Citations de Lucia Etxebarria (362)
Dans un système machiste, l'érotisme n'est qu'une sous-catégorie de la pornographie.
C'est une vérité universellement reconnue (Jane Austen me pardonnera de lui voler cet incipit) que, si une femme écrit sur le sexe, c'est de la littérature érotique. Si, en revanche, c'est un homme, il s'agit de littérature tout court...
Tu as passé toute la matinée à pleurer, et quand il s'est avéré que ce n'était ni parce que tu voulais manger (tu m'as recraché le lait à la figure avec indignation), ni parce que tu avais besoin de ta tétine (que tu as recrachée aussi), ni parce que tu avais sali ta couche, j'ai compris que la seule chose que tu voulais, ma petite emmerdeuse gâtée pourrie, c'était que je te prenne dans les bras, si bien que je suis en train d'écrire en te tenant dans mes bras, position extrêmement inconfortable pour moi mais qui semble t'enchanter, car maintenant tu es sage comme une image, tu regardes alternativement ta mère et le clavier, avec la plus grande attention, comme si tu envisageais sérieusement la possibilité de suivre, quand tu seras grande, les traces de celle qui t'a mise au monde (vu la façon dont ça s'est passé pour moi, je te le déconseille de tout cœur).
[…] qu’il était préférable de changer de personne plutôt que de changer une personne.
"Un gin-tonic a cette heure- ci ? Vous avez de drôles d'idées..."
Mon amour pour lui fut une guerre qui m'usait et m'enrichissait à la fois, je l'aimais avec la crainte et l'incertitude chevillés au corps, en jouissant de chaque instant qui s'écoulait entre mes cuisses, je l'aimais parce qu'il n'était pas à moi et ne le serait jamais.
Quelquefois, la vie n'est qu'une longue suite d'erreurs, un escalier qu'on descend marche après marche....
Alexia est une femme mûre, comme on dit d'un fruit qu'il est mûr sans que cela signifie flétri. Elle est de ces femmes intemporelles, impeccablement soignée, impeccablement vêtue, impeccablement coiffée... On peut difficilement lui donner un âge. Sa voix est parfaitement modulée, comme si chaque mot qu'elle prononçait, avec son phrasé d'une parfaite distinction et sa voix de guitare sèche, lui emplissait la bouche d'une liqueur vieillie en fût. Une lumière étale et blanche a poli le marbre de son front puissant, où l'on peut admirer l’œuvre du grand professionnel qui a su en chasser les rides à coups d'injections. Sur ses paupières scintille, à peine perceptible, une ombre perlée assortie au brillant des lèvres. Elle agite les poignets avec désinvolture, comme si elle ignorait la valeur de ce qui y est accroché. Tout en elle dit l'assurance, la retenue, l'argent.
D’un côté, j’étais incapable de vivre sans amour, mais, de l’autre, j’éprouvais le besoin d’aimer ce qui était hors d’atteinte, comme si je ne méritais pas l’amour absolu et n’avais droit qu’à un amour relatif. C’était comme vouloir atteindre l’horizon, toujours proche mais à jamais inaccessible.
Mais j'aurais tendance à croire, et je veux croire, que bien que les cartes soient distribuées à la naissance, le façon de les jouer dépend de nous.
La mort accompagnée n'est pas la mort, pas même pour les incrédules, car ce qui fait le plus mal, ce n'est pas quitter la vie, mais d'abandonner ce qui lui donne un sens.
La nourriture provoquait en moi des nausées vicieuses dans lesquelles je goûtais le plaisir du rejet. Mes côtes étaient des crochets, ma colonne un couteau et ma faim une cuirasse, la seule dont je disposais face à la coquetterie qui s'agrippait comme une tique à mon corps chaque fois que j'avais le malheur d'accomplir un pas vers le monde des femmes. Le jeûne était une résistance farouche au changement, l'unique moyen imaginé pour garder la dignité que j'avais petite fille et que je perdrais en devenant femme.
Je suis desséchée, comme un arbre abattu qui part pour la scierie. Je ne sais pas, c'est comme si les comprimés avaient bloqué les récepteurs de mon cerveau, les points où se connectent les faits et les sentiments. Maintenant, je flotte dans le néant et je suis comme une femme enfermée dans un flacon de formol.
On pourrait dire que chaque année qui s'écoule suppose un nouveau coup de pinceau qui vient compléter ce qui sera votre portrait définitif. On pourrait dire aussi que chaque nouvelle année est une pelletée de terre sur la tombe de votre jeunesse. Chaque nouvelle année suppose davantage d'expérience et donc, à ce qu'on dit de sagesse et de sérénité. Chaque anniversaire suppose le pense-bête ponctuel de votre conscience : cette année-là non plus vous n'avez rien fait de votre vie.
- Pitié, gentil styliste, laisse-moi m'habiller comme je veux ! Ne me force pas à forcer des couleurs pastel ! J'en mourrai ! Dis à la reine que j'ai eu un accident. Je resterai dans la forêt et je ne reviendrai jamais au palais, je te le jure !
Elle était si belle que le styliste eut pitié d'elle et ne put se résoudre à changer son aspect. Il lui dit :
- Pauvre petite... Pars, et ne revient jamais !
Après ces paroles, le styliste se sentit soudain le coeur plus léger. Il repéra une jeune fille très snob qui ressemblait beaucoup à Blanche-Neige, la prit en photo et rentra au château. Il montra les photos à la reine, en lui expliquant que peu après sa belle-fille était morte intoxiquée par le peroxyde utilisé pour éclaircir ses cheveux. La reine se réjouit de la nouvelle.
Un jour, ses deux grandes soeurs vinrent dans sa chambre alors qu'elle était en train de lire un livre sur des expéditions archéologiques au Pérou.
- Bon, Trop-Pas (c'était ainsi qu'elles l'appelaient, parce qu'elles la trouvaient "trop pas branchée"), ça ne peut plus continuer comme ça. Si tu ne sors jamais, tu ne rencontreras jamais de prince et tu seras toute ta vie célibataire.
- Ça ne me gêne pas, moi, d'être célibataire...
Il y a certaines choses que l'argent n'achète pas, des choses qui coûtent plus que l'argent. Il y a des choses que l'argent ne peut pas arranger. L'argent n'achète pas la culture, les bonnes manières, l'éducation, l'intelligence.
Je suis Sagittaire, donc je suis pragmatique : je t'admirais de loi je t'ai déposé dans le dossier des amours impossibles, et j'ai continué ma vie.
...de nombreux cas d'agresseurs psychologiques qui harcèlent leur partenaire jusqu'à ce qu'ils réussissent à lui faire perdre ses nerfs au point de devenir lui-même agressif, et qui recherchent alors un témoin, voire enregistrent la scène ou appellent la police. Cela leur permet de faire passer la victime pour l'agresseur, y compris à ses propres yeux; elle entre alors dans un cycle de confusion psychologique et de culpabilisation qui la victimise encore plus.
95% des hommes qui maltraitent leur femme sont dans le déni complet et retournent l'accusation contre elle. Ils l'accusent de mentir, d’exagérer, voire d'avoir provoqué l'agression.
Il est toutefois facile de discerner qui est la victime et qui est l'agresseur : la victime est celui des deux qui tombe malade. Qui déprime.
Quand nous haïssons quelqu'un, nous haïssons dans son image quelque chose qui réside en nous même.