« Les Indiens avaient toujours vécu en nomades: cueilleurs chasseurs, respectant le rythme des saisons et la migration de gibier. Ils n'avaient que faire d'un dieu habitant le Ciel, eux qui de toute éternité vénéraient la Mère Terre. Ils étaient liés à la nature, au même titre que chacun des éléments qui la composaient. Les pierres aussi possédaient un esprit. Tout être et toute chose étaient ainsi sacralisés, et la mort donnait aux cadavres le pouvoir d'invisibilité, rien de plus. »
Pur Sang,
Franck Bouysse @franckbouysse @editionsphebus
Retrouver la plume de
Franck Bouysse, son chant de la nature sauvage, authentique, belle… c'est à ce jeu qu'il excelle!
J'aime la voix de l'auteur quand il nous parle des natifs d'Amérique du Nord et de leur connexion à la Nature, j'aime sa plume, son verbe…
« On racontait pourtant que les Indiens et les loups appartenaient à une noble lignée ancestrale et que leurs esprits se rejoignaient dans un coin du ciel. Que leur entente silencieuse ne souffrait aucune frontière et que passer d'une vie à une autre ne changeait rien à cela. Papa Tulssa avait confiance en son instinct, mais l'enfant était sous sa protection. Il ne prendrait pas le moindre risque. »
Je ne sais comment l'exprimer mais cette fois j'ai été plus sensible à la manière de l'auteur de donner vie à cette beauté sauvage, à cette connexion primitive, qu'au récit en lui-même. Ce n'est pas que l'histoire n'en vaille pas la peine, c'est que les images qui se sont dessinées à la lecture du récit, ont pris beaucoup plus de place dans mon coeur, dans mon ressenti de lectrice…
Je ne vous parlerai donc pas du récit, je vous évoquerai plutôt des images, des émotions, des couleurs…
« Elle portait un pantalon noir de cavalière, des bottes de cuir souple et une chemise d'homme de couleur blanche qui révélait sa féminité quand elle traversait un contre-jour. Ses longs cheveux étaient attachés avec un ruban de soie pourpre et formaient deux rideaux noirs sur son front. Elias jetait parfois un coup d'oeil sur le côté pour accrocher le profil gracieux de la jeune fille à la potence de son désir, se disant que la beauté humaine avait désormais un nom, un prénom - ses yeux étaient capables de l'emprisonner dans un seul regard - et que c'était suffisant à cet instant précis. »
… je vous partagerai la beauté des mots, la magie de la plume, l'envolée de l'âme!
« Des étoiles s'incrustèrent dans son sommeil. Il en enfourcha une et traversa l'espace et le temps. L'un et l'autre le menèrent en territoire d'enfance. Il entendit la voix de Mama Tulssa et le pas lourd de Papa Tulssa, cognant le plancher de la cabane en rondins. Une incantation destinée à convoquer les esprits de l'ancienne et fière nation des Rêveurs.
Vagabond il était. Au milieu des étoiles et du vide. »
Le talent de l'auteur réside dans le fait d'utiliser des mots si beaux, si enchanteurs, pour évoquer la vie âpre et sauvage, la nature belle et fière, des choses moins belles aussi et pourtant, avec son conté sans pareil, il est capable de donner une autre dimension aux écueils, aux fêlures, aux blessures même…
Franck Bouysse reste pour moi un magicien des mots, un chantre sans pareil de la nature qui émerveille… un aède des temps modernes!
« Sous un ciel de crépon, ils pénétrèrent dans la forêt. Une forêt qui était toutes les forêts à la fois; où les essences ligneuses parlaient aux essences herbacées dans un langage souterrain, là où le sacrifice n'était pas un vain mot et où la mort était féconde. Elias se souvenait des paroles de Papa Tulssa qui rapportait celles de Tatanga Mani: « Sais-tu que les arbres parlent? Oui, ils parlent. Ils se parlent entre eux et ils te parleront si tu prêtes l'oreille. le problème des Blancs, c'est qu'ils n'écoutent pas. Ils n'ont jamais appris à écouter les Indiens, alors je doute qu'ils écoutent la voix de la nature. » »
Un poète de l'authenticité!
Si la nature m'était contée… si elle me parlait, si les arbres pouvaient communiquer… ce serait sans aucun doute avec la voix de l'auteur, à travers lui…
Merci @franckbouysse pour l'enchantement de vos mots 🙏🏼