Revue Regards sur la Peinture

Pour Botticelli, l'art est rite, culte d'une divinité inconnue... inspiration et fureur.

Dans la direction de Bruxelles à Ostende, la terre flamande de Gand, de Bruges, est une terre grasse, faiblement ondulée, avec des gens positifs et massifs... Le soleil peint des teintes vives... en longs rubans écarlates, bruns, verts, turquoise... La peinture de Jan Va Eyck est faite de ces couleurs et de ces figures...

Le monde d'Holbein est un univers uniquement habité par l'homme; dans celui-ci chacun est fixe et inaltérable comme un prisme dans une sphère de cristal.

Son monde d'expression obéit à la même règle que celui de Titien : subordination absolue du contenu religieux aux exigences du décor et de l'art du portrait.

L'art de Kandinsky m'apparaît comme le plus philosophiquement fondé depuis Seurat : nul ne tend davantage, en distinguant autour de lui ce qui est essentiel de ce qui est accidentel, à nous faire retrouver dans la nature une simple image de nous-mêmes.

... Disciple indirect de Caravage, au milieu des grandioses problèmes picturaux que posait le style baroque, il a retrouvé la simple tendresse et la sérénité classique.

C'est un génie rare et exceptionnel... il est le père du paysage moderne. Il n'est pas un paysagiste, qu'il en ait conscience ou non, qui ne procède de lui.

Cri-Cri d'épouvante devant la nature rougissant de colère et qui se prépare à parler pour la tempête et le tonnerre aux petits étourdis s'imaginant être dieux sans en avoir l'air.

Il m'arrive parfois de rêver une œuvre de vaste envergure couvrant le domaine complet des éléments, de l'objets, du contenu, du style. Ceci restera sûrement un rêve, mais il est bon de se représenter de temps à autre cette possibilité encore vague aujourd'hui.

On ne pourra jamais décrire entièrement la conscience des visions et limiter son histoire parce qu'elle est la vie même. La vision se présente à nous comme un état soudain, ... comme le premier vagissement de l'enfant qui vient de sortir du corps de sa mère. La caractéristique essentielle de la vie est la conscience de la vision.

On ne peut pas avoir toujours son chapeau à la main, c'est pourquoi on a inventé le porte-manteau. Moi, j'ai trouvé la peinture pour suspendre à un clou mes idées : cela permet d'en changer et d'éviter l'idée fixe.

Les Américains furent parmi les premiers à l'apprécier pour ce qu'il était : un artiste solitaire marchant à contre-courant. En 1903, ils l'invitèrent à New York pour participer à l'une des expositions les plus importantes de l'histoire de l'art moderne. Ils feront de nouveau parler de lui en 1968 en lui consacrant une exposition au Musée Guggenheim de New York, où il sera présenté comme un précurseur de l'art du XXe siècle.

Mon admiration toute entière va droit au grand Mage inconsolable et obstiné, chercheur d'un mystère qu'il ne sait exister, et qu'il poursuivra, à jamais pour cela du deuil de son lucide désespoir, car c'eût été la vérité !

Seurat... c'est un chimiste du ton; c'est le poète le plus sensible au charme de l'enveloppe, à l'espèce de brume psychique doit il voit emmitouflés les vivants; enfin, c'est un styliste, il est inquiet de cette géométrie secrète de droites, de courbes, de spires et d'arabesque qui, imposant aux formes un rythme et une cadence, nous les font apparaître plus mystérieusement belles.

Murillo a offert à l'Église les images de la foi répondant le mieux à l'attente et aux nouvelles exigences de la Contre-Réforme catholique.

... Dès 40, sur le ciel du voyage fouquetien l'étoile, déjà haute et brillante, d'Angelico semble à nouveau pouvoir briller; "homme nouveau" et ancien à la fois, comme on le découvre chaque jour mieux.

Bien qu'elle respecte beaucoup la réalité, sa peinture n'est pas naturelle, ni faite ni pensée dans un autre siècle.

Léonard fut véritablement... Si bien que la nature voulut tant le favoriser que partout où il dirigeait sa pensée, son cerveau et son âme, il montrait tant de divinité dans ses choses que pour atteindre la perfection de la promptitude, de la bonté, de la légèreté et de la grâce nul autre ne lui fut pareil.

Qu'est-il ? Il est Gauguin, le sauvage qui hait une civilisation gênante, quelque chose du Titan qui, jaloux du Créateur, à ses moments perdus fait sa propre petite créature, l'enfant qui démontre ses joujoux pour en refaire d'autres, celui qui renie et qui brave, préférant voir rouge le ciel que bleu avec la foule.

Des visions enchanteresses affleurent de la lagune comme des spectres grondants d'une mélancolie infinie...