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EAN : 9782213594743
135 pages
Fayard (03/01/1996)
3.46/5   67 notes
Résumé :

Nous sommes les enfants des cités de transit, nous sommes arrivés sans que personne en soit prévenu, nous sommes des centaines descendus du bateau du soir qui attend que la lune soit voilée pour débarquer ses passagers sans papiers... Quel pays est le mien ? Celui de mon père ? Celui de mon enfance ? Ai-je droit à une patrie ? Il m'arrive parfois de sortir ma carte d'identité. En haut et en majuscules : REPUBLIQUE F... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Vingt et un ans déjà que ce bouquin est paru, vingt et un ans et pas une ride… malheureusement.
Au contraire, avec le temps, les préjugés moisis rajeunissent à vue d'oeil. Loboxtomisés à grands coups de médias cultivant les peurs, les largués du système migrent vers facholand pour rejoindre les véritables cranes rasés de l'intérieur. L'affront national éructe un je t'haine moi non plus, atteint d'un ressentiment qui ne sert aryen (si ce n'est pas la preuve de la stupidité de certaines théories que ce nom…).
Hier, la moindre différence était suspecte, aujourd'hui elle est coupable. Coupable de tous les maux.

—L'insécurité (merci les télés…) le chômage (merci les financiers…) ta femme (ou mari) qui s'est cassée, ta femme qu'est restée, le prix des clopes, la fin des diffusions de la petite maison dans la prairie, le trou dans la couche d'ozone, la fermeture de Leroy Merlin le 1er mai et tout le reste qui déconne ben c'est EUX!!!
— Qui eux?
— Ben eux, les autres, les étrangers, enfin pas tous, juste les noirs les arabes, les jaunes les rouges, les bleus, les roux, les gros, les petits, les juifs, les musulmans, les pédés, les gouines, les drogués, les malades, les épagneuls bretons, les gauchos, les fachos… merde, je m'emballe je m'emballe, pas les fachos non, j'suis con… enfin les autres quoi.
—Les blancs?
—Non pas les blancs, enfin sauf ceux qu'ont…
—Ta gueule!!! Je sais, même chez les blancs faut être conforme, faut faire de la production industrielle, bien calibrée d'aspect même si c'est insipide à l'intérieur.
♫ A l'ouest gentille à l'ouest, à l'ouest je te changerai, je te changerai les seins je te changerai les seins, et les fesses, et les fesses, et les lèvres, et les lèvres, et les rides et les rides♪
Faut être qu'on forme, con formate, marcher au pas et que rien ne dépasse. Remarque bien qu'aujourd'hui on gravit un autre sommet de la connerie avec les régionalismes qui viennent niquer les nationalismes. Vive la Catalogne libre, t'en penses quoi toi hein? Pardon, c'est vrai que tu penses pas et que tu fais là où on te dit de faire mais sinon, le concept Neuilly libre, Neuilly aux Neuilléens, c'est bandant ça hein.
—Euh…
—Le fait que ta blondasse ne fasse pas recette là où les cultures se mêlent, là où les gens vivent ensemble mais qu'elle soit déifiée là ou le seul arabe croisé depuis dix ans s'appelle Nagui, ça te fait pas réfléchir deux secondes? Qu'est ce qui peut justifier qu'une différence suffise à incriminer et à condamner? Rien!!!
Tu te vois décider d'un seul coup que tous les dentistes sont la cause de tes problèmes? Non parce que dentiste, faut être pervers quand même, le bruit de la roulette, les haleines de chacal et les dents pourries. Perso j'suis pas raciste mais les dentistes…
Encore une fois diviser pour mieux régner et se faire encore plus de pognon, alors on entretient les braises sauf que depuis un bon moment ça part de plus en plus en couilles et que l'incendie va prendre des proportions encore plus dramatiques que ce qu'elles sont aujourd'hui.
Tu sais quoi, en facholandie je me sens être un schtroumpf né d'un père noir musulman et d'une mère arabe juive, je suis petit gros roux aux reflets chauves, pédé, drogué aux idées (mot compte triple) de gauche qui promène son épagneul breton non séparatiste et que c'est pas simple tous les jours d'avoir la banane. La seule chose que je peux changer pour essayer d'être sur la photo c'est l'épagneul, je peux prendre un berger Allemand mais bon…

…Mais bon, je vais arrêter d'être caricatural, car je pourrai en faire des pages et que je suis encore trop long. Et puis les « SOS racisme » et autres saloperies de Mitterrand pour faire exister le borgne ont fait assez de mal au vivre ensemble, en devenant aussi totalitaires que les cranes rasés. Match nul (dans tous les sens du terme). C'est vrai qu'on n'a plus le droit de dire à un arabe que c'est un trou du cul si on le pense parce que tout de suite t'as la vision de la main « touche pas à mon pote » que tu prends dans la gueule. Dans ce sens là aussi ça craint.
Une différence n'est pas non plus un label , une AOC, un alibi, un con est un con et là nous sommes vraiment tous égaux.

Les raisins de la galère ce sont des grappes de colères, d'injustices vécues de l'intérieur.
Tahar Ben Jelloun fait un état des lieux, non caricatural, du vivre ensemble à travers le regard d'une enfant, Française née de parents Algériens, devenant femme.
Sans complaisance pour personne, les sujets tels que la politique, la condition de la femme, les banlieues, la religion, l'identité sont abordés avec force en sachant ne pas agresser.
Même dans ses colères, Tahar ben Jelloun reste poète, ce qui pour moi est une des qualités de ce livre.
Troisième Ben Jelloun de suite, et à tous les coups je gagne, mais quel sera le prochain?
Ah, je vois qu'un Atiq Rahimi m'appelle, mais je reviens très vite Tahar.
J'allais oublier, même si là ce n'est pas un des personnages principaux mais qu'on y passe encore, pourquoi Naples?
Je crois que j'aime beaucoup ce bonhomme, enfin ce qui en ressort à travers ses bouquins lus jusqu'ici.
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Ce roman, comme une étude sociologique dont il est d'ailleurs issu (Voir le rapport du même titre rédigé pour « Banlieuescopies » ) fait le récit d'une jeune fille beur, qui regarde autour d'elle le monde qui l'a générée.
Tahar Ben Jelloun explique, avec un style simple et direct, avec du concret, ce que bien des « sociologues » auraient mis six à huit cent pages à nous démontrer.
C'est une suite d'histoires de personnes, de familles, bien rythmées, courtes et enchaînées dans un récit plein de vérités. A la lecture on comprend bien qu'en dehors du roman, il y a peu de fiction ; juste de l'observation.
Nadia , Jeune femme d'origine Kabyle, issue d'une famille Maghrébine et née en France voit autour d'elle un monde soumis à des difficultés conjoncturelles et environnementales et qui se délite de jour en jour, avec la tentation de la rue, des trafics, des conflits stériles. Soutenue implicitement par son père, avec lequel elle développe une rare complicité, elle a décidé de se battre, dans sa cité, auprès des jeunes, des familles, au quotidien et jusqu'en politique. Elle découvrira toutes les arcanes de ces mondes complexes, centrés sur leurs intérêts et souvent bien loin de la vérité du terrain. Elle pourra avec ses interlocuteurs, au détriment de sa vie personnelle, comprendre les difficultés d'intégration d'une société, d'une culture qui n'a pas envie de quitter ses traditions pour aborder l'environnement qu'elle intègre. Mais elle sera soumise aussi, comme beaucoup à l'usure du combat. Quand on fait quelque chose pour quelqu'un, on y croit, bien sûr. Mais encore faut-il que celui pour lequel on se bat, ait envie de recevoir ce qu'on lui donne.
En lisant ce livre, on voit très bien le parallèle avec « Les raisins de la colère », de Steinbeck. J'ai apprécié qu'il soit écrit par Tahar Ben Jelloun, que l'on ne peut soupçonner d'avoir des objectifs trop partisans, et qui nous sert une analyse réaliste, sans complaisance mais tendre d'une situation particulièrement compliquée, qui fait toujours partie de notre quotidien.
J'ai aimé ce livre, très agréable à lire, et qui permet à chacun de faire un pas de plus dans la compréhension de notre société. Je le conseille à tous.
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Par la voix de Nadia j'ai découvert le quotidien de sa famille venue de Kabylie arrivée en 1961 et de toutes les familles qui vivent dans les HLM de Sarcelles en un regroupement solidaire en marge de la société.

Elle raconte avec lucidité, sans apitoiement aucun la difficile intégration de ses parents et surtout des enfants de la deuxième génération.

Beaucoup de questions sont posées :
Quel pays est le leur ?
Celui de leur père, celui de leur enfance ?
Ont-ils une patrie ?

Ils ne savent où est leur place, tel des apatrides.

Tous ces regards qu'on pose sur eux font qu'ils ne se sentent pas intégrés et restent malgré tout des étrangers.

Ils se cherchent désespérément une place dans notre société et se conduisent parfois comme des "rebelles" des "beurs en colère" pour crier leur volonté d'être, d'exister.

Ce livre est un cri qui m'a touché en plein coeur.
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Un récit clair, court, toujours très actuel. Ben Jelloun y expose le devenir d'une jeune kabyle qui tente tant bien que mal de se défaire de l'avenir désespéré qui semble lui être voué, à elle comme aux autres Maghrébins qui finissent pour la plupart dans la misère. Sans jamais être manichéen, Ben Jelloun nous dépeint bien l'un des problèmes sociétales qui continue bien malheureusement de ronger notre pays.
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Ce qui m'a plu dans ce livre, ses deux thèmes : le discrimination face aux "étrangers" par les français et la Xénophobie. Ce qui m'a touchée, c'est le combat de l'héroïne, Nadia tout au long du livre. Cette injustice qu'elle essaye de combattre pour résoudre les malheurs des autres et de son dévouement pour atteindre son but. de plus le titre du livre est une référence au roman de John Steinbeck "Les raisins de la colère", Tahar Ben Jelloun fait un parallèle entre les deux livres.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
...le racisme restera fidèle à lui même... Hier c'était le Juif, aujourd'hui c'est l'Arabe, l'immigré. Même s'il n'a jamais fait le voyage, même s'il est né sur cette terre, au fameux hôpital de Sarcelles, il y a toujours quelque chose qui bloque. Et plus les gamins sentent ce rejet, plus ils ont envie de lui fournir des motifs. Le cercle vicieux: ça tourne en rond et ça se dégrade. Non je ne verse pas dans le pessimisme. Je suis juste sans illusions, un peu déprimée. Désespérée? Il faut tant de courage et de persévérance à un gosse de banlieue aux joues basanées pour vaincre les résistances et réussir. Combien accèdent à l'université? Combien terminent leurs études? Pas la peine de brandir les chiffres. Ça ne sert à rien. Qui nous écoutera? Qui même nous regardera simplement? Qui verra en nous des individus à part entière, capables, comme ceux qui n'ont rien, de soulever les montagnes?
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, notre fringale de compréhension infinie, notre volonté d'exister farouche, notre folie n'est pas loin, notre patience est déraisonnable, notre rage ardente, notre soif de reconnaissance inextinguible, nous avons été faits dans l'improvisation, pour le provisoire, nous sommes les enfants des cités de transit, nous sommes arrivés sans que personne en soit prévenu, nous sommes des centaines arrivés par le bateau du soir qui attend que la lune soit voilée pour débarquer ses passagers sans papiers, nous nous retrouvons à vivre ici avec des visages presque humains, à nous exprimer dans un langage presque civilisé, avec des mœurs et des manières presque françaises, nous sommes là à nous demander pourquoi nous sommes là et ce qu'il nous reste à faire pour mériter d'y rester.
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Je ne connaissais pas bien Kamel. Il était plus jeune que moi. C'était un bon gars, sportif et consciencieux. Il aimait sortir, avait du succès avec les filles. Sa mort nous délogea de nos petits conforts. Nous nous sentîmes tous visés par cette liquidation. On en venait à se dire: "Qui sera le prochain?" On en venait à penser qu'il fallait ériger un monument aux morts à l'entrée de chaque banlieue où vivaient des immigrés: MORTS POUR RIEN. MORTS PAR INADVERTANCE. MORTS POUR UN CROISSANT VOLÉ. MORTS POUR DÉLIT DE FACIÈS. MORTS SANS INTENTION DE LA RECEVOIR...Devant chaque nom on inscrirait l'âge. Tous les ans, on ferait la moyenne. Elle ne dépasserait sûrement pas les dix-huit ans.
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Dès ce matin d’automne où je débarquai pour de bon, la gare de Naples ressemblait à une cour des miracles où tout vivait hors la loi. Il y existait pourtant une loi non écrite, quelque chose qui cimentait cette humanité à la dérive. Les Africains étaient au service des Maghrébins qui travaillaient pour les gitans eux-mêmes aux ordres d’Italiens aussi invisibles que puissants. Tous bougeaient en tous sens. Les gosses devaient jouer le relais entre les bandes ; en grandissant, ils se formaient sur le tas. La hiérarchie fonctionnait sans ratés : des immigrés sans papiers, sans travail, des pauvres s’évertuant à survivre s’exploitaient mutuellement sous l’œil implacable et vigilant de petits chefs de la Camorra.
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"J'ai été mal fait, ça n'est pas ma faute. Mes parents ont passé leur temps à me lancer à la gueule : T'est aussi moche qu'inutile ! Le prof en a rajouté en hurlant : T'es nul ! Quand on est moche, inutile et nul, on essaie de se débrouiller comme on peut. J'ai treize ans et j'en suis à redoubler ma sixième. Normal : Le bahut ne veut pas de moi. Dès que j'y ai mis les pieds, j'ai glissé et je me suis fait mal. A la maison, je suis de trop; à l'école je ne suis pas aimé. La rue m'aime bien. Quand un prof te dit que t'es rien, que tu feras jamais rien de ta vie, à force de l'entendre répéter, tu finis par lui donner raison.
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Au soir du scrutin, je respire :je ne serai pas députée ! Pour les écolos, je n'ai été que la Beurette de service. Ça fait toujours bien d'avoir une Maghrébine sur ses bulletins ou ses tréteaux. Ils n'ont rien fait pour gagner. Ils se sont même arrangés pour perdre.
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