Citations de Jocelyne Saucier (295)
Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation.
Les écoles illustrent bien ce qu’on avait espéré de Norco. Une ville minière qui accueillerait prospérité, longévité et le bonheur des petits enfants. Le rêve n’a pas duré et il a fallu faire avec la désillusion et ces trois belles grandes écoles de brique rouge.
[…] L’amour impossible n’est plus possible de nos jours.
[…] Ted était un être brisé. Charlie un amoureux de la nature et Tom avait vécu tout ce qu’il est permis de vivre. Une journée après l’autre, ils ont vieilli ensemble, ils ont atteint le grand âge. Ils avaient laissé derrière eux une vie sur laquelle ils avaient fermé la porte. Aucune envie d’y revenir, aucune autre envie que de se lever le matin avec le sentiment d’avoir une journée bien à eux et personne qui trouve à y redire. […]
Le campement de Charlie était le mieux entretenu. Quatre cabanes. L’une pour y habiter, l’autre pour le bois de chauffage, une chiotte, une remise et rien qui traînait autour. Pas une pelle, pas une hache, rien qui n’était laissé à l’abandon, alors que chez Tom, il fallait lever les yeux vers la cheminée pour deviner sa cabane d’habitation tellement tout était encombré et mal fichu.
Quand à Ted, personne n’avait mis les pieds chez lui.
[…] Il était temps de partir. Je n’avais plus aucune raison de m’attarder. Je me suis quand même informée de la raison du décès.
- Mort de sa mort, m’a répondu Tom, à notre âge, on meurt pas autrement.
Et la mort?
Eh bien, elle rôde encore. Il ne faut pas s'en faire avec la mort, elle rôde dans toutes les histoires.
Il y avait un pacte de mort entre mes p'tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n'aimaient pas le mot, trop lourd, trop pathétique, pour une chose qui, en fin de compte, ne les impressionne pas tellement. Ce qui leur importait, c'était d'être libres, autant dans la vie qu'à la mort, et ils avaient conclu une entente.
"Ted était un être brisé, Charlie un amoureux de la nature et Tom avait vécu tout ce qu'il est permis de vivre. Une journée après l'autre, ils ont vieilli ensemble,ils ont atteint le grand âge. Ils avaient laissé derrière eux une vie sur laquelle ils avaient fermé la porte. Aucune envie d'y revenir, aucune autre envie que se lever le matin avec le sentiment d'avoir une journée bien à eux et personne qui trouve à y redire".
L'amour impossible n'est plus possible de nos jours
Les yeux, c’est ce qu’il y a de plus importants chez les vieillards. La chair s’est détachée, affaisée, amassée en nœuds crevassés autour de la bouche, des yeux, du nez, des oreilles, c’est un visage dévasté, illisible. On ne peut rien savoir d’un vieillard si on ne va pas à ses yeux, ce sont eux qui détiennent l’histoire de sa vie.
(...)" elle s'était contenue, soixante six ans à se retenir, elle savait que la colère et l'autorité en ce moment, c'était ces deux-là qui préparaient sa valise et sa douleur. "(...)
Il a été son amoureux, il l'a aimée comme on aime un oiseau, un oiseau rare venu de très loin se nicher au creux de sa main.
Elle émergeait du tourbillon de ses journées, rassérénée par le repos qu’elle avait pris en soirée, et faisait la tournée des lits pour voir chacun de ses enfants, tel qu’il était lorsqu’elle lui avait donné la vie et qui lui était redonné dans le sommeil, détendu, paisible, innocent, et qu’elle voulait garder à jamais dans sa mémoire.
Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’à ces moments où Angèle m’apparaissait au bout de moi-même. Je tendais mon esprit à l’extrême, taraudant la douleur jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi, jusqu’au vertige du vide absolu, et c’est alors qu’Angèle, légère et souriante, apparaissait sur la surface plane de ma conscience et m’invitait à la suivre.
« Dans l’embrouillamini des récits, une figure revenait toujours, celle d’un garçon aveugle marchant dans les décombres fumants. » (p. 93)
Ted était un être brisé, Charlie un amoureux de la nature et Tom avait vécu tout ce qu'il est permis de vivre. Une journée après l'autre, ils ont vieilli ensemble, ils ont atteint le grand âge. Ils avaient laissé derrière eux une vie sur laquelle ils avaient fermé la porte. Aucune envie d'y revenir, aucune autre envie que se lever le matin avec le sentiment d'avoir une journée bien à eux et personne qui trouve à y redire.
[E]le aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse […].
"La mort est une vieille amie. Ils en parlent à leur aise. Elle les suit de près depuis longtemps qu'ils ont l'impression de sentir sa présence tapie quelque part, en attente, discrète le jour mais parfois envahissante la nuit. Leur conversation du matin est une façon de la tenir à distance. Dès qu'ils prononcent son nom, elle arrive, se mêle à la conversation, insiste, veut toute la place, et eux la rabrouent, s'en amusent, l'insultent parfois, puis renvoient, et elle, bon chien, s'en retourne ronger son os dans son coin. Elle a tout son temps." p.83
L'amour impossible n'est plus possible de nos jours.
L’amour impossible n’est plus possible de nos jours.