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sur 549 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Cela fait plusieurs décennies maintenant que la mode est à la dystopie, et on ne compte plus le nombre de romans imaginant un futur plus ou moins proche déprimant, fait de guerres, de désastres écologiques ou de l'avènement de nouveaux totalitarismes. Les utopies, sans doute moins vendeuses car limitées en ressorts dramatiques, sont beaucoup plus rares, au point que celle proposée ici par Ernest Callenbach remonte à 1975. Contrairement à « American war », dont je vous parlais il y a peu et qui racontait la session du Sud des États-Unis et la guerre interminable qui en avait résulté, « Ecotopia » imagine que ce sont les états de la côte ouest (en l'occurrence la Californie, l'Oregon et l'État de Washington) qui ont cette fois choisi de se désolidariser des autres pour former une entité indépendante, le tout sans bain de sang. En dépit des nombreuses difficultés nées de ce désir d'indépendance, la scission s'est donc opérée sans trop de dégâts et a abouti à la création d'une nouvelle nation qui, bien que voisine des États-Unis, a rapidement décidé de couper tout contact avec ses anciens concitoyens. C'est la raison pour laquelle, vingt ans après sa naissance, les Américains en savent si peu sur Écotopia, si ce n'est de folles rumeurs ou des fantasmes invérifiables en raison de la fermeture des frontières. Les choses sont néanmoins sur le point de changer puisque, pour la première fois, un journaliste américain a été invité à réaliser un reportage dans le pays afin de documenter le fonctionnement, la politique et le mode de vie des Écotopiens. Pétri d'arrogance et de certitudes, William Weston, le journaliste en question, ne va pas tarder à être chamboulé par son expérience dans cette nation pour le moins étrange car totalement en décalage avec la société américaine telle qu'il l'a connaît et l'idéalise. le roman alterne entre les articles fournis par le reporter au Times-Post et les notes plus personnelles prises par ce dernier dans un carnet, ce qui permet à l'auteur de rendre compte de l'évolution de la mentalité du protagoniste tout en lui laissant le loisir de détailler les spécificités propres à Écotopia.

« Écotopia » est un ouvrage à la fois très intéressant mais aussi très frustrant. Intéressant d'abord parce que, comme toute bonne utopie, il propose un modèle de société qui sort du cadre auquel on est tellement habitué qu'on ne le questionne plus guère. Et de ce point de vue, Ernest Callenbach ne manque pas d'imagination. Santé, éducation, architecture, interactions entre individus, rapports hommes/femmes, écologie… : l'auteur s'est donné la peine de détailler tous les aspects de cette société qui, bien qu'élaborée il y a près de cinquante ans, n'en demeure pas moins extrêmement moderne par bien des points. Certes, certains détails font sourire le lecteur par leur désuétude (le journaliste n'imagine pas, par exemple, les Occidentaux trier leurs déchets comme le font les Écotopiens, le procédé lui paraissant bien trop contraignant pour être approuvé par la population), mais dans l'ensemble les idées et objectifs mis en avant sont parfaitement d'actualité et continuent d'ailleurs d'être revendiqués par la gauche radicale. Concernant l'organisation du travail et l'économie, l'auteur n'hésite pas à parler réduction du temps de travail et auto-gestion des outils de production par les travailleurs eux-mêmes, remettant ainsi sacrément en cause le sacro-saint capitalisme auquel le protagoniste croit tellement. Les Écotopiens sont également radicalement écologistes et on cerne bien, déjà dans les années 1970, la crainte éprouvée par l'auteur de voir les habitudes de consommation des Occidentaux causer d'irrémédiables dégâts à la planète. L'occasion pour Ernest Callenbach de mettre en avant des mesures qui paraîtront désormais familières aux lecteurs (l'importance du recyclage, par exemple) mais aussi d'autres qui tardent à venir mais occupent une place de plus en plus importante dans le débat public (fin de l'agriculture intensive ; disparition des voitures individuels, entraînant ainsi la gratuité des transports en commun et le développement massif de ces derniers, notamment dans le secteur ferroviaire ; lutte contre l'obsolescente programmée…). Écotopia fonctionne également de manière bien plus démocratique grâce à une limitation du pouvoir exécutif et la mise en place de nombreux espaces de concertation ouverts à tous les citoyens. Là encore certaines idées continuent aujourd'hui encore de faire (lentement) leur chemin, qu'il s'agisse de durcir la législation visant à empêcher tout conflit d'intérêt (notamment dans le secteur de l'agrobusiness) ou encore la favorisation de l'indépendance des médias par le biais, notamment, de lois anti-concentration.

Le roman fourmille donc d'idées qui, en ce qui concerne la théorie, ne sont pas particulièrement novatrices, mais qu'il est passionnant ici de voir concrètement mise en oeuvre. Je suis un peu plus sceptique concernant les évolutions sociétales telles qu'évoquées par l'auteur. En effet, si certaines paraissent une fois encore d'actualité (l'égalité homme-femme, l'acceptation de l'homosexualité…), d'autres font souvent passer les Écotopiens pour de gentils hippys un peu toqués. Dans ce contexte, notre reporter cynique et sûr de lui fait évidement tâche, et une partie du charme du roman provient d'ailleurs de ce contraste entre un héros dans un premier temps assez antipathique et cette société où bienveillance et honnêteté sont les principaux mots d'ordre. Très agaçant dans un premier temps, Will se révèle finalement être un personnage attachant pour lequel on éprouve de plus en plus d'empathie à mesure que ses rencontres font vaciller ses certitudes. En dépit de ces qualités, le roman se révèle malheureusement décevant par certains aspects. le premier est, je le crains, propre au genre utopique lui-même : il ne s'y passe pas grand-chose. Les retournements de situation ou événements profondément marquants sont en effet extrêmement rares, le récit se limitant à la découverte par le protagoniste de cette nouvelle nation. Point. le mode de narration envisagé par l'auteur est également problématique car, si les prises de notes personnelles du journaliste font quelque peu avancer l'intrigue, les nombreux articles concernant Ecotopia et qui présentent chacun un aspect du pays (éducation, politique étrangère, rapport à la nature…) ne sont là que pour planter le décor et finissent par lasser. Enfin, on pourrait trouver un peu dommage que l'auteur accorde autant d'importance aux expériences sexuelles de son personnage au dépend d'autres pans de l'intrigue qu'il aurait été plus intéressant de développer.

Utopie datant des années 1970, « Écotopia » séduit par sa modernité et brosse le portrait d'une société idéale dans laquelle écologie, socialisme et féminisme règnent en maître. Bien que passionnant par les propositions qu'elle met en avant de manière très concrète, le roman souffre toutefois d'un mode de narration trop binaire et de l'absence de véritable intrigue propre à maintenir éveiller l'intérêt du lecteur. L'ouvrage reste cela dit idéal si vous en avez assez des récits pessimistes sur notre futur et êtes prêts à imaginer une société très éloignée de la notre et pourtant très proche de nombre de nos aspirations actuelles.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Écotopia, un chef d'oeuvre de science-fiction, vous êtes sûrs ?
Certes, Ernest Callenbach va à contre-courant en proposant pour une fois une "dystopie positive", bien loin des robots d'Isaac Asimov, des bébés éprouvettes d'Aldous Huxley ou de la dictature misogyne de Margaret Atwood.
Certes, l'ouvrage d'Ernest Callenbach a un côté visionnaire, car écrit en 1975, il résonne particulièrement avec nos problématiques actuelles et notre mouvement écolo qui prend de plus en plus d'ampleur dans les prises de conscience individuelles.
Certes, c'est un roman atypique, en avance sur son temps, engagé, dans lequel une partie de l'humanité a répondu à nos interrogations écologiques, sociales et politiques, en embrassant un monde où règnent l'égalité des sexes, l'harmonie avec la nature et la vie en communauté.
Pourtant, comment ne pas finir par s'ennuyer face à ce style désuet, face à cette forme journalistique très froide qui empêche tout sentiment de naître ?
Comment ne pas détester dès les premières lignes William Weston, ce protagoniste stéréotypé, orgueilleux et antipathique ? En bon américain qui se respecte, Weston vit en ville, pollue, ne jure que par le luxe et trompe sa nouvelle compagne. Pas étonnant que son ego soit heurté quand il se rend en Écotopia pour pondre des articles scrutateurs, méprisants et hautains sur les pratiques de ce pays nouvellement créé. Pas étonnant non plus que le déclic qui change foncièrement son regard sur l'Écotopia a lieu au moment même où une Écotopienne sauvage et indépendante se fait le plaisir d'écarter les jambes pour satisfaire ses désirs restés trop longtemps inassouvis.
Comment, aussi, s'attacher à ces Écotopiens qui ne sont décrits que scientifiquement, par un regard extérieur qui ne leur confère aucune once d'humanité ? Ces êtres qui ont décidé de créer leur propre pays et de retourner à l'état sauvage passent au mieux pour des hippies illuminés, au pire pour des arriérés bestiaux.
Non, Écotopia n'est pas un chef-d'oeuvre de science-fiction, loin s'en faut. Il est surtout un roman qui semble assez dépassé et vieillot à nos yeux contemporains, une petite histoire sans conséquence animée uniquement par des instincts bas et des descriptions interminables. Une visite guidée finalement bien fade et prévisible, qui n'est pas près de nous inspirer pour créer un avenir meilleur.
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J'aurais adoré aimer ce livre, réunissant uchronie et écologie. Mais pour moi, dès les 100 premières pages, c'est l'ennui qui a dominé. Car si Ecotopia peut sembler visionnaire dans son propos, prédisant dès 1975 nombre d'avancées techniques ou de simplifications écologiques pour préserver la planète (façon décroissance), il est aussi terriblement daté côté style et construction.

Rien ne m'a donc fasciné dans ce récit du point de vue d'un journaliste américain qui part visiter des villes de 3 états sécessionistes ayant décidé de faire de la préservation de la Terre leur priorité politique. le journaliste William Weston est peu attachant, et le récit alterne entre son journal et les articles qu'il envoie à son média. Tout ça est d'un classicisme terrible, plat et redondant, d'autant que la majeure partie du texte se borne à des descriptions de la vie et des innovations dans ces États.

Bref, je ne conseille pas ce livre, qui a été pour moi une perte de temps, malgré les idées plutôt positives qu'il véhicule.
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Ecotopia ne m'aura pas convaincue. Bien que j'ai été réellement impressionnée et très intéressée par le fonctionnement de la société imaginée par l'auteur, que ce soit sur les avancées sociales ou écologiques, l'aspect roman ne m'aura pas convaincu. le narrateur, très autocentré et désagréable y a été pour beaucoup et l'intérêt des parties « personnelles » du roman est pour moi totalement nul.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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J'ai eu beaucoup de mal sur cette lecture.

Je me faisait une joie de découvrir ce récit utopique qui fait parti des classiques du genre.

Mais enfin de compte je pense que le style des années 70 date trop pour moi. Notamment les remarques sur les femmes et cette nécessité absolue à chaque fois à les sexualiser par le personnage principal m'a bien gonflé.

Ce roman rédiger en 2 partie: article et journal intime est assez intéressant. Cependant les articles m'on parus très pompeux et dure à lire car les paragraphes n'étaient pas du tout aérée.
En revanche le journal m'a plus intéressé et m'a parue vraiment sincères quand à ce que Will découvrez de ce pays au fur et à mesure.

En résumé une lecture décevante.
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En l'an de grâce 1999, Will est journaliste et s'envole pour Ecotopia, une nation réunissant la Californie, l'Oregon et l'état de Washington qui s'est désolidarisé du reste des USA vingt ans auparavant.

Ecotopia est un mystère: les légendes les plus folles courent parmi le bon peuple américains sur cet endroit qui refuserait tout procédé polluant, qui armerait les femmes mais pas la milice et qui flirterait même avec le cannibalisme! William a toutes les appréhensions du monde lorsqu'il pose le pied à l'intérieur de ce territoire inconnu.
Et là, surprise: les habitants ont l'air d'être une bande de hippies vivant en harmonie avec la nature et avec leurs pairs, le premier parti du pays est dirigé par une femme qui a l'air de prendre des mesures adéquat pour le peuple, et -comble de l'horreur, rendez-vous compte!- une pression maximale est mise sur les épaules de tout citoyen pour que le tri des déchets soit systématique. L'horreur, quasiment le fascisme. Comment notre héros, homme journaliste sur le point de vivre le changement de millénaire, va faire pour survivre à cette société qui semble être revenue à l'âge de pierre?

Bon, je crois que ça c'est compris, je n'ai pas trop aimé ce livre.
Pourtant ça avait l'air de partir d'une idée louable: un auteur imbibé de conscience écologique et d'idées progressistes comme l'égalité homme/femme ou le respect de la sexualité de chacun (pour peu que les participants soient majeurs et consentants) qui décide d'écrire un livre sur une utopie sociale et économique où l'écologie et le respect de chacun prime sur le confort de sa petite personne, ça me parle carrément.
Honnêtement, je pense que je porte en moi à la fois un peu de morale écotopienne et un peu de morale williamwestonienne: le personnage principal m'est autant sorti part les yeux que les citoyens d'Ecotopia. William Weston incarne le cliché du Ricain moyen, sûr de la supériorité du système social, politique et économique d'où il vient; l'homme de base ahuri devant une femme dirigeante politique, comparant les habitants sacrifiant leur petit confort personnel au nom de la préservation de la planète et des espèces la peuplant à une bande de bouseux tout juste bons pour Woodstock. Bref, je n'avais pas envie de connaître le point de vue de ce personnage.
Les Ecotopiens ne m'ont pas paru mieux puisqu'ils ont l'air d'être un ramassis de clichés de bouseux sortis de Woodstock avec leur promotion du lien spirituel avec les plantes, leur rejet des animaux domestiques puisqu'un animal est forcément sauvage, leur consommation de drogue, leur école sans règle et l'amour pour tous. Si quelqu'un me lit, je voudrais juste m'expliquer: pas qu'en soit ces valeurs me soient toutes totalement étrangères ou que j'y soit hermétique! Je trouve seulement que cette façon de voir l'utopie avec un peuple qui coche toutes les cases des clichés des hippies des années 70 est plus ridicule que vraisemblable aujourd'hui. Après, je pense qu'il faut garder à l'esprit que le livre a été écrit dans les années 70 et que certains clichés étaient véhiculés à l'époque sur ce que pourrait être un futur utopiste de la société sans penser à mal (un peu comme quand petite je pensais qu'en 2020 on se baladerait tous avec une antenne sur la tête et en voitures volantes).

Bref concernant ce livre je passe volontiers mon chemin, mais je serais curieuse de voir ce récit réécrit avec les connaissances en matière d'écologie et de l'acceptation de l'autre que l'on a aujourd'hui.
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J'ai péniblement lu les deux tiers du livre, après qu'il m'a été chaudement recommandé par des amis.
L'idée est intéressante, on a envie de connaître cet Ecotopia, mais personnellement je n'ai pas du tout aimé la manière dont c'est présenté :
un journaliste américain est envoyé enquêté et découvrir les rouages et les coutumes de l'Ecotopia, états de l'ouest américain ayant fait sécession.
Il décrit ses sensations et sentiments au fur et à mesure de son arrivée et de son acclimatation là-bas, les relations sociales, le fonctionnement du pays... tout cela est rythmé en 2 temps, alternance de ses notes, qui parlent tant de ses sentiments personnels et amoureux, son ressenti, que de ce qu'il aime ou non ; et de ses articles qu'il écrit pour les États-Unis au sujet de l'économie. Chaque article est sur une thématique précise.
Le premier tiers m'a déplu car l'auteur arrive avec une vue biaisée, se disant que l'Ecotopia est forcément mauvais et ne le satisfera pas. Mais donc tout est négatif et déprécié, ce qui est désagréable à lire. de plus, certes l'ouvrage a été écrit en 1975, mais les habitants de l'économie sont décrédibilisés car ils cochent toutes les cases du stéréotype que l'on se fait des hippies (fument des drogues, couchent tous entre eux, ont des relations spirituelles avec les arbres...). de nos jours c'est plus comique que crédible.
Ensuite quand le journaliste comprend mieux comment le tout s'articule, cela devient un peu plus intéressant, mais pour autant on peine à s'attacher au personnage. le fait que des articles journalistiques soient intercalés n'aide pas. Les articles m'ont, pour ma part, intéressée un peu au début et j'ai ensuite vite arrêté de les lire car il s'agissait de descriptions de chaque thème de la vie (politique, industrielle, sociale...) en ecotopia et j'ai rapidement trouvé cela ennuyeux (pourtant je m'intéresse à l'écologie).
Bref je n'ai pas aimé cette lecture...
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