Citations de Michael Marshall Smith (147)
Quelles sont les choses importantes de votre vie ? Celles qui vous rendent vraiment heureux ? Aimer quelqu'un si fort qu'il suffit de tendre les bras pour l'étreindre. Manger un bon repas en savourant chaque bouchée. Ce ne sont pas des impératifs biologiques. Nul besoin d'amour pour baiser, et l'homme peut tout ingérer, sauf le métal.
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« Mot de passe, m’a tout de suite dit la bécane.
— Pardon ? » Je savais très bien ce qu’il voulait dire. Simplement, j’étais surpris d’entendre ma propre voix sortir du haut-parleur.
« Le mot de passe, connard.
— Je ne le connais pas.
— Alors devine. J’ai rien de mieux à faire.
— Samoy, ai-je suggéré au pif, et non sans ironie.
— Gagné », a répondu la machine avant d’entamer à toute vitesse la procédure d’initialisation.
J’ai secoué la tête. Hal n’avait jamais été très fort question confidentialité.
« Arrêtez de vous autocongratuler, petit malin, a aboyé la machine. Ce n’est pas ça, le mot de passe. Le vrai est une combinaison de chiffres et de lettres à trente éléments – un vrai casse-tête à prononcer.
— Alors pourquoi me laissez-vous entrer ? Et pourquoi vous me faites chier ?
— Hal a laissé une porte ouverte. Le seul type capable de nommer non pas la meilleure marque de pickles japonais mais celle qui vient en deuxième position, il ne pouvait y en avoir qu’un : vous. J’avais déjà comparé votre structure vocale avec la mienne avant même que vous ne prononciez le mot. Je vous faisais marcher un peu, c’est tout. Quant à faire chier, vous avez bien d’autres ennemis que moi, tête de lard.
— Dites donc, vous cherchez la bagarre ou quoi ? ai-je fait agressivement.
— Avec vous ? Il vous faudrait une sacrée paire de pinces.
Fantome, sciences-fiction,
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Enfin, l'étudiante a réapparu, tel un mirage. Je m'attendais qu'elle ait les cheveux gris et qu'elle marche avec un déambulateur. Ou alors, c'était son arrière-arrière-petite-fille qui m'apportait ma commande, sacrifiant ainsi à un rituel héréditaire et mystique passé de génération en génération.
Elle s'est approché de la table, a posé devant moi une assiette et un verre contenant quelque chose que je n'avais jamais demandé. Puis elle a de nouveau disparu.
Je suis resté scotché devant l'assiette un long moment, essayant de trouver la réaction adéquate.
Quelques triangles de matière brune étaient nappés d'une substance verte. Il y avait également une petite flaque d'autre chose. L'ensemble aurait à peine rempli un dé à coudre.
J'ai étudié le truc de plus près. C'était de la cervelle de baleine, ou de la terre glaise: sans mon kit médico-légal, aucun moyen de le savoir. À moins qu'il ne s'agisse de l'exercice de collage de l'étudiante. Ou de la maquette stylisée d'un centre commercial, placée devant moi pour que j'y réfléchisse pendant que mon plat se préparait.
Après un long moment passé à fixer l'assiette en attendant qu'elle bouge, j'ai décidé de goûter. Coupant un morceau de triangle, je l'ai trempé dans je ne sais quoi.
Après une bouchée, j'avais ma réponse.
C'était bien une maquette de centre commercial.
Nous sommes les premiers animaux à comprendre la mort, et nous avons besoin de montrer que nous sommes pas impuissants face à elle. Nos trente mille ans de meurtres ne constituent peut-être qu'un acte de défi, un cri de vengeance : nous savons que la mort approche, alors parfois nous croisons le fer.
Soit des gens veillent sur des inconnus et font au moins semblant de s'intéresser à eux, soit tout l'univers s'écroule.
Ce que veut le gosse frappé, c'est qu'un adulte vienne gifler le frappeur. Il veut commettre un acte violent sans l'avoir fait - tirer avantage du geste sans devoir l'assumer. Voilà le genre de gosse qui, plus tard, portera plainte contre son voisin pour s'être cassé la gueule dans son allée, après avoir passé l'après-midi à lui bouffer ses hot-dogs et à lui vider ses bières.
Contorsionné comme j'étais, le volant dans les reins, je ne vis qu'un nouveau soleil, jaillissant de la montagne comme l'aube.
Se consacrer à protéger ces trésors que sont les êtres aimés, car il fallait toujours un deuil ou une cassure pour mesurer tout ce qu'ils avaient de merveilleux, d'unique. Mais les gens n'y pensaient jamais à l'avance, parce qu'ils étaient stupides. Parce que la vie était un puits de distractions. Parce que c'était comme ça.
Si les autres nous connaissent mieux qu'on se connaît soi-même, que devient-on ?
L'hôpital avait dû ouvrir ses portes en fanfare dix ans plus tôt, pour être aussi vite oublié. C'était l'oeuvre d'un architecte rêvant de postérité et muni d'une règle bien droite, qui se mit sans doute des baffes en s'apercevant qu'il avait oublié les fenêtres, ainsi que le fait que des gens risquaient d'y séjourner.
Je me suis habitué à ce que l’argent peut vous apporter d’autre, par exemple un minimum de respect ou une compagne de plumard qui ne vous présente pas la facture le lendemain matin.
Quand on effaçait un rêve, en fait, on détruisait seulement une imagerie, une composante visuelle qu’on empêchait ainsi de se projeter dans l’œil intérieur du rêveur. La substance du rêve, cette impalpable abstraction qui semblait impossible à isoler, demeurait.
Les rêves d’angoisse, beaucoup plus fréquents que les cauchemars, tendaient à affecter les cadres moyens et supérieurs, susceptibles en priorité de s’intéresser aux techniques d’oniro-effacement. Les détenteurs de cette nouvelle technologie ont donc changé leur fusil d’épaule, revu leur baratin commercial et amassé une petite fortune.
Faire un cauchemar ce n’est tout de même pas si grave, outre le fait qu’on en profite souvent pour prendre conscience d’informations utiles. Quand telle ou telle chose vous flanque une trouille bleue, en général, il y a une raison.
J’avais l’impression que ma vie s’était progressivement arrêtée, et qu’il allait sans doute falloir quelque chose de retentissant pour qu’elle se remette en branle. Une réincarnation, par exemple. Ce n’était pas la première fois que j’éprouvais cette sensation, mais là, j’étais particulièrement pessimiste. Le genre de situation dont on peut facilement ne jamais se relever.
Les voies de la chance qui commencent juste au coin de la rue ont une fâcheuse tendance à vous ramener immanquablement à votre point de départ.
On ne joue pas au premier qui se dégonfle avec la police mexicaine. Au jeu de la poule mouillée, ils ont tendance à perdre.
Les flics tiennent beaucoup à ce que ce soit eux qui braquent les armes sur la population, et non l’inverse.
Son sourire s’est accentué. Tellement concupiscent qu’à côté, un loup-garou aurait paru timide et charmant.