Citations de Frank Andriat (429)
La vraie science, c’est de s’émerveiller de ne rien savoir et d’écouter toujours le tressaillement de la vie, de s’en nourrir.
Entre un livre et ses lecteurs, avant même qu'ils se croisent, il existe un fil invisible et magique qui les appelle à se rencontrer.
Mes parents comprennent mal ma passion du sommeil : c'est le moment où se réalisent les plus grands événements. Dans mon lit, je recrée le monde et personne n'est là pour me contredire. (p.25)
Engluer d'abord, étouffer ensuite, pour que les gens vivent heureux sans se rendre compte qu'ils sont déjà morts: la politique est un art arachnéen auquel tous ne peuvent s'adonner avec bonheur.
"L'homosexualité est un élément parmi tant d'autres." Rien ne me paraît plus juste que cette phrase. Je me demande pourquoi on oublie tous les autres aspects d'une personne lorsqu'on apprend qu'elle est homosexuelle.
Les riches ont des manières que les pauvres ne comprendront jamais. Pour eux, ce qui compte, c'est que brille la pointe de l'iceberg. Ceux qui survivent en dessous de la ligne de flottaison ne les intéressent pas : de toute manière que peut-on revendiquer lorsqu'on vit la tête sous l'eau ?
A travers leurs ouvrages, les auteurs créent des liens et permettent à des gens qui ne se parleraient pas de se rencontrer, de se découvrir.
- C'est facile de s'excuser après avoir blessé l'autre sans réfléchir.
La vie, ce n'est pas marcher en rang comme les carrés sur une tablette de chocolat.
Elle a laissé tomber les vêtements de son rêve : les libraires sont toujours à l'écoute de ceux qui se faufilent en leur jardin de livres.
Ne m’en veuillez-pas, l’amour des livres me rend heureuse.
La vie est faite de petites morts qui nous apprennent sans cesse à nous retrouver, à ressusciter la flamme que nous portons dans notre cœur.
Nous nous quitterons dans moins d'une heure pour ne plus nous revoir, mais nous emporterons l'un et l'autre le cadeau que fut notre rencontre.
Si nous ne nous enfermions pas dans l'image que nous créons de nous, nous serions plus légers
Le nationalisme est une maladie insidieuse, un cancer de l'esprit, qui vous gagne lentement, mais en profondeur et qui vous coupe de la logique globale qui permet un fonctionnement complet de vos cellules. Vous n'observez bientôt plus qu'un point unique, celui que vous voulez atteindre, et vos oeillères vous empêchent de voir comment le monde tourne autour de vous. D'argument paranoïaque en argument paranoïaque, vous construisez un édifice qui semble solide, mais qui ne peut résister aux chocs de la réalité que si vous vous coupez d'elle. Vous paraissez d'autant plus convaincu de vos idées que vous n'avez plus que celles-ci pour convaincre: en général, elles sont simplistes, vont droit au but, rejettent les autres, sans nuances et avec fracas. Les imbéciles trouvent là leur pitance: vous devenez un crétin facile à comprendre (puisque vous défendez des idées auxquelles il n'y a rien à comprendre) et vous ramenez l'homme à la barbarie en désignant des boucs émissaires qui vous offrent de vous présenter en victime quand on n'est pas d'accord avec vous.
Être libraire, c'est être passeur de mots, passeur de phrases, passeur de vie.
Aujourd'hui, le gris plombe le paysage. Un conte de fée à l'envers. Même les feuilles rousses font triste mine et les mésanges sont cachées pour éviter la déprime du ciel.
Mademoiselle Laurent nous enseignait la littérature de cette manière-là: elle mélangeait classiques, polars et romans jeunesse pour nous montrer qu'il ne faut pas créer des cloisons entre les genres, que la littérature, c'est avant tout la vie qui se déploie sur des pages blanches et qu'il ne faut pas placer les auteurs dans des tiroirs qui les enferment.
Le soleil du matin, humide encore d'un souvenir d'aurore, glissé sur son visage et y dessine des chemins de lumière. Elle est assise derrière le comptoir, sur une chaise haute ; ses cheveux sombres, mi-longs, glissent sur ses joues, elle est légèrement penchée vers l'avant, vers ce livre qu'elle tient de la main gauche et dont chaque ligne lui semble indispensable.
Elle a conçu sa librairie comme un lieu de vie où les marins lecteurs prennent plaisir à faire escale. Malgré le flot des nouveautés qui submergent le métier, elle s'oblige à laisser à ses clients de l'espace où déambuler et, dans un coin, elle a installé deux chaises de jardin et une petite table sur laquelle, chaque semaine, elle dépose ses coups de cur. Les gens vont là pour savoir ce qu'elle a lu, ce qui l' a émue et, pour certains, c'est le premier endroit où ils font une pause après lui avoir dit bonjour. Nombreux sont celles et ceux qui en venant chez elle, sont en recherche de repères ; ils savent que, dans un livre, ils découvriront une question essentielle ou une réponse attendue. Ça fait presque dix ans qu'elle a acheté le fonds, dix ans qu'elle cherche chaque jour comment mettre en valeur ces auteurs qu'elle admire et leurs mots qui la font vivre