Autant le dire tout de suite : "
La Carte Postale" n'est pas un roman ( contrairement à la mention sur sa couverture), puisque tout est vrai.
Il n'est pas non plus un livre d'Histoire, quoiqu'on en apprenne beaucoup, et plus que je n'aurais cru.
Moi qui avais déjà lu nombre d'écrits sur la Shoah, de
Primo Levi à
Simone Veil, de Moscovici à Anne Franck, de Grimbert à
Martin Gray, sans compter les films, je m'attendais à lire un témoignage supplémentaire, peut-être davantage romancé, au vu de son titre.
C'est à la fois cela et surtout autre chose, à mes yeux : aux côtés de son auteur,
Anne Berest, nous remontons le temps, d'abord celui d'avant la guerre, aux racines russes du Mal, et l'on suit le destin incroyable de la famille Rabinovitch à travers l'Europe.
Mais si cette première partie s'éternise parfois, la seconde nous ramène à la source du livre : cette fameuse carte postale énigmatique reçue en 2003 par Lelia, la mère d'Anne. À un tournant de sa propre vie de femme, Anne va chercher à savoir qui en est l'auteur. Et le livre prend presque un tour d'enquête policière. En tous cas, la romancière présente son travail comme l'enquête de sa vie. Et cette fois, d'autres pans historiques seront fouillés, selon un point de vue différent.
En réalité, plus que les faits historiques - pourtant tragiquement essentiels à connaître -, plus que le témoignage qu'en font les personnes croisées dans le livre - dont nombreuses sont des artistes dont j'ignorais l'action en Resistance-, c'est la question de l'identité que je retiens. La notion de culture parentale, de judéité plus ou moins consciente, et finalement, tout ce qui est de l'ordre de la parole et du secret familiaux.
Se pourrait-il que chacun de nous se définisse au regard de cet héritage ?
C'est un livre facile à lire par son style (et je dois dire, en toute humilité, que je ne lui ai pas trouvé de grandes qualités littéraires). C'est aussi un récit parfois pénible par certains passages qui ne nous épargnent rien, en particulier de l'horreur d'Auschwitz dont on croit tout savoir. Je suis de ceux qui croient qu'on n'en sait jamais assez.
C'est surtout un livre qui nous rappelle ce poids de la responsabilité que nous portons, en tant que père, ou mère : que faire des mystères de nos propres parents? que dire de nos vies à nos enfants ?
Bref, on est loin de la lecture Feel Good ...