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sur 549 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Ecotopia » est un classique de la littérature écologique, une utopie écrite en 1975, qui m'a donné quelques frayeurs au départ : si l'écologie m'intéresse au plus haut point, j'aime lire sur ce sujet des romans car c'est, pour moi, la meilleure porte d'entrée pour l'aborder. J'alterne parfois avec des essais plus pointus mais le roman reste ma priorité pour que derrière des mots, parfois galvaudés ou ressassés telles des ritournelles, il y ait des sentiments, un éveil, un ébranlement. le roman a en effet cet immense avantage de convoquer non seulement la raison mais de faire appel également au coeur. Or, ce livre a un ton tellement pédagogique et dogmatique que j'ai bien cru tenir entre mes mains un essai déguisé, voire un pamphlet politique par moment. En réalité c'est bien plus que ça. Certes la découverte de l'économie et de la société de ce pays insolite, dans tous ses détails, fait penser à une fine observation sociologique. Mais c'est également l'histoire d'une rencontre, de la métamorphose d'un homme et une histoire d'amour.

Car oui Ecotopia est un pays. Trois Etats de la côte ouest des Etats-Unis (la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington) décident de faire Sécession, de s'isoler et de bâtir une société écologique radicale baptisée Ecotopia. Vingt ans après, la timide reprise des liaisons diplomatiques, entre les Etats-Unis et Ecotopia, autorise la visite d'un journaliste américain dans ce pays. Sa mission pendant plusieurs semaines consiste à explorer le mode de vie écotopien sous toutes ses formes, à pointer d'éventuels problèmes et à admettre ses réussites. Il est curieux mais sceptique et plein de préjugés pour ce pays dirigé par une femme. le livre alterne ses points de vue personnels et ses articles qu'il envoie au fur et à mesure à son journal.

Tout est passé en revue : le recyclage, la minimisation des déchets, l'agriculture sans pesticide, l'absence de voiture, l'égalité entre les hommes et les femmes, la famille élargie, le contrôle démographique, les 22 heures de travail hebdomadaires, la fiscalité, l'absence d'esprit de compétition, le rapport à la nature et notamment le rapport sacré à la forêt, le rapport aux technologies, l'autogestion des ouvriers…Il y a un parti pris évident de la part de l'auteur, on adhère en totalité, partiellement ou pas du tout, mais dans tous les cas c'est bien un modèle économique en rupture totale avec le modèle capitaliste qui est décrit et qui résonne avec certaines solutions que nous tentons de mettre en place aujourd'hui, que ce soit celles visant à faire des déchets de certaines industries les matières premières d'autres, que ce soit les principes de l'écoconception, les tentatives de sobriété, le retour à une consommation locale…

« L'Écotopien désireux d'acheter une importante quantité de bois, par exemple pour construire une maison, doit travailler plusieurs mois dans un camp forestier : planter des arbres, entretenir la terre et dans l'idéal mettre en branle le processus de croissance végétale qui permettra un jour de remplacer le bois qu'il achète. (C'est une belle idée, très poétique mais assez absurde, même si les gens prennent ainsi conscience des ressources forestières dont ils bénéficient.) »

« de manière mystérieuse, les Écotopiens ne se sentent pas « séparés » de leur technologie. Leur attitude rappelle un peu celle des Indiens : le cheval, le tipi, l'arc et les flèches sont tous sortis, comme les êtres humains, du sein de la nature, et ils entretiennent avec elle un lien organique ».

Arrivé en simple observateur dubitatif, notre américain devient partie prenante enthousiaste, partisan et amant engagé dans la construction d'un monde meilleur. Il vit une véritable transformation et son histoire d'amour passionnée avec une écotopienne va le placer devant un dilemme : choisir entre deux mondes.

« Ecotopia » est une utopie porteuse d'espoirs sur les réponses à apporter au problème écologique d'une troublante actualité. Alors que les concepts de l'économie circulaire se diffusent de plus en plus, nous constatons que toutes ces idées étaient comprises et maitrisées dans les années 70. Cette utopie lumineuse vient en contrepoint, parmi mes lectures, à la dystopie du sublime Symphonie atomique d'Etienne Cunge paru le mois dernier. Lorsque le premier propose un idéal et fait rêver, le second nous offre à voir les conséquences du réchauffement climatique dans 50 ans, pour nous qui sommes peut-être à un point de non retour dans cette période que nous traversons, nouvelle ère géologique durant laquelle nous sommes en train de détruire notre écosystème, ère qualifiée parfois d'Anthropocène et démarrée à l'aube du 19eme siècle avec la Première Révolution Industrielle et l'extraction des énergies fossiles. Il faut dire que ces deux livres n'ont pas été écrits à la même période. A l'utopie possible des années 70 a-t-on atteint un point de non-retour tel que nous voyons fleurir à foison les dystopies ?

Ce livre a été écrit en effet en 1975. Posons le contexte. Nous sommes après le premier choc pétrolier des années 1973/1974 qui a sonné les États-Unis, à tel point que Carter voudra faire entrer les États-Unis dans une nouvelle ère, l'ère des énergies renouvelables. le président, qui sent le vent gronder dans la société où les mouvements écologistes se font entendre, fera même poser des panneaux solaires sur le toit de la maison blanche. Nous sommes également après le rapport Meadows de 1972, le rapport commandé par le club de Rome, portant sur les limites de la croissance. Il présentait 13 scénarios concluant, si rien n'était fait, à la mort ou au déclin de la société industrielle du fait de la pollution, de l'extraction des énergies fossiles, de la croissance démographiques, de la baisse de la biodiversité. Les années 80 et le retour des politiques libérales avec Reagan et Thatcher auront raison de cette prise de conscience et tueront dans l'oeil cet éveil écologique qui aurait pu tout changer. le livre d'Ernest Callenbach prend ses racines dans ce contexte économique et politique. le changement est alors possible, écrire une utopie semble être une évidence. Proposer et faire rêver pour oser la rupture…

J'ai aimé assister à la transformation du journaliste. J'ai adoré voir à quel point les choix écologiques, économiques et politiques ont des impacts sur les personnes, sur leur rapport à la vie, aux autres, à la sexualité, à la nature.

« En Écotopia, hommes et femmes ont cette aisance naturelle propre aux animaux. Au Cove, ils restent longtemps allongés et détendus, pelotonnés par terre ou sur un canapé, étendus au soleil sur de petits tapis ou des nattes, presque comme des chats. Ils s'étirent, changent de position, font de mystérieux exercices proches du yoga, et semblent jouir avec intensité de leur corps ».

Ecotopia n'est pas une lecture que nous pouvons qualifier d'agréable. Elle est exigeante, elle nécessite parfois de prendre du recul par rapport aux solutions proposées, elle reste éclairante, surprenante aussi lorsque l'on pense que ce livre a été écrit dans les années 70. Troublante à découvrir à l'aune de ce que nous vivons, en cette fin de COP26 dénuée d'actions collectives concrètes. Un classique nécessaire. Un indispensable pour ne pas se résigner.

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Alors qu'ils ont fait sécession vingt ans auparavant, la Californie, l'Oregon et L'État de Washington, ouvrent pour la première fois ses frontières à un journaliste américain. C'est donc par les yeux de William Weston avec des articles, des notes, un journal, que nous découvrons Écotopia, axée tout particulièrement sur l'écologie et le bien-être humain.
Cette nouvelle société est très différente de ce qu'il connait. Au départ sceptique et prêt à mettre le doigt sur le moindre point négatif, il perçoit aussi ses atouts, finalement plus nombreux qu'il n'imaginait.
Surtout descriptif sur tous ses aspects, le récit prend un tour romanesque avec une histoire passionnelle entre William et une Écotopienne.

Publié en 1975, cette utopie écologique était annonciatrice des changements devenus aujourd'hui indispensables à la survie de presque toutes les formes de vie sur notre planète.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard. Vous excuserez mon manque d'inspiration pour cette critique… alors que je démarrais cette lecture avec enthousiasme, une longue pause Covid s'est imposée à moi et je ne suis toujours pas au meilleur de ma forme.
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En 1975 Ernest Callenbach publie son roman qu'il qualifie de " semi_ utopie" car en Ecotopie tout n'est pas parfait mais la voie pour la perfection est engagée...est ce mon humeur maussade en ce début d'année face à un monde qui se transforme en dystopie ? Mais j'ai envie d'affirmer qu'Ecotopia frise la perfection et je demande mon visa immédiatement pour m'y réfugier !
Dans ce roman, l'auteur nous décrit une société constituée de l'Oregon,la Californie et l'état de Washington. Elle s'est volontairement coupée du reste du monde pour fonder une organisation sociale radicalement écologiste. L'harmonie entre l'homme et la nature est la priorité absolue mais ceci a modifié le rapport des gens entre eux dont celui des femmes et des hommes de façon flagrante pour instaurer un mode de vie opposé au système capitaliste. William Weston, journaliste américain est envoyé en mission en Ecotopia afin qu'il rédige un article qui confirmera sans aucun doute la régression et la sauvagerie de ce peuple. Ce Candide des temps modernes va cependant découvrir progressivement un monde bien plus parfait que celui dont il vient. En journaliste charismatique il va observer et d'écrire tous les pans de cette société : son système éducatif,son système de santé,sa presse, l'organisation du travail,les relations familiales etc.... soucieux de conserver un regard critique il va pourtant se rendre à l'évidence que la vie est bien plus belle,plus vraie et plus sensée à Ecotopia... l'histoire d'amour qu'il va vivre de façon inattendue et de plus en plus forte avec Marissa va amplifier sa prise de conscience d'une autre façon de vivre son rapport à l'autre et à son environnement. On assiste à une véritable renaissance.
Ce roman pourrait être placé entre les mains de nos meilleurs écologistes car le projet de société qui y est décrit est d'une actualité stupéfiante !
J'ai peut-être trouvé quelques longueurs à certains moments mais le message de ce roman est riche d'enseignements...
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Vous voulez écouter la radio ? Installez donc une roue à aubes sur le ruisseau en bas de chez vous, elle vous fournira l'électricité nécessaire.
Dans le pays d'Écotopia, la société de consommation et les métropoles ont disparu, les sources d'énergie sont renouvelables, les constructions sont en bois. Les mots-clés sont : écologie, autogestion, simplicité.
S-F ? Anticipation ? Dystopie ? Utopie ? Politique-fiction ?
Difficile de classer Écotopia.
C'est un roman, mais il est écrit sous la forme d'un journal intime, ponctué d'articles rédigés par le narrateur, qui est journaliste.
Les États de Californie, d'Oregon et de Washington ont fait sécession, et quitté les États-Unis avec lesquels ils n'ont plus aucun contact. William Weston est le premier journaliste américain à pouvoir visiter cette nouvelle nation d'Écotopia, totalement organisée dans le respect des ressources de la Terre.
Weston y arrive avec tous ses préjugés d'Américain bon teint, s'attendant à voir une population revenue à "l'âge de pierre". Mais peu à peu au cours de son voyage, sa pensée bascule vers une approbation, voire une adhésion aux principes écotopiens.
Ses articles constituent donc une sorte de petite encyclopédie d'Écotopia (démographie, transports, éducation…), tandis que son journal explicite son revirement.
Paru en 1975, ce roman avait alors le mérite d'attirer l'attention sur des problématiques écolo (aujourd'hui du simple bon sens), ce qui a bâti sa réputation de livre-culte.
Par exemple il discute la notion de Produit National Brut, totem de l'économie libérale (Prenons la santé : plus la population est malade et consomme des médicaments, meilleur c'est pour le PNB.)
Mais en 2023, ce roman apparaît finalement bien timide, et encore tout imprégné de stéréotypes.
Égalité homme-femme, oui, mais seuls les hommes pratiquent les "jeux de guerre".
Sobriété énergétique, oui, mais avec des sèche-linge.
Abolition des préjugés, certes, mais les Noirs choisissent de vivre à part des Blancs...
Tel quel, il a toutefois eu le mérite d'éveiller les consciences à la décroissance, et puis reconnaissons que ça se lit avec plaisir, ces "aventures de Willie chez les hippies"… !
Le traducteur Brice Matthieussent fait du boulot sérieux d'habitude, aussi est-ce difficile de savoir si toutes ces fautes de français ("nous nous sommes étreignés") révèlent un anglais relâché, ou bien une traduction bâclée.
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Ecotopia, c'est un pays, formé par la côte ouest des États-Unis après leur sécession. Trois états qui ont décidé de choisir un avenir plus écologique et plus simple pour tous ses habitants. William Weston, journaliste américain arrive pour y séjourner et faire un reportage sur les conditions de vie dans ce pays fermé au reste du monde.
Le roman est un classique de l'utopie écologique. le narrateur du récit est Will, qui arrive avec ses préjugés d'américain consumériste persuadé du malheur qui s'est abattu sur la population obligée de vivre dans des conditions plus spartiates. Sauf que petit à petit, ses certitudes s'effondrent face à des habitants qui l'accueillent avec chaleur. le livre va bientôt fêter ses cinquante ans et il n'a pas pris une ride. Il présente un mode de vie simple, basé sur un retour à une consommation plus réfléchie et à une décroissance finalement bienvenue. Si on est dans la science fiction pure et que ce roman reste une utopie un peu idéaliste, le message est en adéquation parfaite avec certaines préoccupations bien actuelle. Et l'on se rend compte, surtout à quel point la situation du monde n'a pas vraiment été dans le bon sens depuis sa parution.
Les chapitres alternent les articles de Will sur la société écotopienne avec des extraits du journal qu'il tient. et si les articles sont intéressants, à la longue, le ton un peu donneur de leçon est fatigant. Pour les extraits de journal, on voit évoluer le journaliste dans sa vision du monde.
J'ai écouté ce roman, porté par la voix de François Hatt qui donne une intonation une peu hautaine et arrogant à ce personnage qui arrive comme en terrain conquis. J'ai vraiment apprécié cette interprétation, en parfaite adéquation avec le narrateur de l'histoire.
Une vraie découverte pour moi qui ne connaissais pas ce roman, même si le message porté m'est bien connu et, malheureusement toujours d'actualité.
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Le fond de ce roman est tout aussi étonnant que son contexte.

Imaginez une sorte d'antithèse de 1984, un livre qui met en lumière une utopie, alors que nous vivons actuellement dans un monde qui voit tout en sombre, à coups de récits post-apocalyptiques ou dystopiques.

Ecotopia est bien aussi une réécriture de l'histoire, un monde parallèle au notre. Et qui aurait pu être le notre, si nous avions été plus proactifs et avions ouverts les yeux quand il le fallait. Est-il trop tard ?

Ce texte est une réédition. Il est sorti en 1975, il y a près de 50 ans… Bravo au passage à Folio qui démontre avec brio qu'un éditeur de livres de poche peut faire un vrai travail éditorial et ressortir des limbes des textes qui prennent encore plus de sens aujourd'hui.

Trois grands états de l'ouest américain, parmi les plus prospères, ont fait sécession et coupé totalement les ponts avec le reste des États-Unis. Pour construire une autre société, respectueuse de la planète et de ses habitants, freinant la course folle à la consommation de masse.

Vingt ans se sont passés, dans la douleur au début, dans une harmonie ensuite. Pour une première fois, un journaliste américain est autorisé à entrer dans Ecotopia. Avec tout son bagage sociétal et ses a priori.

A coup d'articles de presse (que le narrateur écrit au fur et à mesure), et de passages de son journal intime, le lecteur découvre ce monde chimérique (et pourtant loin d'être irréaliste).

Ernest Callenbach était un visionnaire. Il est mort en 2012, et toute sa vie il a dû constater combien il avait raison en voyant le gâchis au quotidien qui détruit la planète et les relations humaines.

Notre monde actuel est fait de scepticisme. Difficile encore de croire en l'avenir quand tout se délite, la planète en premier.

Oui, ce livre est clairement un cri écologiste. Mais sa forme le rend unique. Il se lit comme une fiction autant que comme un essai détourné sur ce qu'il est possible de faire si on change de mentalité, au niveau collectif comme individuel.

En 1975, Callenbach avait déjà tout vu, tout anticipé, tout compris et tout analysé. S'en est aussi bluffant qu'effrayant. Sa société utopique, il l'a réfléchie et dessinée dans les moindres détails, et ce livre est une manière ludique de la dépeindre sous toutes les coutures. Écologiquement, économiquement, humainement. Naturellement…

L'écrivain ne se contente pas de fabuler sur un monde chimérique, sa capacité d'imaginer l'avenir, les conséquences et les actes pouvant être menés est stupéfiante. Je suis né en 1968, et durant de longues années, je ne me suis jamais posé de telles questions, ni n'ai entendu la société les poser aussi clairement sur la place publique.

Alors oui, certaines descriptions prêtent à sourire parce que clairement datées (dans les années 70, difficile d'imaginer l'essor de l'informatique et d'internet), mais pour une grande partie des sujets, l'analyse est admirable.

Ce journaliste qui découvre Ecotopia, bourré de préjugés, est touchant dans son cheminement intellectuel et émotionnel. A travers ses écrits, il est passionnant de découvrir ce monde au plus près des citoyens.

N'imaginez pas lire une grande intrigue, ce n'est pas ce genre de texte, mais cette fiction sait mélanger passages analytiques et moments plus intimes.

Si vous voulez comprendre comment il est possible d'imaginer un monde sain, où l'on travaille 20 heures par semaine, où chacun est maître de ses décisions tout en oeuvrant pour le collectif, lisez Ecotopia.

Quand l'utopie nous fait prendre la réalité de notre société en pleine face, avec force arguments et humanisme, cela donne une lecture totalement atypique qui mérite qu'on s'y attarde. Ernest Callenbach était un visionnaire autant qu'un profond croyant en l'Homme. Loin d'être illuminée, sa vision mérite qu'on s'y attarde, près de cinquante ans après. Avant qu'il ne soit trop tard.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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Et si une société écologique voyait le jour? Et si le travail productif avait moins d'importance que le travail improductif? Et si les conflits pouvaient toujours se régler par le dialogue? Tout cela est possible en Écotopia. Vu depuis la France d'aujourd'hui, cela fait beaucoup de bien, nourrissant notre imaginaire d'une utopie concrète et nous rappelant qu'au fond, le pire n'est jamais certain.
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Certains auteurs (et autrices, n'oublions pas les femmes), arrivent à mettre le doigt, bien à l'avance, sur des phénomènes de société.

Que ce soit Orwell et la terrible dictature du Big Brother (1949), ou Katharine Burdekin, mettant en garde contre l'idéologie nazie (en 1937), ces personnes avaient un côté avant-gardiste.

Ils sont nombreux, mais je ne citerai que ces deux-là, sinon, ma chronique fera 10 pages.

Ernest Callenbach, lui, avant l'heure, parla d'écologie, de décroissance, sans pour autant que les gens qui la choisissent vivent comme des Amish (cfr votre président). Même s'il me serait difficile de vivre comme les gens d'Écotopia et non pas en raison du manque de technologies.

Non, non, ils possèdent des technologies, mais tout doit être réparable ! Bon, je possède deux mains gauches, mais ce qui me gênerais le plus dans cette société qui est tournée vers l'écologie, c'est la promiscuité entre les gens. J'ai tendance à être ours des cavernes et vivre avec tout un tas de personnes me dérangerais fortement. Idem pour l'amour libre.

Comme cela fait 20 ans que trois états ont fait sécession avec le reste de l'Amérique et que personne ne rien d'eux, on a envoyé le journaliste William Weston mener l'enquête. Comme moi, il est sceptique, il n'a rien du ravi de la crèche et cette société lui semble trop belle pour être vraie. Il sera impartial ! de plus, il est stéréotypé et rempli d'apriori.

Tout comme moi, s'il est resté froid au départ, ne voulant pas se réjouir trop vite de cette nouvelle société écologique, voulant, comme moi, des preuves que tout cela est génial, il s'est peu à peu laissé gagner par Écotopia et son côté égalitaire pour les hommes et les femmes, l'acceptation de l'homosexualité et son anticapitalisme.

Moi aussi, je me suis laissée doucement séduire, parce que j'y ai trouvé des bonnes idées qui étaient novatrices et que vu où nous en sommes, si on ne braque pas direct, on va se prendre le mur (qu'on se prend déjà dans la gueule).

Par contre, là où le bât a blessé, c'est dans la manière narrative : le ton est plat, il ne se passe pas grand-chose, notre journaliste découvrant, peu à peu, tout ce qui fait cette nouvelle société (éducation, temps de travail, chasse, énergies, société, sexe…), qui, par certains de ses comportements, pourrait faire penser à une bande de hippies.

Bon, au lieu de kèter (mot wallon) et de nous raconter ses nuits agitées, j'aurais préféré que William Weston nous dévoile autrement Écotopia. le cul, c'est bien, mais à force de lire ses parties de jambes en l'air, ça devient lassant.

Bizarrement, notre journaliste a commencé à s'ouvrir à la société écotopienne quand il a pu se vider autrement qu'à la force du poignet… Cela mériterait bien une enquête.

Malgré tout, par bien des innovations, cette société était en avance sur son temps et très écologique (recyclage des déchets, agriculture sans pesticides, zéro voiture,…) et le récit, même s'il manque de chaleur, n'en reste pas moins intéressant, même s'il n'est pas toujours facile à lire. Disons que le récit est exigeant, sans pour autant qu'il soit nécessaire d'être écolo ou d'avoir fait ingénieur.

Bien qu'il comporte quelques longueurs, que le style narratif du journaliste se fasse sur un ton assez froid, ce roman SF dystopique n'en reste pas moins intéressant, surtout à notre époque où tout bascule. Déjà, lors de sa publication en 75, il était novateur, puisque situé juste après le choc pétrolier.

L'univers mis en place n'est pas chimérique, ni le pays des Bisounours, que du contraire, il est réaliste.

Peut-être plus tout à fait en 2022 (où Internet et les smartphones sont rois), et pourtant, une grande partie des préceptes mis en place à Écotopia pourraient fonctionner de nos jours, mais pas sûr que la majorité ait envie de s'y plier.

Une dystopie intéressante à découvrir, malgré le fait qu'il n'y ait pas vraiment d'intrigue.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Marches pour le climat, manifestations, le terme « éco-anxiété » qui s'est imposé en quelques années dans le vocabulaire commun, … Tout ceci montre une envie de plus de solutions écologiques dans la société, qui ne semble pas franchement convaincue par les taxes carbones et les encouragements fiscaux aux entreprises qui font de la recherche et développement dans les technologies de captation du CO2.

Mais alors, à quoi ça ressemblerait exactement, une société pleinement écologique ? C'est la question à laquelle Ernest Callenbach a tenté de répondre dans Ecotopia. Trois États américains ont fait sécession et un gouvernement écologiste y a été mis en place, rompant la communication avec son désormais voisin. Plusieurs années plus tard, un journaliste américain est enfin convié pour visiter le nouvel état et décrire ce qu'il y voit, à la manière d'un Alexis de Tocqueville. L'occasion pour lui, et pour nous, de comprendre les grands principes de ce nouveau mode de vie.

L'auteur imagine une série de changements radicaux, considérant visiblement qu'on n'arrivera à rien avec le néo-libéralisme. Place donc au ralentissement : le temps de travail est réduit à 20 heures par semaine, mais on note aussi ce trait dans tous les aspects de la vie. Même faire la vaisselle devient une activité favorisant les discussions et l'amusement, et pas une corvée dont il faut se débarrasser au plus vite.

Également, la possessivité au sens large est à bannir. Les couples monogames sont remplacés par un amour plus libre, et la société s'organise autour de « familles » qui se sont choisies, et dont les membres viennent et partent au gré de l'évolution de chacun. La recherche de l'équilibre est permanente : si on coupe un arbre pour soi, on doit aller en replanter un pour les autres ; tout est pensé à l'échelle globale. On note souvent la présence de femmes aux postes à responsabilités.

Un point qui chiffonnera par contre les végans, c'est que la chasse et la pêche sont plutôt valorisées. D'une part par un aspect de reconnexion à la nature (je me nourris, mais je sais d'où ça vient et je ne prends que ce dont j'ai besoin) et une possibilité d'exercer sans victime (humaine) une violence que l'auteur estime inévitable dans toute société.

On prend plaisir à découvrir ce tout nouveau monde, à chercher les évidences, les incohérences, ce qui est toujours actuel et ce qui a mal vieilli. Cinquante ans plus tard, dans le monde réel, il n'y a que le tri sélectif qui a été appliqué du programme d'Ecotopia, ce qui en amusera certains et en désespérera d'autres. En tout cas, le message de l'auteur semble assez clair : on n'arrivera à rien par petites touches législatives, il faudra une rupture majeure en changeant de système politique et d'organisation de la société.
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Écotopia d'Ernest Callenbach est paru aux Etats-Unis en 1975. Ce livre, dont l'intrigue se passe en l'an 2000, était alors considéré comme un roman de science-fiction, une utopie. le découvrir aujourd'hui lui donne une aura très actuelle, une résonnance particulièrement pertinente.

Trois États de la côte ouest des États-Unis, la Californie, l'Oregon et l'État de Washington, ont fait sécession et construit, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l'heure est à la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, l'Écotopia ouvre ses frontières et accueille William Weston, un journaliste américain spécialiste des relations internationales.
Ernest Callenbach a organisé son schéma narratif sur deux niveaux de focalisation : les articles envoyés au Times-Post dans lesquels Weston décrit tous les aspects de la société écotopienne et son journal intime qui retrace son cheminement personnel, véritable parcours initiatique. Sur le plan de la durée, précisément datée, l'expérience dure environ un mois et demi.

J'avoue m'être davantage intéressée au versant reportage de ce récit et aux différentes problématiques abordées au sein d'une société démocratique, égalitaire, pacifique, écologique prônant l'épanouissement personnel et collectif avant la réussite individuelle : l'organisation et la gratuité des transports, les femmes au pouvoir, l'autogestion, la décroissance, la décentralisation, les vingt heures de travail hebdomadaire et un revenu universel pour tous, l'absence de délinquance et la criminalité inexistante, le recyclage systématique, la relation passionnée à la nature, l'agriculture respectueuse des sols, etc. Les descriptions sont parlantes, convaincantes, didactiques tant dans l'étude des avantages que dans l'évocation des possibles inconvénients ; ainsi, j'ai peiné à trouver une justification aux jeux de guerre rituels et à leur violence assumée.
En revanche, j'ai trouvé que les ressentis personnels et intimes de William Weston tournent beaucoup autour de fantasmes d'ordre sexuel : poly-amour, rôle des infirmières… Sa relation passionnée avec une écotopienne m'a laissée de marbre.

J'ai découvert ce livre dans sa version audio, lu par François Hatt. La voix du narrateur m'a d'abord un peu gênée ; en fait, elle correspond bien à l'idée que je me faisais du personnage principal, dont la philosophie de vie consumériste est aux antipodes des valeurs portées par Écotopia, et traduit plutôt bien son côté sceptique et cynique, voire antipathique selon mon ressenti personnel.

Un livre dérangeant si l'on s'attache à son côté prémonitoire et, surtout, à l'absence d'actions concrètes pour enrayer la pollution, le gaspillage des énergies et pour préserver notre planète. Ernest Callenbach nous interroge aussi sur les rapports humains et professionnels, sur les notions de développement personnel.
Un roman à connaître.

#Écotopia #NetGalleyFrance

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