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EAN : 9782702185926
162 pages
Calmann-Lévy (04/01/2023)
3.68/5   37 notes
Résumé :
Toute sa vie la petite soeur a été vieille. Ça avait démarré très tôt. Dès le moment où, au fond de la brousse africaine, on avait commencé à la surnommer “la vieille” à cause de son drôle de regard, vieillir était devenu plus inéluctable pour elle que pour les autres Hommes."

Ainsi commence cette lettre d’amour d’un grand frère à sa petite soeur, partie trop tôt. Elle est brillante, belle, aimée mais trop intelligente, trop sensible, trop fragile en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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La petite soeur hante ces pages pétries d'amour. Trop tôt disparue, prise en étau au coeur de conflits qui la dépassait, celle dont la maturité transfigurait sa jeunesse s'est perdue, happée par des démons chimiques.

Peu à peu la personnalité de la petite soeur, son histoire mais aussi les remous familiaux sont révélés et l'on comprend au fil des chapitres ce qui a conduit à l'issue fatale.

Les chapitres alternent les récits fondateurs, la naissance, l'enfance, et l'enquête désespérée du frère pour comprendre le destin de sa soeur adorée.

L'amour transpire derrière chaque phrase , chaque tournure, un amour immense, à la mesure de la perte irrémédiable et du chagrin qui en résulte.


Antoine Catel dit l'engrenage et l'enfer de l'addiction, cette recherche douloureuse de l'incendie blanc, cette fulgurance que provoque la cocaïne. Il crie aussi ses regrets, sa culpabilité de ne pas avoir pu empêcher l'inéluctable.

Peu de textes restituent avec une telle intensité la force d'un amour inconditionnel, aussi aveugle que désespéré. Antoine Catel dans ce premier roman parvient à nous faire partager superbement la palette des émotions ressenties par le narrateur.



162 pages Calmann Lévy 4 janvier 2023
#Incendieblanc #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Elle est partie la petite soeur . Emportée par la cocaïne , elle qui était si brillante , si pleine de vie et qui n'a pas vu dans la découverte de la nuit parisienne l'enfer qui la guettait. Pour honorer sa mémoire , son frère lui rend hommage à travers une magnifique lettre.

Très beau roman , touchant, humain, empli d'amour et d'empathie.
Dans une chronologie échevelée , on retrouve tout l'univers de la petite soeur . Les parents, la fratrie, le Cameroun , les nuits parisiennes, les grands parents , les rencontres douteuses en détox, les études brillantes , l'addiction galopante, la spirale irréversible vers la mort .

C'est bien écrit et pour avoir une telle intimité , une telle connaissance de la petite soeur , il fallait bien un frère aimant, et doué pour l'écriture.
On notera la magnifique apparition du texte d'une chanson de Damien Saez , je veux qu'on baise sur ma tombe, qui est , si cela est possible , encore magnifié par son incorporation à ce beau texte.
Un livre choc, dur et d'un amour éternel.
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Elle est partie. Elle s'est endormie pour l'éternité. La petite soeur a quitté ce monde, laissant comme un vide, une béance… de son regard profond, ses traits doux, son sourire timide, ne restent que des souvenirs… Et la douleur de son absence…

Antoine Catel raconte avec ses mots, avec sa poésie, avec sa tonalité chevrotante, tout l'amour qu'il porte à sa petite soeur partie trop tôt, trop vite.

Il écrit cette âme tourmentée, cette petite flamme fragile qui s'est brûlée les ailes dans le paradis artificiel de la cocaïne.
Il écrit sa culpabilité, son incompréhension, ses réactions malhabiles.
Il écrit l'espoir, le combat, l'enfer et la solitude.

Le texte de ce grand frère qui ploie face la douleur est d'une grande pureté. La vague d'amour qu'il porte à sa soeur est aussi puissante que l'addiction qu'elle combat.

C'est beau, c'est émouvant et c'est triste à la fois… Ça prend aux tripes, ça remue et on se plaît à croire que ces mots lui rendent hommage et qu'elle vivra encore un peu à travers eux…
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❝La cocaïne, c'est le diable dans un flacon !❞
Mikhaïl Boulgakov, Morphine

❝la petite soeur pour toujours
Ma petite soeur, que le monde a dévastée, était un combat perdu d'avance qui, pour cela, précisément, mérité d'être mené.❞

Antoine Catel raconte sa jeune soeur dont le prénom ne sera dévoilé qu'à la dernière ligne du roman, certainement pas ici. ❝la petite soeur pour toujours❞, phrase lancinante qui revient comme pour lécher la plaie, ne deviendra jamais vieille ; elle est morte d'une overdose à 23 ans à peine. le dire d'emblée ne gâche en rien la lecture puisque l'auteur lui-même l'annonce dès la 4e page.

❝la petite soeur pour toujours
Elle est morte.

Des mots qui annoncent une sentence qui défigure. Une réalité capitale.
Tout commence et finit toujours par des mots.
Les mots.
Les premiers qu'on profère.
Le dernier soupir exhalé.

Les mots sont le carcan des vies humaines.❞

L'auteur raconte les débuts nomades de leur vie en plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, continent aimé qu'il a fallu quitter rapidement après le décès du père d'une infection pulmonaire fulgurante ; la vie nouvelle à Paris ; le remariage de la mère alcoolique et mal aimante avec un homme violent ; les études brillantes de la petite soeur ; les visites aux grands-parents dans leur appartement cossu ; la messe des fins de matinées dominicales ; les heures passées à jouer au piano avec Papou ; la mort de Mamine.

Il raconte aussi les paradis artificiels ; les rails de cocaïne ; les deux cures de désintoxication ; les remontées vers la lumière que suivent des descentes aux enfers, jusqu'à la dernière dont elle ne reviendra pas.
Il raconte la petite soeur capable de donner le change, de tromper son monde, de continuer des études médicales et sélectives jusqu'en 3e année sans rien laisser paraître, son aisance à obtenir de bons résultats avant la dégringolade et les malaises en pleine rue.

Antoine Catel raconte, et ses mots sécrètent l'amour sincère, fusionnel, presque absolu, qu'il porte depuis toujours à la petite dernière d'une fratrie de quatre.

❝[...] le temps avait défilé comme une belle image et il y avait eu à chaque fois un peu plus d'elle dans mon être et dans mon coeur. Et je m'étais rapidement pris à l'aimer sans réserve et en dehors de toute raison.❞

La petite soeur aimait U Turn - Lili du groupe AaRON, Les Raisins de la colère de John Steinbeck, les poèmes d'Apollinaire, La Dame en blanc dans le jardin de Sainte-Adresse de Claude Monet. Elle disait ne pas aimer les chansons de Saez que lui adore ; il trouvera deux vers de l'une d'elles recopiés dans un carnet rouge, deux vers d'une chanson comme un aveu et une possible clef d'interprétation.

❝Ce monde n'est pas pour moi,
ce monde n'est pas le mien.❞

Il raconte les amitiés toxiques, et une vie gâchée par la prise de cocaïne commencée de manière irrégulière et insouciante — récréative, dit-on — avant qu'elle ne devienne régulière engendrant la dépendance et le manque.

Incendie blanc est un récit cathartique — encore un. Parce qu'aussi proches qu'ils aient été — les deux autres de la fratrie sont relégués dans une semi-pénombre, voire négligés par l'auteur —, le frère n'a jamais eu accès aux pensées intimes de sa petite soeur ; parce qu'il ne cherche pas à combler les blancs par de la fiction, on ne saura rien de ce qui a précipité la chute d'une jeune fille à qui tout semblait pouvoir sourire et qui, à 23 ans, avait encore toute la vie devant elle. Peut-être le décès brutal du père ? le départ d'Afrique ? la vie parisienne et ses tentations pour une toute jeune femme dans sa vingtaine ? le comportement maternel ? Ce monde n'était pas pour elle, alors la cocaïne était là pour l'aider à se retirer dans son propre monde.

Incendie blanc est un questionnement incessant qui reste sans réponse faute de trouver celle qui ferait sens. Comme toujours en pareil cas, les raisons sont innombrables. C'est aussi l'expression d'une culpabilité vertigineuse qui n'en a pas fini de faire vaciller l'auteur, d'un chagrin dévorant et d'une douleur à apprivoiser. Avec le temps... Sur ce terrain-là aussi le questionnement est sans fin. Quel geste, quelle parole aurait-il dû avoir ? Pourquoi n'a-t-il pas répondu au téléphone ce jour-là ? ne l'a-t-il pas vue ce jour-là ? Lui, toujours là pour elle, pourquoi a-t-il été défaillant précisément ce jour-là ? le drame aurait-il pu être évité ?

❝La petite soeur pour toujours
Les journées sont lentes, cimentées. Nous sommes un peu plus de quatre mois après la disparition de la petite soeur. Un hiver sec.
Sans elle, une tristesse insondable.

J'ai décidé de me suicider.❞

Comme cela est la mode depuis quelque temps, en particulier pour les premiers romans, Incendie blanc est une autofiction sauvée du marasme complaisant, voire impudique, par une écriture poétique. C'est assez rare pour être signalé. ❝Ce qu'il manque aux livres de nos jours, c'est la poésie❞, écrit Antoine Catel qui se sert de la richesse de la langue comme d'un outil pour écrire à bonne distance tout en tentant d'arracher son histoire au banal, à l'idolâtrie de sa petite soeur et au pathos lourd — à mon sens, il n'y réussit que très imparfaitement. Quelques exemples toutefois relevés au hasard dont les images disent le mal-être, la fragilité de la vie et des sentiments :

❝petit bout de nuit ligoté au ciel❞ (page 28)
❝nuit de marécage et d'étain❞ (page 37)
❝la masse argileuse des pensionnaires❞ (page 53)
❝estuaire du temps❞ (page 59)
❝la pluie fine rouille Paris❞ (page 88)
❝Paris luit de son éclat de vieux cimetière❞ (page 99)

L'époque est au récit de soi et Incendie blanc, bien qu'il porte le mot roman en couverture, prend ses racines dans l'histoire familiale tragique d'Antoine Catel. Bien sûr, il n'est pas question de faire ici le procès de l'autofiction, encore moins celui de l'auteur après le drame vécu ou de la thérapie littéraire qu'il a entreprise en écrivant ce livre.

❝La seule façon de se sortir d'une histoire personnelle c'est de l'écrire.❞
Marguerite Duras, Lettre à Yann Andréa, juin 1981

Aussi me contenterai-je de dire combien je trouve la littérature contemporaine saturée de ces histoires vraies dont la prolifération menace l'écriture d'imagination en conduisant les auteurs à vouloir absolument que tout roman s'inspire de leur vie, une vie si possible tragique dans ce qu'elle a de plus intime.
Je ne sais pas si la poésie sauvera le monde, tel que le prédit Jean-Pierre Siméon, mais elle sauve au moins ce livre-ci.

Premier roman, lu pour la sélection des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Un texte au scalpel pour décrire l'addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa soeur qui s'est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.

La couverture de ce premier roman est d'une grande élégance à l'image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d'amour dédié à une soeur aimée pour la vie mais brûlée par l'explosion de rails de cocaïne.

Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l'appartement de Frédéric, « la petite soeur pour toujours » et overdose s'écrit ensemble ce jour-là.

Alors, le narrateur, frère si proche, si semblable, remonte le temps, décrit les rapports avec « la petite soeur pour toujours », son vécu dans le passé, ses perditions et ses essais pour s'en sortir. La famille est présentée avec ses forces et ses failles : le grand frère Francis, la soeur Sophie, le couple parental avec la mère qui gère son malaise par l'alcool et surtout, l'échec des adultes à protéger l'enfant plus fragile, plus sensible mais aussi plus exclusif, plus demandeur…

Seulement, au cours de la lecture, je me suis trouvée en décalage complet avec Antoine Catel dans l'interprétation du malaise de cette soeur, chère au coeur du narrateur. Car, pour moi, un trouble psychique fonde complètement les symptômes d'addictions et non l'inverse !

Il n'empêche ! Antoine Catel décrit formidablement bien cette descente, naît de la nécessité « de plus » pour se sentir vivre, se sentir libre pour oublier la peur qui attire comme un gouffre i et fait mal. Et, avec des êtres hors normes, c'est à hors normalité, il y a toujours un moment ou à un autre, la culpabilité de l'entourage qui se manifeste.

En chapitres courts, Antoine Catel gère les retours en arrière et décrit bien les délires de l'addiction et le passage de la fête à l'enfer ! le leitmotiv produit son effet pour conter ce récit d'amour inachevé.

Un premier roman à la sincérité évidente et au style maîtrisé ! À découvrir
Lien : https://vagabondageautourdes..
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critiques presse (1)
LaCroix
27 février 2023
Le premier roman d'Antoine Catel rend hommage à celle qui restera sa petite soeur « pour toujours » et raconte avec sensibilité un deuil impossible à faire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La petite soeur avait la clarté d’une aube , elle était belle d’une beauté funambule, de mésange, d’une beauté nocturne, elle était un la au piano et un jour de fête. Un opéra blanc.
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Je crois toujours que les toxicomanes sont faibles et qu'ils devraient en être honteux . Au sein de cette société qui valorise la force , je ne les perçois que comme des lâches qui passent volontairement à côté du monde . Je pense encore qu'ils font ça rien que pour nous faire chier , nous , les normaux , les sains , les beaux , les puissants et les puissantes . Nous qui n'avons rien à nous reprocher . Aucun défaut , aucune faiblesse , aucune tare , aucune cicatrice . Qu'ils ne peuvent pas , qu'ils ne veulent pas . Et de toute manière , depuis le début , qu'ils n'avaient qu'à pas . Qu'on ne récolte que ce qu'on sème . Je pense qu'ils n'en ont tout simplement rien à foutre et que tout ce qui leur arrive est finalement bien fait pour eux .
Ma petite soeur est toxicomane et je suis d'une ignorance coupable . J'aimerais pouvoir dire que je suis un héros , que je sais ce qu'il lui faut , que j'ai la solution , que tout va bien se passer . Qu'elle n'est pas seule à combattre .
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Et même s'il y a l'horizon du matin qui vient trancher la plénitude, la petite sœur- jeune et convulsée - veut se convaincre qu'il y a, dans ces plaines d'amour s'étendant à perte de vue, ne serait-ce qu'une part infime du réel.
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La petite sœur écrivait dès qu'elle avait un moment de libre [...] elle recelait en son âme une sensibilité telle qu'elle demandait déjà à s'exprimer à outrance avant même de pouvoir être comprise. Une richesse intérieure aussi vaste qu'une civilisation étouffée, un volcan de nuit.
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C'est comme ça, finalement, que tout commence pour la petite sœur. Par cette mélancolie que rien ne rattrape.
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