Une sorte de version intelligente et cruelle du Dîner de cons, qui est , lui, un film bête et mesquin.
Bitos, de souffre-douleur qu'il était au lycée, est devenu procureur, et de l'espèce la plus féroce: intransigeant, sévère, sans pitié. Ses anciens "camarades" de classe le convient à un dîner de têtes, c'est-à-dire à un souper entre lettrés où l'on se fait "la tête"- et si possible la conversation , d'un homme célèbre.
Bitos reçoit le rôle de
Robespierre, l'Incorruptible, l'artisan redouté de la Terreur.. C'est l'occasion de régler des comptes, entre la poire et le fromage..et même pendant le plat de résistance, sans mauvais jeu de mots. Les têtes , une fois encore, vont tomber..
Comme dans d'autres pièces, plus légères, par exemple
le Boulanger, La Boulangère et le Petit Mitron, l'historique et le socio-psychologique se mêlent...
Sauf qu'ici la pièce, féroce, est nettement plus complexe: on connaît les ennuis d'
Anouilh à la Libération, malgré la pièce d'
Antigone dont certains, un peu prompts à oublier les complaisances d'
Anouilh à l'égard de l'occupant nazi, ont voulu faire un brûlot résistant..
Ce procureur sans pitié devenu -ou redevenu- bouc émissaire ressemble à
Anouilh comme un frère: on le prend en pitié devant la férocité des attaques personnelles dont il est l'objet mais on a envie de lui écraser son dessert sur la figure, comme dans les bonnes vieilles farces ...