L'impression générale qui ressort de la correspondance de Regnault pendant son séjour à la Villa Médicis, c'est qu'il n'a pas beaucoup aimé l'Italie. Sur ce point, ceux qui ont parlé de lui avec le plus d'autorité sont d'accord. « L'austère Florence, dit M. Charles Blanc, le séduisit peu et Rome ne lui plut jamais. » Et M. Paul Mantz ajoute: « Mais pour les grandes créations de Michel-Ange et de Raphaël ce fut autre chose: une certaine maturité d'esprit, un certain trouble du coeur sont nécessaires à qui veut sentir ces nobles inventions. L'heure n'était pas venue pour lui de savourer, au point d'en souffrir, le charme victorieux, l'émotion intérieure de ces oeuvres grandioses et exquises.»Dans les deux cas c'est cependant aller un peu loin et affirmer un peu trop.
C'est dans les livres de MM. Henri Cazalis, Henri Baillière et Arthur Duparc que ceux qui désirent connaître les détails de l'enfance et de la jeunesse de Regnault devront les chercher. Nous qui n'avons connu et aimé l'homme que par eux, nous nous refusons à ajouter un mot à ce qu'ils en ont dit; il ne nous convient de nous occuper de lui que sous les côtés par lesquels il appartient à tous: son oeuvre et sa mort; nous ne pouvons qu'étudier l'artiste et admirer le patriote.
Mais il y avait dans Regnault une telle précocité et un tel éclat de génie, il y eut dans sa mort des détails si touchants, il avait à un âge où tant d'illustres sont encore élèves, une auréole si brillante de renommée en train de devenir de la gloire, et il l'a si généreusement sacrifiée, qu'il a mérité d'être pris comme le représentant, comme le symbole de l'espérance et du printemps de la France moissonnés avant l'heure.