Clarisse Gardet

"La méditation ne consiste pas seulement à prendre la posture assise. Il s'agit de faire une pause en étant présent. C'est tout. Le plus souvent, nous passons notre temps à courir dans tous les sens. Êtes-vous capable d'arrêter votre vie, même pour un seul instant ?"

Jon Kabat-Zinn, Où tu vas, tu es, éditions J'ai lu, 2005.

Une pratique formelle régulière transforme la qualité d'attention et change le regard porté sur soi-même et sur le monde. Elle donne des moyens concrets pour traverser les expériences difficiles, comme celle de la maladie, avec une attitude méditative.

La respiration doit être abordée et maniée avec tact et délicatesse. L'existence d'un être humain s'inscrit entre un premier et un dernier souffle. Même réduite, même difficile, la respiration est toujours présente, toujours en mouvement, intrinsèquement reliée au fait d'être en vie. Son rythme, sa cadence, son amplitude évoluent à chaque instant, s'accordant à nos fluctuations physiques et émotionnelles. Elle nous met en relation avec notre être profond.

La douleur est un phénomène difficile à cerner, à quantifier et à qualifier.
Elle est avant tout un symptôme qui joue le rôle essentiel de signe d'alerte, mais les conséquences qui en découlent pèsent sur la qualité de vie : troubles de l'humeur, du sommeil, impacts sur la vie professionnelle, familiale, amicale.
La douleur chronique ou rebelle, quelles que soient ses manifestations ou son intensité, altère les capacités fonctionnelles et relationnelles.

Grâce aux recherches menées dans ce domaine particulièrement avec l'imagerie par résonance magnétique (IRM), il existe des preuves certaines que les émotions, la mémoire, les attentes jouent un rôle sur la douleur, modifiant sa perception en l'augmentant ou en la réduisant.

La maladie fait partie de ces expériences initiatiques qui opèrent une profonde métamorphose, aboutissement d'une succession de passages éprouvants, de défis, de concessions ; mais aussi de rencontres, de découvertes fécondes, de moments inédits, de satisfactions.

L'idée de solitude est souvent perçue négativement. Pourtant, l'aptitude à être seul.e est une ressource indispensable pour accueillir et assimiler les épreuves.

En cas de stress, la tendance naturelle de l'organisme vise à réduire les tensions et à rétablir l'équilibre.
Mais certaines circonstances - anxiété, douleurs - entraînent une augmentation constante des crispations, tant musculaires que psychiques. Celles-ci finissent par s'installer et résistent à ce processus naturel et salutaire d'adaptation.
La relaxation devient alors indispensable, non seulement comme un moyen de détente, mais aussi comme "tentative de rééducation ou d'éducation d'économie des forces nerveuses et physiques mises en jeu par l'activité générale de l'individu*".
Un entraînement régulier augmente l'aptitude à se relaxer plus vite et plus profondément et le pouvoir de régénération d'une relaxation profonde explique que certains disent qu'elle équivaut à plusieurs heures de sommeil.

* Robert Durand de Bousingen, La Relaxation, PUF, 1971.

Toute la sémantique médicale renvoie à une quête de performance dans un esprit de compétition.

Vouloir comprendre [l'origine d'une maladie] est une manière de reprendre le contrôle, qui peut conduire à des explications qui relèvent plus de la croyance que d'un fondement scientifique avéré.

Si méditer apprend à mieux connaître et exprimer ses émotions, à s'ancrer dans le présent et à trouver les ressources appropriées à ses besoins, ne serait-ce pas là une pratique à adopter, malade ou bien portant, afin de mieux vivre sa vie ?

De manière générale, lorsque nous sommes confrontés à la douleur, la méditation apprend à nous familiariser avec nos réactions émotionnelles. Elle aiguise le discernement de nos perceptions et sensations afin d'en diminuer la souffrance associée. Comme l'action d'un soufflet sur une braise, la respiration au cours d'une séance de méditation va petit à petit nous aider à raviver notre élan de vie, et à porter un autre regard sur nous-même et notre relation à l'autre.

La méditation est un processus d'entrainement, et cet entrainement est le but autant que le chemin.