Cet ouvrage du Pr. Thomas Bisson, de Harvard, est capital, innovant et difficilement contestable (voir la solidité de l'appareil critique). Il a néanmoins été "étrangement" massacré via un compte-rendu anonyme de Slate(*), le magazine de Jacques Attali (vous ne saviez pas que Slate faisait autorité en matière de jugement sur l'histoire? Vous voilà informés).
Là s'exprimait, sans signature, un quarteron de médiévistes français qui sévit actuellement et prétend interdire, au besoin par le terrorisme intellectuel, l'usage de l'expression "anarchie féodale" aux motifs premièrement que tous les historiens qui les ont précédés pendant 1000 ans auraient calomnié une époque de bonheur harmonieusement régie par un "ordre seigneurial" providentiel et bienfaisant, et deuxièmement que les mots "anarchie" et "féodal" seraient anachroniques.
Malheureusement, d'une part même Marc Bloch et Georges Duby dont ils se réclament ont montré l'inhumanité des "tyrans" "féodaux" (mots qu'ils utilisaient sans aucun complexe) et d'autre part, nous n'allons pas nous mettre à écrire en français médiéval pour satisfaire à des exigences parfaitement farfelues. Anarchie veut dire absence de gouvernement politique central et féodalité, régime des seigneurs châtelains détenteurs de "fiefs".
Pour revenir à Bisson, professeur à Harvard, son ouvrage examine comment la renaissance du politique a précédé et accouché de l'Etat royal à la faveur d'un climat d'anarchie féodale.
(*) "Nonfiction.fr"=Slate
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L’ouvrage de Thomas Bisson reste stimulant, même si les défauts de style [...] le rendent très difficile à lire, encore plus à utiliser. Il force à penser les évolutions du pouvoir, et la façon dont on a pu construire au Moyen Âge des notions, des outils et des valeurs qui sont encore aujourd’hui au cœur de notre vision de la politique et du pouvoir.
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