Suzan Allott est Britannique elle a épousé un australien et vécu de nombreuses années en Australie. Dès 1989 elle cherche une voie qui lui permettra de concrétiser son envie d'écrire. C'est ainsi qu'elle s'inscrit à un cours par correspondance, et écrit une nouvelle qu'elle intégrera plus tard à son premier roman. Ce roman est publié en anglais chez Harper Collins en avril 2020 sous le titre de : The Silence. La traduction française de
Alexandre Prouvèze s'intitule : «
Des vies volées ».
Suspens et émotion sont au rendez-vous à Sydney et au milieu du bush ! Dans une atmosphère australienne très convaincante, chaleur suffocante, poussière, violents orages, nous suivons l'histoire d'Isla.
de Londres où elle vit, Isla revient à Sydney à la demande de son père inquiet : la police s'intéresse à lui, c'est en effet, le dernier témoin a avoir vu Mandy leur voisine disparu… il y a de cela trente ans ! Celle-ci est recherchée par son frère et la police car son père vient de décéder. Isla, pour soutenir son père, entend bien décrypter la sombre affaire de la disparition de Mandy.
Autour de cette disparition il semble planer un lourd secret et ce secret va s'avérer dévastateur remuant le passé et une sombre période pour les Aborigènes.
Suzan Allott mène bien son récit elle nous révèle très progressivement la psychologie de ses personnages. le roman oscille entre deux périodes 1967 et 1997 à Sydney ou en Angleterre. Ces nombreux flash-back hachent le récit et nous tiennent en haleine. C'est une belle réussite. C'est aussi l'occasion pour Suzan Allott de situer son roman, en toile de fond, à l'époque douloureuse pour les Aborigènes « des générations volées ».
Une postface, note de l'auteure, reprend de façon édifiante les grandes dates des évènements sur ces enfants arrachés à leur famille dans un but d'intégration. Et l'Etat australien n'en finit pas de lenteur pour avancer dans « la réparation de tous ces préjudices ». Douleurs, violences et racisme se glissent dans les mots et c'est encore une vérité de nos jours.
C'est un roman noir, un policier dans lequel l'auteure effleure le sujet des aborigènes ce n'est pas le thème principal, le noeud de l'intrigue se situe au coeur du couple Mandy-Steve son mari policier.
Enfin, je dirai un mot sur la couverture qui a attiré mon regard. Sur fond noir figurent les dessins en pointillisme de l'art aborigène, nous savons que « ces créations sont des passeuses d'histoires » symbole voulu ou pas ? Personnellement ça me parle …
On passe un bon moment malgré quelques longueurs.
Lu dans le cadre de la dernière « Masse Critique » je remercie les éditions Belfond noir ainsi que Babelio pour ce bon moment et cette découverte.