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sur 1203 notes
L'obsession du fantôme

Qu'advient-il de ces êtres qui disparaissent sans qu'on sache où et dont l'absence continue de nous hanter ? Ce mystère de l'Absent concerne un membre de la famille de l'auteur, son grand-père, sur qui pèse un lourd secret que protège farouchement sa mère, l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse. Cette dernière a supplié son fils de ne rien révéler à son sujet mais la tentation est trop forte pour l'écrivain tourmenté qui perçoit à quel point le secret mine le psychisme de ses proches.
Dans ce roman en effet, toute sa démarche consiste à se confronter avec la figure du disparu. C'est sans doute du fait de la proximité entre l'histoire familiale et celle d'un exilé hongrois, enlevé par l'Armée russe un jour d'octobre 44, qu'il s'intéresse à ce personnage qui revient enfin dans son pays après un séjour de plus de cinquante ans dans un hôpital psychiatrique perdu dans la campagne, à huit cent kilomètres de Moscou.
L'enquête menée dans une petite ville de Russie égare le lecteur au fil de la vie dévastée de l'auteur de « l'Adversaire » où les rencontres, les relations amoureuses et les projets de tournage ne parviennent pas à éliminer de son horizon mental la figure fantomatique du grand-père disparu. Lui, dont « la folie et l'horreur ont obsédé la vie », s'observe sans concession dans ce miroir qui le met aux prises avec le réel le plus insoutenable : « Pas besoin de sauter par la fenêtre pour mourir, d'autres comme toi meurent très bien vivants. »

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Une claque. Un livre qui vous fait passer par toutes les étapes. de la joie, de la peur, du dégoût, de la compassion, de la haine, de l'amour, de l'empathie, de la tristesse... Un livre intime, qui fait écho chez chacun. Un livre qu'on aime et qu'on déteste, qu'on déteste continuer et qu'on continue quand même. Carrère nous plonge dans sa vie, à la fois d'homme et d'écrivain, les deux sont indissociables. de sa plume, Carrère met des mots sur des peurs, il se construit en dévoilant l'autre, et en se dévoilant. Ce livre est autant choquant que bouleversant. Au fond, il n'y a pas une histoire. C'est une vie qui se dessine, et c'est la nôtre qu'on questionne.
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Emmanuel Carrère part en Russie, à Kotelnitch, pour y tourner un documentaire sur un prisonnier de guerre hongrois qui y a passé 53 ans, d'abord dans un camp puis dans un hôpital psychiatrique et qui vient enfin, en 2000, d'être rendu à son pays. Après ce premier documentaire Emmanuel Carrère retourne à Kotelnitch pour y tourner un deuxième documentaire sur Emmanuel Carrère à Kotelnitch et les rencontres qu'il y fait.

Si l'auteur est aussi irrépressiblement attiré par ce trou perdu de Kotelnitch c'est que l'histoire du Hongrois retentit pour lui de façon personnelle. Son grand-père maternel, Georges Zourabichvili, un émigré géorgien, a travaillé comme interprète pour les Allemands, à Bordeaux, les deux dernières années de l'occupation. le 10 septembre 1944 des inconnus sont venu l'arrêter et on n'a plus jamais entendu parler de lui. Longtemps la mère d'Emmanuel (Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'académie française) a attendu le retour de son père, comme la famille du Hongrois avait dû l'attendre. L'enfance d'Emmanuel Carrère s'est bâtie sur cette disparition tue, sur un vide qu'il veut combler car il a fait de lui un adulte perturbé, inapte au bonheur.

A la même époque où se déroulent ces voyages-thérapie Emmanuel Carrère vit avec Sophie dont il est très amoureux. Il écrit pour elle une nouvelle érotique dans le Monde. Mais, alors qu'il croit tout contrôler, les choses lui échappent et dérapent dans une toute autre direction que celle qu'il avait imaginée.

Ces trois histoires s'entrecroisent tout au long du récit qui est aussi voulu par l'auteur comme une thérapie. Une thérapie pour lui et pour sa mère qui lui a demandé de ne pas écrire sur son père avant sa mort. Mais il est persuadé que sa mère a besoin que la souffrance familiale soit dite et il écrit aussi pour elle. le livre se termine d'ailleurs par une très belle lettre d'amour à sa mère.

Un roman russe est l'occasion pour Emmanuel Carrère de se mettre à nu. Il nous révèle ses pensées et ses fantasmes, nous raconte comment il s'est comporté en telle ou telle circonstance. Ainsi il n'apparait pas toujours à son avantage. J'ai découvert un personnage assez égocentrique, capable d'un comportement destructeur qui le fait souffrir et fait souffrir la femme qu'il aime. Mais son honnêteté et le regard lucide qu'il porte sur lui-même me l'ont rendu sympathique. Tout ceci pour dire que j'ai beaucoup apprécié ce livre que j'ai de plus trouvé bien écrit.

Je termine par la description de Kotelnitch : "Dépités, désoeuvrés, nous traînons en ville. D'un côté de la route, à l'entrée, il y a une sculpture en béton d'environ deux mètres figurant la faucille et le marteau de l'autre une marmite géante qui est depuis des temps beaucoup plus anciens l'emblème de Kotelnitch. C'est cela que veut dire kotel en russe, m'explique Sacha : une marmite ou un chaudron. Un séjour là-dedans, c'est une sorte de trois étoiles du dépaysement dépressif, et il y a tout lieu de penser que cette sensation d'encalminage au fond d'une marmite de soupe froide et figée d'où auraient depuis longtemps, à supposer qu'il y en ait jamais eu, disparu tous les bons morceaux, constitue l'ordinaire des villes de 20 000 habitants de la Russie profonde. On ne va pas dans ce genre de ville. On n'en parle pas. Un beau jour on apprend qu'il existait un bled appelé Tchernobyl, et c'est en moins terrible, en plus modeste, ce qui est arrivé à Kotelnitch depuis qu'on y a retrouvé le dernier prisonnier de la seconde guerre mondiale."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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C'est clairement un récit autobiographique.
Se mêlent dans le désordre, un carnet de bord, le récit d'un fait divers, une recherche sur ses origines et la narration d'une passion amoureuse.
C'est particulièrement dense mais cela demeure toujours captivant.
Carrère se livre énormément et la découverte de lui-même et le chemin complexe qu'il entrepend est passionnante.
ce n'est pas toujours simple à lire, il faut prendre son temps et accepter de se questionner sur les relations que l'on peut avoir avec notre propre histoire.
Je peux comprendreque cela ne plaise pas à tout le monde mais moi, j'ai adoré !!!
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Emmanuel Carrere nous livre un roman autobiographique qui relate ses séjours dans la petite ville de Kostelnic qui le ramène à ses origines russes et au mystère de la mort de son grand père.
Mais ce roman est aussi pour lui l'occasion de nous décrire sa difficulté à vivre sa passion amoureuse pour Sophie.
Comme il le confessera quelques années plus tard dans “Yoga”, Emmanuel Carrere espère que la mise à nue de sa difficulté à vivre pourra aider ses lecteurs à affronter la leur.
A traître personnel je préfère quand Emmanuel Carrere nous conte la vie d'autres personnages comme lors de ses très beaux romans que sont
« D'autre vies que la mienne » , “Le royaume” ou “Limonov”.
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Ce n'est pas un roman et il n'est pas russe. Mais peu importe : Emmanuel Carrère nous y offre de très belles pages mêlant autobiographie et autofiction. Des personnages parfois heureux souvent mélancoliques ou tristes chez le sens de la vie reste une quête.
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Agréable à lire, l'auteur raconte et se raconte bien.
A la fin, on a l'impression de le connaître.
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Moins aimé que « d'autres vies que la mienne » peut être est ce dû au côté slave qui ne m'accroche pas.
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Plongée dans les racines d'Emmanuel Carrère
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Un livre admirable qui finit, comme souvent chez Carrère, par donner l'impression au lecteur d'avoir vécu l'histoire vraie de personnes qu'il aurait lui-même connues. L'inquiétante étrangeté qui questionne tant l'écrivain, roman après enquête et enquête après roman (voir Il est avantageux d'avoir où aller), laisse ici la place à une sorte de déroutante familiarité (même si l'on n'a jamais eu la malchance de mettre les pieds dans l'un ou l'autre des absurdes purgatoires évoqués ici). Surtout si l'on prend le temps de regarder, une fois le livre reposé, Retour à Kotelnitch et le Soldat perdu, les documentaires de l'auteur qui forment la trame du roman.
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