Revue Regards sur la Peinture

J'étudiais Camille Pissarro l'autre jour. Il n'existe pas de peintre plus consciencieux, plus exact. Celui-là est un des naturalistes qui serrent la nature de près. Et cependant ses toiles ont un accès qui leur est propre, un accent d'austérité et de grandeur vraiment héroïque. Vous pouvez chercher ses paysages uniques, ils ne ressemblent à aucun autre.

Lorrain a tiré un feu d'artifice dans les décors de Poussin.

Comme tu me manques, ironique Hogarth ! Tu es, dit-on, joyeux gaillard. Si toi et moi nous nous connaissions, tous les monstres auraient leur portrait ; tu dessinerais les bêtes comme je les décris ; tu en reproduirais les traits tandis que je les raille... tu n'aurais pas besoin de les caricaturer ; tu les dessinerais de façon que soit reconnaissable toute l'âme sur chaque visage.

Ais-je dit que Modigliani était un enfant prodige ? Comme d'une nuit à l'autre, d'une nuit vulgaire à la nuit enchantée, un petit peintre appliqué et bien sage, bon locataire de la rue Lepic se métamorphose en vagabond de génie. Le cas de Modigliani est le seul cas littéralement miraculeux dans l'univers de l'art vivant

En 1885, Rouault entre en qualité d'apprenti dans l'atelier d'un peintre d vitraux nommé Tamoni, puis dans celui d'un restaurateur de vitraux anciens du nom de Hirsch. En 1890, il décide de se consacrer à la peinture. Vers la fin de l'année, il commence à fréquenter l'École des beaux-arts, où Gustave Moreau enseignera à partir de 1892. Dans son cours, Rouault rencontrera Matisse, Manguin et Marquet.

Pauvre marinier
Sur l'océan sans limite
Je suis indigente poussière
Que le vent balaie
J'aime la divine Paix
Et la Lumière
Jusque dans les plus noires ténèbres
En guerre pour un bien spirituel
Que je ne trahirai jamais.

Il se peu qu'il faille plus de temps pour découvrir la beauté intrinsèque de l'ange de Memling. mais quand sa légère maladresse ne nous dérangera plus nous le trouverons délécieux.

Pour critiquer un tableau de Turner, il faut commencer par protester contre son extravagance, puis continuer avec un Cependant. Combiner ensuite des expressions du type Imbibé de soleil, Inonder de splendeur estivale, Densité de la distance, avec une référence à son œuvre précédente, pour finir par un envol rhapsodique sur la philosophie de l'art.

Dans la peinture, il s'établit comme un pont mystérieux entre l'âme des personnages et celle du spectateur.

J'étais ou je semblais dur avec tout le monde, par une sorte d'entraînement à la brutalité qui me venait de mon doute et de ma mauvaise humeur. Je me sentais si mal fait, si mal outillé, si mou, pendant qu'il me semblait que mes calculs d'art étaient si justes. Je boudais contre tout le monde et contre moi.

Max Ernst, peintre poète, a fait un grand nombre de découvertes dadaïstes. Nous l'appelons l'inventeur du mystère à roulettes...

Une des choses, selon nous, qui distinguent surtout le talent de M. Ingres est l'amour de la femme. Son libertinage est sérieux et plein de conviction. M. Ingres n'est jamais heureux ni si puissant que lorsque son génie se trouve aux prises avec les appas d'une jeune beauté.

Pour la pénétration, le goût de la vérité, seuls quelques maîtres anciens sont comparables à ce peintre de "vedute" dont personne n'approche de nos jours...

Peut-être, en cherchant la lumière, Vermeer trouvait-il autre chose, peut-être la merveille sublime de sa peinture réside-t-elle dans le fait d'avoir trouvé autre chose.

La nature sut découvrir de façon merveilleuse celui qui devait si magnifiquement le lui rendre, lorsque dans un village inconnue du Brabant elle choisit parmi les paysans l'intelligent et spirituel Pieter Bruegel pour en faire le peintre des paysans, pour la plus grande gloire des Pays-Bas...

Bosch est le visionnaire intégral. Il n'y a pas un demi-siècle que son œuvre est sortie de l'oublie, et déjà elle remet en cause les fondements mêmes de l'art de peindre.

Paolo étant un noble génie, et ne se laissant pas d'ordonner les formes, il peignit la nature plus belle car aidé uniquement par une mémoire heureuse il formait les choses vues avec son imagination seule.

Comme ce fut le cas pour un autre grand portraitiste nordique, Hans Holbein le jeune, le flamand Anton van Dyck allait mettre un point final à une époque importante de l'histoire de l'art et de la culture. Holbein, un siècle plus tôt, en 1543, mit fin à la renaissance allemande. Avec van Dyck, en 1641, ce sont deux siècles glorieux de l'histoire et de l'art européens, durant lesquels la civilisation artistique flamande a brillé de tous ses feux, qui s'achèvent.

C'est donc essentiellement pour les églises et les couvents qu'il travaille, même si vers 1580, il réalise pour Philippe II le spectaculaire Martyre de saint-Maurice. Mais son iconographie est si peu respctueuse des préceptes de la Contre-Réforme que le roi, tout en admirant sa valeur, décide de l'accrocher dans la salle capitulaire, et non pas à l'intérieur de l'église de l'Escorial.

Notre primitivisme... est l'aboutissement d'une complexité, l'antique est le balbutiement d'une simplicité...