Vingt-quatre heures dans la vie d'un homme.
Je vis. Enrique vit. Hédoniste, les sens aux aguets, heureux de chaque instant passé à manger, aimer, nager, danser, curieux de tout ce qui l'entoure, le jeune homme se laisse porter par les choses que la vie lui offre.
Difficile de mettre des mots sur ce texte d'une soixantaine de pages, rythmé par 21 très courts chapitres.
Je vis ne se prête pas à l'analyse, il se lit, se savoure, plus encore à haute voix, poème en prose, dont la musicalité nous frappe. Aub est un maître du langage, attentif à chaque détail, aussi ténu soit-il, qui, sous sa plume, s'inscrit dans le grand cycle de la vie.
En dehors de la beauté formelle, et de la célébration sensuelle de l'existence, une dimension plus symbolique frappe le lecteur. Ecrit en 1936, quelques temps avant le coup d'état, perdu dans les Limbes, il n'est publié qu'en 1953.
Max Aub a fui en France, a connu les camps du Vernet, et de Djelfa en Algérie, puis a trouvé refuge au Mexique. Il note dans le colophon « Je le regarde avec tendresse parce que c'est le livre qui aurait pu mais n'est pas. le monde m'a alourdi d'autres choses. C'est peut-être dommage, probablement non. Et je me le dédie à moi-même, in memoriam. »
Je vis, hymne à la vie, marque la fin de l'innocence, celle d'un pays, celle d'un homme, celle de son oeuvre. Avec la guerre, Aub, n'imaginera plus seulement, il évoquera ce qu'il verra, ce qu'il vivra, en témoigne sa grande oeuvre le Labyrinthe magique, ancrée dans
L Histoire, tournant ainsi le dos à l'Art pour l'Art. Je remercie les Editions La Reine Blanche et Babelio pour l'envoi de ce titre dans le cadre d'une opération Masse Critique.