieuse et d'angoisse effroyable mais latente, le lecteur appréhende les éléments de cet univers sombrement énigmatique en tissant des connexions entre leurs propos elliptiques, faits de phrases tronquées, d'émotions livrées sur le vif, d'auto-questionnements anxieux. S'y expriment à la fois la peur de l'autre et la peur de cette peur, l'effroi de constater qu'on ne sait plus voir que ce qui nous sépare, et non plus ce qui nous rapproche... s'y manifeste la difficulté à conserver sa dignité et sa capacité à l'empathie au milieu du chaos instauré par la violence du monde. Mais il en émane aussi quelques lueurs d'espoir, nichées dans la perspective de l'enfant à venir, perspective effrayante face à l'avenir probable qui l'attend, mais pourtant riche de la promesse irréductiblement liée à l'acte du don de la vie...

Et c'est surtout, malgré son propos, un texte magnifique, à l'écriture à la fois minimaliste et envoûtante, comme si Joël Casséus avait trouvé le parfait équilibre entre beauté et efficacité.

"Parce que nous ne sommes pas endeuillés de ce crépuscule particulier, mais de l'ensemble. de tous ceux qui sont passés et de ceux à venir ; puisque nous sommes incapables de les différencier, puisque notre détresse n'a pas de limites".

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je dois avouer que j'ai eu du mal à (r)entrer dans ce livre. D'abord parce qu'il est difficile d'identifier les personnages, à commencer parce qu'il n'ont pas de nom. Ensuite parce que l'auteur ne donne aucune indication de temps ni de lieu. Les seuls certitudes sont que le monde semble dévasté et que la lutte est celle de la survie. Enfin, il faut comprendre que le rythme est lent. La narration est faite essentiellement des différents états d'esprit des protagonistes. Certains passages sont donc assez ennuyeux, tandis que d'autres se révèlent très beaux. le titre est bien trouvé, ce roman est crépusculaire. le style est également très particulier, parfois très direct. Tout cela est assez surprenant, et pour ma part, trop déroutant pour que j'adhère complétement. J'ai peut-être manqué de concentration pour pleinement apprécier ce livre exigeant
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critiques presse (2)
LeDevoir
17 décembre 2018
Porté par une structure narrative atypique — huit personnages témoignent en alternance de leur quotidien aux frontières des combats —, le roman soulève des questionnements d’une grande contemporanéité sur le choc post-traumatique et l’aveuglement volontaire des grandes puissances.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
11 mai 2018
Douze narrateurs parlent d’un univers ruiné et violent, d’un futur sans espoir. « Crépuscules », troublante expérience de lecture signée du romancier québécois.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La porte s’ouvre et je vois que c’est le père des jumeaux qui est accompagné par deux individus.
J’observe les nouveaux venus un peu mieux et je reconnais la femme enceinte avec un homme qui est visiblement son mari. Je finis de placer les verres derrière le comptoir et je fais un signe de tête et ils prennent place à une table. Alors je me dis que je devrais aller m’occuper d’eux avant que ma femme se plaigne des ivrognes qui finissent toujours par se trouver dans mon dépensier.
Je prends une bouteille d’assommoir et quelques tasses et je m’approche. Je mets trois verres sur la table et je me rappelle que la femme est enceinte alors j’en enlève un. Je verse l’assommoir et je regarde les hommes saliver pendant que le liquide se hisse jusqu’au rebord.
– T’as un wagon de libre ? me demande le voisin après avoir pris une première gorgée.
Je me retourne et je regarde si ma femme a entendu et elle est debout et me dévisage et lave un verre et elle secoue la tête comme si tout cela était de ma faute.
Je discute un moment avec le voisin et les nouveaux arrivants.
– Peut-être… enfin, je dois savoir c’est pour qui.
– Eux, il fait en désignant le couple d’un signe du menton.
Je les observe et je sens le regard de ma femme sur mon dos. Enfin… ils peuvent quand même pas dormir dehors. Surtout qu’elle attend un enfant.
– Vous venez de loin ? que je leur demande.
Le nouveau venu regarde les tatous sur ses mains et ne lève pas le visage. Alors je comprends qu’il ne va pas me répondre. Je sens toute la dureté de l’homme, je pense presque voir les épreuves sur les lèvres serrées. Je regarde la femme qui le dévisage et je vois qu’elle comprend quelque chose. Qu’elle est plongée dans ce qui ne peut pas être dit. Elle allonge la main et la pose sur celle de l’homme et celui-ci l’agrippe et lève son visage et la regarde. Comme s’il avait dérivé et qu’il s’accroche à elle pour ne pas sombrer. Je soupire et j’observe dehors et je m’attends à voir le soleil se coucher, mais il est peut-être déjà trop tard.
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Je suis devant le réchaud et la flamme bleue lèche le fond de la casserole et je comprends – contrairement à lui – que c’est peut-être tout simplement à ça que se réduit notre existence : un vieux restant de soupe de boue avec ce que je pense être du chou. Voilà à quoi est réduite toute une vie qui m’avait autrefois semblé si complexe, si pleine de promesses. Alors je me rappelle la vitalité qu’il avait avant et de la force que nous trouvions en réponse à tout le mépris qu’ils nous témoignaient et l’audace, l’audace de ne pas refuser la vie, de ne pas refuser de donner la vie et la lutte, la lutte incessante qui nous rendait de plus en plus forts face à toutes les embûches et la vie qui continuait et leur vie qui prenait, qui explosait parfois dans toute la force de l’enfance et leur rire et nos sourires qui étaient réapparus et maintenant cette soupe, cette bruine, ces nuages… eh bien, eh bien, regardez-moi un peu ça…
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Il sait peut-être. Il sait sûrement. Ce ne peut pas être possible qu'il n'ait pas remarqué l'odeur. L'odeur des bombes qui provient de la ferraille. Parce que lui aussi, il a été chassé du vieux pays par les bombes. Et je sais que c'est impossible d'oublier cette odeur. Par ce que c'est tout ce que nous avait laissé le vieux pays, à l'exception des cauchemars et des cicatrices et des souvenirs. L'odeur des bombes, dans nos nez, sur nos vêtements. Je pensais que toute la route que j'avais traversée jusqu'ici faisait que je n'aurais plus à connaître cette odeur. Mais je comprends maintenant que j'ai quitté l'endroit où était enterré mes parents et ma famille pour un cimetière de bombes.
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Alors je joue. Comme je l’ai fait pendant tout mon trajet. Je reproduis les sons de ce que j’ai vu et de ce que j’ai ressenti et je leur donne. Je leur donne sans même utiliser des mots parce que je veux qu’ils comprennent. Je ne veux pas qu’ils puissent faire semblant de ne pas savoir. Que leurs enfants tuent les nôtres. Je leur dis partout. Je leur dis à ceux qui veulent encore écouter. Je leur dis avec les sons, sans les mots, parce qu’il n’y a plus de mots pour dire.
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Alors je fais ce que je fais toujours dans ces occasions. Je vais à l'extérieur et j'enlève toute la poussière qui s'est accumulée sur le porche. Je les vois alors, marchant côte à côte. Je trouve alors obscène l'espoir qu'ils incarnent. Je trouve leur espoir obscène et je sens les larmes qui gagnent. Alors je sors ma blague à chicochlorophyle et je me prends plusieurs feuilles et je balaie. Je balaies et je pense enfin à rien.
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Vidéo de Joël Casséus
VLEEL, Rencontre littéraire avec Joel Casséus, Demi ciel, Le tripode, février 2022
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