Revue Regards sur la Peinture

Monet renonce à peindre ce que nous savons des choses pour peindre, de la façon la plus vraie possible, ce que nous voyons.
[...]
Quand on parle d' « impression », il ne faut pas y voir seulement le phénomène optique, mais aussi l'émotion que ce phénomène suscite chez l'artiste : hors de la routine utilitariste de la vie quotidienne, on voit avant tout ce que l'on choisit de voir, et l'on voit ce que l'on aime. Monet, lui, aime le plein air, la lumière solaire, les choses et les homes qui irradient le bonheur ; il célèbre cet amour avec la fraîcheur et la joie instinctive de celui qui se sent aimé à son tour, qui s'exalte face à la beauté que ses yeux ont découverte et révélée en premier, que son âme avant toute autre a senti vibrer et resplendir.
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12 avril 1962, Menu de Youri Gagarine premier homme dans l’espace.
A 3h30, le médecin Karpov entre dans la chambre où youri et Guerman dorment.
« Il est l’heure de se lever » leur dit-il. Puis ils se rendent au gymnase pour une mise en train, puis toilette et déjeuner « à la cosmique ».
Au menu :
Purée de viande,
Café,
Marmelade de cassis
(tout cela en tubes)
Après un dernier examen médical, les deux hommes se rendent à la salle d’habillage où des spécialistes les aident à endosser leur lourd scaphandre orange.

Dans son essai "Images, langage et écriture", il écrit : " L'intérêt spirituel de l'homme de la civilisation technique est entièrement et exclusivement tourné vers l'examen analytique d'un monde matériel superficiel, qui doit apparaître à l'esprit comme un chaos confus de détails, d'objets mesurables, énumérables et pondérables, placés artificiellement en rapport réciproque. Cette façon de voir est superficielle, tout come le monde qui y est représenté.... Ainsi l'homme moderne est privé des moyens dont il a besoin pour exprimer les idées individuelles, les imaginations humaines. Est-ce qu'il s'en rend compte ? "

La peinture de Guttuso sert essentiellement à raconter : il veut raconter avec des images les histoires de son temps, les événements, les personnages, les lieux. Et puis, naturellement, se raconter lui-même : son rôle de peintre, ses amis, ses amours, ses peurs, ses rêves, ses espoirs…
Mais ses tableaux, même lorsqu’ils semblent s’inspirer d’un thème d’actualité ou d’un événement rattaché à sa Sicile natale, ont en réalité l’ambition d’un signification universelle, touchant à des problèmes sociaux et politiques plus vastes, allant au-delà de l’époque et des lieux.

Gauguin me disait l’autre jour, qu’il avait vu de Claude Monet un table de tournesols dans un grand vase japonais très beau, mais il aime mieux les miens. (Vincent à Théo)

Georges de La Tour est en quelque sorte un don de la recherche et de la critique du XXe siècle à l'histoire de l'art ! C'est en effet au début de notre siècle qu'on le redécouvre et que les travaux se multiplient pour reconstruire la biographie et le catalogue de l'un des artistes les plus importants que nous nous connaissions et dont on avait pratiquement un inconnu au début du siècle suivant.

Toute la question est donc de savoir s’il vaut mieux être invité tout de suite par des Anglais, ou attendre six mois pour être prié par des Français. Pour ma part, je penche en faveur de la seconde solution. Good Lord ! C’est tellement bon que ce n’est plus du tout mauvais d’avoir attendu.

-Pierre Daninos, Les carnets du major Thomson-

Chanson à manger

[…]
Quel plaisir, lorsqu’avec furie,
Après la bisque et le rôti,
Un entremet bien assorti
Vient réveiller la mangerie !
Quand on dévore un bon melon,
Trouve-t-on liqueur qui vaille ?
Ô mon très cher ami, je suis pour la mangeaille ;
Il n’est rien de tel qu’être glouton.

Paul Scarron

Fernande Olivier, la compagne de Picasso de l’époque, disait de lui qu’il n’avait pas beaucoup de talent, mais qu’il était malin, ce qui lui a permis de suivre immédiatement le mouvement cubiste, ou plutôt les « trucs du cubisme » dont il se servit avec intelligence, mais, insistait-elle, sans art !

Pour Apollinaire, Gris n’était qu’un excellent disciple. Picasso lui-même ne l’aimait pas beaucoup. Gertrude Stein racontait que « Gris était la seule personne que Picasso eût volontiers rayée du monde ». C’est pourtant Picasso qui signalera l’artiste espagnol au marchand Kahnweiler, un événement fondamental pour la carrière de Gris.

Le fait est que la virtuosité de Cézanne n’est pas adaptée à un public et une critique qui ne sont pas préparés ne serait-ce qu’à essayer de comprendre une nouveauté étrangement unique et solitaire. Ils sont peu nombreux à le défendre au départ, et ils sont foule quand il commence à être apprécié.

J'aime vos couleurs légères ô Fernand Léger... cette peinture est liquide, la mer, le sang. les fleuves, la pluie, un verre d'eau et aussi des larmes, avec la sueur des grands efforts et des longues fatigues, l'humidité des baisers...

Nous découvrons maintenant que Lautrec ne nous paraissait surnaturel que parce qu'il était naturel à l'extrême. C'était vraiment un être libre. Mais il n'y avait aucun partis pris dans son indépendance. Il ne méprisait pas les idées toutes faites, il n'en subissait en aucune façon l'autorité.

Il faudra attendre le début de notre siècle de la psychanalyse pour que l'on s'intéresse de nouveau à Bosch. C'est l'éclosion du symbolisme, du dadaïsme, du surréalisme. Bosch est alors reconnu comme un prophète un précurseur subversif par tous ceux qui veulent faire du hasard et du rêve l'instrument pour révéler des mondes intérieurs in connus et interdits. Max Ernst et Savaldor Dali se sentiront de "nouveau Bosch".

Un cuisinier quand je dîne
Me semble un être divin,
Qui du fond de sa cuisine
Gouverne le genre humain.

Qu’ici bas on le contemple
Comme un ministre du ciel,
Car sa cuisine est un temple
Dont les fourneaux sont l’autel.

Marc Antoine Desaugiers

Un homme n'est jamais une nature morte, même lorsqu'il est mort.

Avec le succès commencera aussi l'exploitation d'Utrillo : "une gloire de peintre malheureusement toujours accompagnée de l'intérêt, équivoque et indiscret pour son histoire d'homme, pour le côté anecdotique de son histoire de créateur irresponsable, de personnage type d'une époque et d'un milieu facilement entré dans le mythe."

... Influencé par le présent et le passé, impulsif et prudent, audacieux et ému, distrait et très attentif, il est totalement pris par ce qui dans la beauté est éphémère et par ce que la beauté est éternel...

Dali reprend et transforme dans ses représentations érotiques et paranoïaques beaucoup de thèmes des grands maîtres qu'il a admirés et étudiés lorsqu'il était adolescent.

Quand Pissarro arrive à Paris pour la seconde fois en 1855, il est frappé par les œuvres innovatrices et resplendissantes de couleurs de Delacroix, Ingres, Courbet, Millet et Corot. Pendant deux ans il peint de mémoire des paysages des Antilles et du Vénézuela.

Comme l'éclat du Soleil l'emporte sur la lumière des étoiles, Titien resplendit plus que tous les autres peintres non seulement d'Italie, mais du monde entier.